Êðèãåð Áîðèñ Þðüåâè÷
Les Jois du bon sen

Lib.ru/Ñîâðåìåííàÿ: [Ðåãèñòðàöèÿ] [Íàéòè] [Ðåéòèíãè] [Îáñóæäåíèÿ] [Íîâèíêè] [Ïîìîùü]
  • Îñòàâèòü êîììåíòàðèé
  • © Copyright Êðèãåð Áîðèñ Þðüåâè÷ (krigerbruce@gmail.com)
  • Ðàçìåùåí: 27/09/2008, èçìåíåí: 17/02/2009. 199k. Ñòàòèñòèêà.
  • Î÷åðê: Ïðîçà
  • Êíèãè íà èíîñòðàííûõ ÿçûêàõ
  • Ñêà÷àòü FB2
  •  Âàøà îöåíêà:

    Bernard Kriger

    Llumina Press

      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
      
       No 2007 Bernard (Boris) Kriger
      
       Joseph Ouaknine, Julie Locke, David Mills, Èditions
       Ira Golub, illustrations
      
      
      
       Tous droits rÈservÈs. Aucune partie de cette publication ne peut Étre reproduite ou transmise sous aucune forme ou par aucun moyen Èlectronique ou mÈcanique, y compris la photocopie, l'enregistrement, ou aucun systÕme de stockage et de rÈcupÈration de l'information, sans permission par Ècrit du propriÈtaire du copyright et de l'Èditeur.
      
      
       Les demandes permission de tirer des copies de n'importe quelle partie de ce travail doivent Étre expÈdiÈes au dÈpartement des permissions, Llumina Press, PO Box 772246, Coral Springs, FL 33077-2246
      
      
      
      
      
       ImprimÈ aux USA par Llumina Press
      
       PCN
      
      
      
      

    PrÈface

      
      
       C
       herchez Þ mÈditer autant que vous voudrez sur l'Ècoulement d'un nouveau jour, rien ne changera. Vous en serez d'autant plus frustrÈ que vous serez prisonnier de votre humeur, de la lente Èrosion de vos pensÈes et des obscures raisons qui rÈgissent l'univers ; rien ne changera jamais, prÈcisÈment comme l'a prÈdit le roi Salomon.
       Ce serait d'ailleurs remarquable s'il Ètait possible de tirer profit de l'expÈrience des longs chemins de l'oublie, de leurs nuances et de leur grÁce. Il ne s'agit bien sØr pas d'en tirer des images aussi plates que des films, mais bien un monde rÈel dans toute sa splendeur, avec des vues, des bruits, du goØt et de l'odeur, et le sens du temps. Quel temps ? N'importe lequel ; peu importe ! Par exemple comment Ètaient colorÈs les vÉtements aux temps mÈdiÈvaux ? Il est difficile d'imaginer sereinement un ciel ordinaire, passablement nuageux Èvoluant lentement au-dessus des chÁteaux forts de l'Èpoque emplis des sons de mots oubliÈs. èvidemment, quand un combat est Þ son apogÈe, le sang est rouge, les ÈpÈes sont pointues et la mort est rÈelle. Malheureusement, les problÕmes de l'Europe mÈdiÈvale sont encore de la politique contemporaine et ne font encore partie de l'histoire. Cette rÈalitÈ persistante est sÈrieuse et douloureuse. Quelque part dans une Èpaisse forÉt des amoureux s'embrassent et leur sentiments sont les mÉmes que dans nos temps modernes, temps qui n'ont pas perdu leur romance en dÈpit de l'avÕnement de l'Õre Èlectronique. L'imagination est une excellente planque pour les poÕtes, les philosophes et autres aliÈnÈs.
       Il est grand temps de se plonger au temps de Socrate et d'Ècouter combien la mÈlodie de l'ancien langage grec semble si orientale Þ nos oreilles bien qu'il soit accommodÈ de nombreux mots modernes. Regardez ce large front de Platon qui lui a donnÈ son nom. RÈalisez-vous que ces gens ont rÈellement existÈ ? Ils se sont dÈplacÈs, ont vÈcu, respirÈ, parlÈ, et Ètaient une routine intÈgrale de leur rÈalitÈ malgrÈ le fait qu'au travers de leurs couleurs, ils Ètaient probablement ennuyeux. C'est terminÈ : personne n'assombrira plus le ciel d'AthÕnes, mÉme si cette voie lactÈe garde toujours le premier rÒle de mon arriÕre-cour, chaque nuit depuis 2500 ans, Þ la mÉme position, comme elle Ètait au-dessus des colonnes antiques, tout juste construits et fraÍchement peints.
       Quand vous regardez le ciel, il est le mÉme qu'il Ètait au moyen-Áge, au temps de l'ancienne GrÕce et mÉme des civilisations disparues ou inconnues, mÉme si l'imagination peut nous aider Þ faire revivre l'odeur de leur vin, le goØt de leur pain et la force de leurs taureaux.
       Un jour, notre rÈalitÈ sera la mÉme danse pÁle d'une autre imagination, notre histoire et son importance relÈguÈe suivant leurs intÈrÉts. Parfois, je sens que je respire l'air de ces temps oubliÈs, que je lis leurs pensÈes, que je dÈcouvre leurs Èmotions et leurs rÉves comme s'ils Ètaient miens. Je sens que je suis une part principale de leur passÈ ou de leur futur Þ dÈvoiler. Je me sens comme si j'Ètais prÉt Þ commencer la journÈe de cette patrie oubliÈe et qui portent le nom de “Les joies du bon sens”.
      
      
      

    RÈmission comme libre choix

      
      
       Q
       ue nous l'aimions ou pas, notre vie est remplie de conflits Èvidents et cachÈs qui sont habituellement provoquÈs par des dÈsaccords entre de vrais intÈrÉts et des raisons imaginaires. La vie elle-mÉme commence par un conflit : le premier cri d'un bÈbÈ, quand son visage prÈsente une grimace de la souffrance et de la protestation contre la force qui le pousse dehors ; c'est une excellente illustration de ce premier conflit de nos vies. Toutes les Ètapes de nos vies : notre jeunesse, nos annÈes d'adulte, et mÉme nos annÈes de vieillesse, nous les dÈpensons en conflits. Nos luttes sont Èternelles et demeurent nos compagnes les plus proches dans toute notre existence ; ainsi n'importe quel individu mØr est un combattant expÈrimentÈ, alors que ses adversaires principaux sont ses collÕgues et ceux qu'il aime pour la plupart.
       Le cycle de la lute inclut un Èchange constant de nombreux coups jusqu'Þ ce que le destin sÈpare les adversaires, puis que ces derniers trouvent de nombreux autres combattants. Parfois, les gens rÈussissent Þ se dÈtruire de faÃon plus efficace ; par exemple, ils peuvent s'entretuer. Mais ici nous ne nous intÈresserons pas Þ de tels cas extrÉmes. Le principal sujet qui nous interpelle concerne les conflits mineurs qui gouvernent notre vie entiÕre.
       Les gens ne se disputent pas uniquement avec d'autres gens, mais aussi avec des objets inanimÈs ; par exemple, quand nous recevons un coup avec une chaise ou une table, nous pouvons rÈagir de maniÕre assez similaire, voire plus virulente, en maudissant et menaÃant et mÉme en rendant coup pour coup. þ une Ètape plus avancÈe de notre obsession, nous parlons aux objets inanimÈs ; nous pouvons les supplier, voire les maudire. La plupart du temps, cela se produit quand nous communiquons avec notre ordinateur. Il n'est pas rare d'entendre : Allez ! Me faire Ãa, Þ moi ! Nous nous adressons vraiment Þ lui de cette maniÕre, surtout quand il est plantÈ !
       Une fois, alors que je rageais contre mon ordinateur, j'ai mÉme crachÈ sur l'Ècran, c'est pourquoi je garde toujours une boÍte de kleenex Þ portÈe de main. Parfois nous devisons avec notre ordinateur et la majeure partie du temps, ils gagnent. Cela est dØ au fait qu'ils n'ont pas d'Èmotion, et avoir des Èmotions n'est pas un gage de victoire. Pourtant, habituellement, Étre passionnÈ peut aider, car la passion n'est pas vide d'Èmotion. La passion est la pure Ènergie de notre Áme.
       Souvent nous avons des conflits avec des objets animÈs, comme des animaux de compagnie et mÉme des moustiques. Les moustiques sont les seuls animaux que nous sommes prÉts Þ tuer quotidiennement. èvidemment, nous mangeons du bœuf et des poulets abattus chaque jour, mais nous sommes indirectement liÈs Þ ce massacre quotidien. Dans le cas des moustiques, nous sommes des assassins actifs, mais il s'agit de lÈgitime dÈfense et de sauvegarde de notre patrimoine sanguin.
       Regardez tous les conflits que nous avons avec Dieu, la destinÈe, ou tout autre ÈlÈment comme la puissance que nous appelons " force supÈrieur qui rÈgit nos vies ". Nous combattons les lois de la nature, et plus particuliÕrement la force de gravitÈ ; quand quelque chose tombe par terre, nous jurons : " Saloperie de pesanteur ! " et ce n'est pas une blague. En parlant ainsi, nous sommes en conflit ouvert avec l'univers, sans lequel rien ne peut exister. Nous combattons la pesanteur en nous demandant pourquoi nous ne pouvons pas voler comme des oiseaux ; et ne l'avons pas fait en rÉvant ? Avec l'avÕnement du vol humain, nous avons conquis les lois de la physique pour assouvir nos rÉves.
      
       Nous combattons Ègalement la tempÈrature. Nous sommes des ÈlÈments pondÈrÈs, c'est pourquoi nous ne supportons pas les extrÈmitÈs de tempÈrature propagÈes inconsidÈrÈment sur une Èchelle ouverte. Mais surtout, nous dÈtestons la mort et nous la combattons Þ vie jusqu'Þ en devenir fou. Dans le long et ennuyeux processus de l'Èvolution - depuis la plus petite et primitive cellule organique jusqu'Þ la forme la plus ÈlaborÈe et esthÈtiquement parfaite comme Claudia Schiffer - la nature nous a enseignÈ par un long apprentissage mÈmoriel du subconscient que la mort Ètait nÈfaste et que nous devions combattre cet ennemi jurÈ coØte que coØte toute notre vie pour l'empÉcher de nuire.
       Le processus du combat consomme une part importante de notre Ènergie que nous perdons par une sÈrie d'offensives et de dÈfenses, agressions et retraits, des “brides et des flÕches” de l'outrageuse fortune que William Shakespeare a si ÈlÈgamment ÈlucidÈ pour nous. Ce combat Ètait vital dÕs le dÈbut de notre Èvolution humaine, car refuser de combattre signifie une mort inÈluctable. Il a d'ailleurs souvent ÈtÈ prouvÈ que dans notre sociÈtÈ moderne, le refus de combattre, mÉme si cela n'Ètait pas nÈcessaire, constituait une menace de mort. Heureusement, notre culture occidentale ne tue pas les perdants, ce qui est une bonne chose, car beaucoup de prÈtendus " perdants " qui ont refusÈ de combattre pour des valeur illusoires de notre sociÈtÈ moderne - comme la carriÕre, la richesse et la puissance - ont l'opportunitÈ d'utiliser leur Ènergie pour une paisible observation de notre monde, notre univers, et notre espace vital. Ces " perdants " sont des philosophes. Je ne veux pas dire que les combattants utilisent les voies de l'universitÈ pour obtenir un degrÈ ÈlevÈ en philosophie ; Je veux simplement parler de gens qui ont choisi comme style de vie une profonde observation et une maniÕre de dÈpenser leur temps et leur attention.
       C'est la vraie libertÈ de choix : refuser de prendre part Þ un conflit et juste pardonner le contrevenant, qui que ce soit ou quoi que ce soit : une table par laquelle vous avez ÈtÈ frappÈ, votre voisin qui vous a volÈ quelque chose, ou votre ami qui vous a trahi pour la milliÕme fois. La rÈmission de l'ennemi est la meilleure maniÕre d'Èconomiser votre Ènergie pour une meilleure cause. Le combat et la haine qui sont toujours impliquÈs dans n'importe quelle lutte sont trÕs destructifs pour les deux parties concernÈes. Ils ont blessÈ votre esprit et notre esprit ; ils nous distraient des questions vraiment dignes que devrait explorer la pensÈe. D'ailleurs, une vie entiÕre de conflits pourrait Étre considÈrÈe comme irrationnelle, car dans le monde moderne, vous ne pouvez pas vraiment rÈgner en dÈtruisant votre adversaire ; vous ne pouvez pas tuer votre voisin sans souffrir de sÈvÕres consÈquences, ni tuer votre ami qui Þ le mÈrite de le trahir pour vous Þ maintes reprises. Par consÈquent, quelle que soit la maniÕre forte que vous utilisez au combat, vous serez toujours insatisfait du rÈsultat, mÉme en cas de victoire ultime, car la sociÈtÈ moderne n'autorise pas qu'un conflit dÈgÈnÕre naturellement jusqu'au point de rÈsolution - ce qui reprÈsente la mort ou la destruction de l'ennemi. Dans le monde d'aujourd'hui il n'y a aucune maniÕre de dÈtruire un ennemi sans s'autodÈtruire. La mort dont je parle n'est pas seulement physique, elle est mÉme plutÒt spirituelle et morale.
      
       Afin de s'accrÈditer de notre vraie libertÈ de choix, nous sommes obligÈs de considÈrer la rÈmission de nos ennemis et adversaire, parce que celui qui pardonne toujours quelqu'un a toujours le choix de pardonner ou non. Celui qui est pardonnÈ, mais continue de combattre, est juste l'objet d'une agressivitÈ malsaine et il perd sa libertÈ de choix, car il sera toujours la base rÈgÈnÈratrice d'un conflit. Comme Sun Tzu disait :
       “Il n'y a pas plus grand malheur que de sous-estimer votre ennemi, ce qui revient Þ penser qu'il est mauvais. Ainsi vous dÈtruisez vos trois trÈsors et devenez un ennemi de vous-mÉme. Quand deux grandes forces s'opposent, la victoire ira Þ celui qui sait rapporter.”
       Dans la contemplation et l'introspection, nous nous permettons d'acquÈrir la libertÈ de choix, parce que nous ne sommes plus hermÈtiques sur un cycle de haine et de destruction. Par ces positions philosophiques ÈclairÈes, nous pouvons poursuivre notre route de maniÕre plus raisonnable et nous affranchir de lignes de conduite moralement appropriÈes, chose que chacun de nous devraient toujours chercher Þ faire.
      
      
      

    LibertÈ de crainte
    contre crainte de libe
    r

      
      
       S
       uis-je libre ? Je ne le pense pas. La libertÈ n'est pas seulement l'occasion potentielle de quelque chose qu'on a le choix de ne pas faire, car souvent les actions humaines s'affirment sur des instincts primaires comme la crainte.
       D'ailleurs, la plupart des choses que l'on fait sont affranchies de crainte. Bien sØr, n'entre pas en jeu que la crainte, il y a aussi l'amour et autres passions, bien que la crainte attend patiemment le moment opportun pour motiver une action.
       Je peux justifier de cela en analysant simplement le fait qu'en rÈalitÈ la crainte est un facteur majeur qui survit et traverse les gÈnÈrations dans l'ensemble de l'Èvolution biologique par une sÈlection naturelle. Les organismes qui ont le plus l'expÈrience de la crainte sont plus prudents et ils dÈfient leur environnement par des actions et des opÈrations en tenant compte des dangers vitaux. Dans leur aversion, ils soutiennent leur ligne de vie ou mieux, ils contribuent Þ la sauvegarde du patrimoine gÈnÈtique pour les gÈnÈrations futures, et ils augmentent finalement leur forme physique darwinienne (transmission des gÕnes Þ la gÈnÈration suivante). Nous pouvons assurer que l'expÈrience de la crainte est le rÈsultat d'une lente Èvolution trÕs prolongÈe. Dans son livre “La sociÈtÈ de la peur”, Christophe Lambert argue que la sociÈtÈ moderne est basÈe sur la crainte. Il est possible que cette crainte soit due Þ des pertes financiÕres, au chÒmage, ou Þ l'impossibilitÈ d'entretenir sa famille, mais cela inclut aussi la crainte de la solitude, de la vieillesse, de la maladie, et bien sØr, la crainte de la mort. Lambert fait un dur bilan de la sociÈtÈ moderne, expliquant qu'elle provoque la plupart des craintes en imposant des valeurs concurrentielles et en rehaussant l'intensitÈ de la vie. Un de ses soucis principaux est la tÈlÈvision, qu'il appelle " Le nouvel opium du peuple ". Au dÈbut ce nouveau fait de sociÈtÈ partait d'un bon sentiment. Ce dispositif Ètait une extension des idÈes, un nouveau mode de connaissance trÕs positif du dÈbut des annÈes 50. L'Èlargissement des points de vue et la connaissance pour la couche populaire sur les autres nations et les ÈvÈnements dans le monde ; mais avec le temps, c'est devenu une sorte de manipulation et il Ètait difficile pour les tÈlÈspectateurs de faire la part des choses entre la vÈritÈ et les dramatisations. Lambert mentionne que notre sociÈtÈ au dÈbut du vingt et uniÕme siÕcle se rappelle encore des consÈquences des tentatives d'accomplir les idÈaux utopiques des quelques grands penseurs du vingtiÕme siÕcle : Nietzsche, Marx, et Freud.
       Nietzsche a continuÈ d'explorer le sujet sur l'existence de Dieu, et a donc fini le travail des philosophes de l'Èclaircissement et de la rÈvolution franÃaise. En dÈclarant que Dieu est mort, il a entamÈ une profonde rupture avec la croyance de la pleine puissance divine. Il a aussi crÈÈ le concept du “super homme” qui a ÈtÈ la base des idÈaux nazis pour amÈliorer la race humaine.
       Karl Marx a crÈÈ une Èconomie utopique, une thÈorie critique de la vielle branche capitaliste du dix-neuviÕme siÕcle, mais il a Ègalement fait de fausses prÈvisions sur le futur dÈveloppement de la lutte des classes, ce qui a finalement crÈÈ une base pour de nombreux Ètats communistes. Cela a presque menÈ Þ une guerre nuclÈaire globale et Þ une extinction complÕte de l'espÕce humaine.
       Sigmund Freud, probablement le plus innocent des trois, a dÈveloppÈ la thÈorie du subconscient, arguant que la majeure partie des motivations des gens Ètait basÈe sur l'agression et la libido. Cela a menÈ Þ une sÈrie de rÈvolutions sexuelles tout au long des dÈcennies 20, 50, 70, et 80 du vingtiÕme siÕcle. Plus chanceux, Freud n'a pas crÈÈ de grands dommages Þ l'Èchelle globale et en a ÈtÈ quitte pour une sÈrie de succÕs en dÈveloppant les thÈories psychanalytiques. Mais nous ne pouvons ignorer que ses idÈes ont eu une certaine influence sur le taux de divorces et ont compromis la stabilitÈ des institutions familiales en diminuant la valeur des relations humaines, rÈduisant le niveau du “libido-agression”.
      
       Christophe Lambert, de nouveau, Èvoque les statistiques du taux de divorce en France, qui ont accru de 400 % les quarante derniÕres annÈes. Selon d'autres statistiques, un mariage sur trois aux ètats-Unis finit par un divorce. La solitude, l'absence du support familial, la confusion religieuse, les rapports sexuels indÈfinis et les mÈdias frustrants et effrayants ont contribuÈ Þ l'Èlaboration du portrait complet de nos craintes.
       Comment est-il possible de ne plus rien craindre ? La seule maniÕre que je peux voir, c'est de combattre les facteurs qui engendrent la crainte, ceux que nous avons analysÈs ci-dessus. Afin de combattre la solitude, nous devons apprendre Þ construire une relation mutuelle et ne pas attendre plus que l'autre partie ne peut donner (tel que Lambert l'a expliquÈ). Internet sÈpare les gens plutÒt que de les rapprocher, car il Èlimine les contacts personnels. Personnellement, je ne peux pas Étre d'accord sur ce point de vue, car aujourd'hui Internet permet les tÈlÈcommunications vidÈo et il intensifie la socialisation, en dÈpit des distances importantes de part le monde. Ainsi je disais que nous devons fÈliciter Internet qui est un mÈdia merveilleux pour construire de belles relations humaines et faire des rencontres amicales. Un vÈritable boulevard est crÈÈ sur la toile pour faire des rencontres professionnelles avec des collÕgues ou des Ètrangers, qui autrement n'auraient pas ÈtÈ possibles. Nous devons aussi admettre qu'Internet est un moyen sØr de se rencontrer ; en effet on n'aura jamais vu un assassin en puissance devenir un criminel virtuel... Quoique !
      
       Nous ne pouvons minimiser l'importance les besoins basiques de chaque individu d'avoir une sorte de croyance qui peut, ou pas, Étre basÈe sur des conventions religieuses. Peu importe si un individu choisit d'Étre croyant ou athÈe, ce qui est trÕs important est de construire un systÕme de croyance qui rendra la vie plus agrÈable et stabilisÈe.
       Lambert a aussi arguÈ que la principale occupation de l'Étre humain dans la sociÈtÈ moderne Ètait la consommation. Les sexes-symboles sont devenus une commoditÈ plus importante que l'huile, le blÈ et le sucre. De la mÉme maniÕre qu'une consommation excessive de sucre n'est pas bonne pour la santÈ et peut causer le diabÕte, une consommation excessive de sexes-symboles n'est pas bonne pour l'Áme ou la famille et fait Èventuellement parvenir Þ l'isolation et la solitude. Alain Delon, le fameux acteur franÃais qui a fait chavirer les cœurs des femmes de part le monde pendant presque un demi-siÕcle, passe dÈsormais sa vie en solitaire en plaisante compagnie de ses trois chiens et un chat, comme l'a assurÈ le magazine “Paris Match” Þ ses lecteurs. Quand on lui a posÈ la question lors d'une interview, pourquoi il n'Ètait pas heureux et vivait seul, il a rÈpondu : “Je n'ai pas ÈtÈ programmÈ pour le bonheur. J'ai ÈtÈ programmÈ pour le succÕs.” Ses deux choses ne viennent pas toujours de pair. Par consÈquent, le monde commence Þ virer de bord Þ l'approche des annÈes et 70 et 80, des valeurs dÈmodÈes de la famille que nous pouvons choisir d'adopter pour obtenir la libertÈ de craindre la solitude et l'isolation.
       Il est important de restaurer les valeurs dÈmodÈes de la famille qui ont ÈtÈ dÈtruites dans la marche en avant de l'industrialisation et la post-industrialisation. L'Èmancipation, qui a accordÈ l'ÈgalitÈ des droits aux deux sexes, a aussi un mauvais cÒtÈ, car elle a privÈ les femmes de leurs privilÕges en tant que sexe faible et qu'elles aimeraient bien restaurer. Dans l'Õre de l'Èmancipation totale, la sociÈtÈ a failli dans l'Èducation et la protection des enfants en n'offrant pas le niveau appropriÈ qui aurait dØ Étre fourni activement par les parents. Il est donc nÈcessaire de construire des relations familiales fortes en utilisant des compromis et en exprimant un intÈrÉt sincÕre aux problÕmes et aux croyances de vos Étres chers. Cela peut au moins nous procurer l'espoir de ne pas nous retrouver seul et isolÈ au crÈpuscule de notre vie.
       Je crois qu'en limitant l'exposition aux mÈdias, nous pouvons substantiellement rÈduire notre niveau de crainte et d'anxiÈtÈ. Nous ne rÈalisons pas combien est forte l'influence des images que nous voyons Þ la tÈlÈvision. Une jeune femme qui rÈside dans un tout petit village de la France profonde Ètait interviewÈe sur TF1 et elle expliquait qu'elle Ètait trÕs angoissÈe. Quand on lui a demandÈ pourquoi, elle a dÈclarÈ : “Avec tout ce que l'on voit Þ la tÈlÈ on a des raisons d'avoir peur”. Si la tÈlÈvision a un impacte aussi nÈgatif dans la vie des modestes habitants de villages aussi reculÈs, que pouvons-nous attendre de la frÈnÈsie des gens habitant nos modernes et grandes villes ?
       La protection contre l'exposition excessive des medias pourrait rÈduire notre surconsommation, et donc nous protÈger des obsessions contre la hantise de la consommation comme point central de nos vies. En abandonnant la consommation comme mode de vie, nous serons surpris de rÈaliser combien peu de choses sont vraiment nÈcessaires pour supporter notre existence.
       Quand nous parvenons Þ vivre dans une totale insouciance, nous devons tout de mÉme trouver le moyen de surmonter nos craintes, car il n'y a rien de plus angoissant que nos propres craintes. La seule question qui reste en suspend est : sommes-nous prÉts Þ affronter la possibilitÈ d'une existence libre ?
      
      
      

    Nature humaine ou
    alchimie de nos cerveaux ?

      
      
       D
       epuis l'avÕnement des philosophes, bon nombre de gens du commun des mortels avaient spÈculÈ sur la nature humaine. Chaque gÈnÈration a rÈussi une autre approche avec de nouveaux arguments, car chaque gÈnÈration apporte de nouvelles idÈes et spÈculations pour accorder plus de crÈdit et de comprÈhension Þ nos lois, Þ la moralitÈ, et Þ l'implication dans la sociÈtÈ. Par exemple, une citation trÕs connue de John Stuart Mill : “Il est prÈfÈrable d'Étre un humain insatisfait qu'un porc satisfait ; il vaut mieux Étre un Socrate mÈcontent qu'un fou heureux, et si le fou et le porc ont des opinions diffÈrentes, c'est parce qu'ils connaissent uniquement leur propre point de vue sur la question. L'autre partie de la comparaison connait les deux cÒtÈs.”
       Nous pouvons continuer une longue liste de dilemmes similaires, comme : “Il est prÈfÈrable d'Étre honnÉte et affamÈ que malhonnÉte et rassasiÈ,” ou “Il est prÈfÈrable d'Étre une pauvre personne convenable qu'un riche escroc.” Mais le problÕme c'est qu'il vaut Èvidement mieux Étre un philosophe satisfait qui peut profiter des deux cÒtÈs de la vie, et il est prÈfÈrable d'Étre honnÉte et rassasiÈ, riche et convenable. Il pourrait Étre fallacieux que les catÈgories mentionnÈes ci-dessus soient exclusives.
       MÉme si nous comprenons le point que Mill a essayÈ de faire, il est prÈfÈrable de vivre une vie haute en spiritualitÈ intellectuelle mÉme si le rÈsultat est inconfortable ou dÈsagrÈable, mais cette affirmation n'est pas une certitude absolue. Le truisme moral et l'acceptation spirituelle ne signifie pas toujours le malaise et les difficultÈs. Ces vertus, mis Þ part leur propre positivisme, portent le fruit non seulement du plaisir Èthique mais aussi de la transparence financiÕre.
       Il est dans les vieilles habitudes, une pratique trompeuse de dire qu'avec une pleine connaissance, avec tout le respect dØ au Roi Salomon, dont le rapport dans le yeda rav, tcar rav (la grande connaissance, grande peine) est un peu pÈrimÈ.
       þ prÈsent nous savons que notre humeur et la sensation de satisfaction sont ultimement rÈgulÈes par l'alchimie de notre cerveau. La plupart des philosophes et grands penseurs du passÈ ont fait beaucoup d'effort pour tenter de dÈcouvrir pourquoi leurs Ècrits avaient causÈ de graves dÈpressions. Les fous et les porcs n'ont bien sØr pas observÈ les mÉmes expÈriences et sont restÈs Þ l'abri des pressions, heureux et plus satisfaits.
       Nous ne pouvons convenir que la nature porte elle-mÉme sur ses Èpaules la connaissance de l'ancienne malÈdiction du malheur et de l'insatisfaction. Les mÈthodes modernes de traiter la dÈpression montrent que la connaissance elle-mÉme n'est pas la cause de la dÈpression ; la cause de la dÈpression est le stress qui apparait comme le rÈsultat d'une pensÈe intense et le besoin d'analyser des concepts compliquÈs. Avec la correction pharmaceutique appropriÈe on peut Èliminer les effets indÈsirables, permettant le plaisir du savoir, pour qu'il soit plus intense en gratifiant des petits plaisirs terrestres. En outre, la satisfaction que la philosophie peut donner aux Étres humains a comme consÈquence un bonheur plus profond que tout ce que l'ignorance ou un bonheur illusoire peut offrir comme rÈsultat d'une existence “grossiÕre et idiote”.
       Examinons la nature humaine en ce qui concerne le concept prÈsentÈ plus haut. Chaque chose que nous pouvons observer, rÈaliser et sentir est aussi subjective que les dÈfinitions du bien et du mal. Ces dÈfinitions sont seulement des critÕres qui peuvent Étre Ètablis par comparaison de ces deux termes, avec un degrÈ de certitude suffisant qu'ils soient des valeurs opposÈes. Habituellement, nous pouvons analyser le bien et le mal par paire, oÛ de chaque cÒtÈ d'une mÉme action on retrouve une part de bon et une part de mauvais. Il est rare de ne percevoir qu'un cÒtÈ dans une action qu'elle soit bonne ou mauvaise. Quand un cÒtÈ d'une action tire un bÈnÈfice, il est Èvident que l'autre cÒtÈ en tire des dommages, des destructions, oÛ toute sortes d'effets secondaires et nÈgatifs. Nous ne pouvons Ètablir une dÈfinition universelle du bien et du mal, mais dans les toutes premiÕres pages de ce livre, nous essayons au moins de dÈterminer une idÈologie concrÕte.
       Nous devons faire une remarque importante, car habituellement des discutions comme celle-ci peuvent avoir des consÈquences nÈfastes, car tirer la conclusion qu'il n'y a rien de bon sans le mal, dans certaines circonstances, peut justifier des actions nÈgatives, arguant qu'il n'y a pas d'action possible qui pourrait Étre faite sans causer des dommages collatÈraux de part et d'autre. Afin de prÈvenir l'Èlaboration de telles conclusions, nous devons dÈterminer quelles sortes d'objets peuvent rÈcolter avec respect les termes du bien et du mal. Par exemple : nous ne pouvons dire en apprÈciant un coucher de soleil qu'il y a un cÒtÈ nÈfaste dans cette action puisque le soleil perd de l'Ènergie et qu'il se rapproche inexorablement de la fin de son existence dans l'univers. Cet exemple dÈmontre que nous ne pouvons pas opÈrer avec les termes du bien et du mal quand nous traitons d'objets inanimÈs, ce qui est vrai sauf si les consÈquences de ces actions peuvent affecter d'autres objets vivants. Par exemple, notre impact sur le climat global ne peut pas Étre perÃu comme mauvais pour la planÕte ou son atmosphÕre car les deux sont des objets inanimÈs, mais le rÈsultat nÈgatif pourrait affecter d'autres objets qui seraient victimes d'un tel impact. Nous devons alors statuer que ces dÈfinitions du bien et du mal ont une signification seulement quand les actions ou les ÈvÈnements ont un lien direct ou indirect avec des objets vivants. Par consÈquent, nous avons divisÈ la nature en deux parts inÈgales, une qui englobe la totalitÈ des objets inanimÈs dans l'univers et la seconde qui inclut une toute petite partie des objets que nous dÈterminons comme `vivants'.
       Il est Ègalement Èvident que parmi les objets vivants, nous pouvons faire la distinction entre le bien et le mal seulement en respectant le niveau de l'Èvolution et du dÈveloppement de certaines espÕces. Nous ne pouvons pas dire que se laver les mains avec du savon, ce qui est bon pour nous, cause des dommages dÈvastateurs aux microbes qui grouillent sur notre peau, et que c'est un acte mauvais contre les microbes. NÈanmoins, nous arrivons Þ la conclusion que notre comprÈhension du bien et du mal est applicable seulement sur une petite fraction d'objets vivants qui appartiennent Þ notre espÕce ou sont habituellement assimilÈ Þ la nÒtre. Pour illustrer ce fait, nous pouvons dire qu'il est absolument mauvais de tuer un chat, mais qu'il n'y a rien de mauvais Þ tuer des microbes ou des parasites. Bien sØr, ce principe est vrai si cela ne cause pas d'effet indÈsirable aux autres espÕces vivantes, de ce type qui alimente ou bÈnÈficie Þ l'existence des “mauvaises” espÕces.
       Nous mettons le doigt alors sur un cÒtÈ plus obscur qui traite le bien et le mal de la sociÈtÈ humaine. Le philosophe Emmanuel Kant a Ècrit en rÈfÈrence Þ sa morale intÈrieure, qu'elle le fascinait autant que le ciel ÈtoilÈ au-dessus de sa tÉte, mais la morale de Kant pourrait Étre considÈrÈe comme immorale pour quelques tribus indigÕnes dans les jungles sud-amÈricaines. Il n'y a aucune loi morale au monde qui pourrait Étre adoptÈe par tous les humains en mÉme temps. Il est trÕs difficile de donner une dÈfinition de la morale qui soit la base de la nature humaine. Il est tout aussi dur de donner une dÈfinition qui pourrait Étre objectÈe selon la mÈthode socratique, ou qui trouverait toujours quelque chose qui n'est pas inclus dans la dÈfinition, et pourrait donc compromettre notre capacitÈ Þ dÈfinir le bon et le mauvais. Nous ne pouvons Ègalement pas employer l'approche de St. Augustine d'Hippo qui a dit, en rÈpondant Þ la question : “qu'est-ce que le temps ?” “Si personne ne me pose la question, je connais la rÈponse, mais si quelqu'un me la pose, je ne sais plus.” Voici donc deux approches qui ne peuvent pas nous aider Þ identifier ce qui est bien ou mal dans la nature humaine.
       Pourquoi est-ce si important d'identifier le bien et le mal ? Bien sØr, parfois nous admettons qu'il y ait des secteurs indÈfinis dans notre comprÈhension de la morale, (entre le blanc et le noir, il y a le gris), par lesquels nous acceptons l'ÈventualitÈ que les bonnes actions ou intentions aient un mauvais ou malicieux rÈsultat, et que des mauvaises actions puissent possÈder de bons ÈlÈments. NÈanmoins, la plupart du temps nous essayerons de dÈterminer si certains ÈvÈnements sont absolument bons ou mauvais. Est-ce une approche typiquement humaine ? Nous ne pouvons pas dire cela, car dans le monde animal nous pouvons trouver le mÉme principe de jugement. Par exemple, imaginez-vous en train de pÉcher. Quand vous mettez l'hameÃon dans l'eau, vous pouvez voir une multitude de petits poissons hÈsitant Þ mordre. C'est une vraie hÈsitation, comme on pourrait la voir chez des scientifiques en train de rÈsoudre une Ènigme. Comment est-il possible que dans des cerveaux aussi petits et froids, on puisse trouver le mÉme systÕme de jugement essayant de distinguer si c'est bon ou pas, bien ou mal, s'il faut mordre ou pas, s'il y a un danger pour la vie ? Cela veut dire que la loi morale d'Emmanuel Kant a ses contreparties par rapport Þ l'Èvolution biologique et qu'elle est capable de distinguer entre le bien et le mal telle une sÈlection naturelle et positive, car si le poisson n'est pas capable de faire ce jugement, il serait inÈvitablement mort sans chance aucune de reproduction.
       Naturellement, c'est plus compliquÈ quand nous avons affaire Þ la morale humaine, mais la diffÈrence n'est pas si importante qu'on aurait pu le croire. Pa exemple, le dÈvouement et l'altruisme, qui sont considÈrÈs comme des actes les plus reprÈsentatifs de la nature humaine, sont tout Þ fait dÈmontrÈs et documentÈs dans le comportement animal. Nous ne trouverons pas beaucoup d'animaux prÉts Þ mourir pour des idÈes comme quelques braves scientifiques ont ÈtÈ brØlÈs pour leurs croyances, mais nous trouverons encore de nombreux cas d'exemples d'animaux prÉts Þ se sacrifier pour protÈger leur progÈniture ou favoriser la survie de leur espÕce. Nous pouvons dire que le sacrifice animal est gouvernÈ par l'instinct qui est plus commun chez eux que dans une sociÈtÈ humaine, plus individualiste, oÛ les individus sont peu disposÈs Þ mettre en danger leurs vies pour une multitude de raisons.
       Le bien et le mal existent-il du point de vue de la nature ? Ces catÈgories sont-elles incluses dans la structure de l'univers ? L'explosion d'une supernova est-ce un acte bon ou mauvais ? Il est neutre, et ne peut Étre analysÈ par des humains que par rapport Þ des valeurs morales seulement en termes de rÈalisation des consÈquences.
       Le bien et le mal existent-il du point de vue de Dieu ? Peu importe la maniÕre dont nous dÈfinissons Dieu, nous choisissons toujours une dÈfinition compatible avec le bien et le mal, avec les outils de la punition et de la rÈcompense. Le ciel peut-il exister sans Dieu ? Dieu peut-il exister sans le ciel ? Satan existe-t-il sans l'enfer ? L'enfer existe-t-il sans Satan ? Dans une image simplifiÈe de l'univers que nous avons hÈritÈ de nos ancÉtres, ces catÈgories ne peuvent pas exister indÈpendamment, l'une sans l'autre ; mÉme les athÈes les rÈtrÈcissent tout juste mais les utilisent quand mÉme, la punition et la rÈcompense font partie de toutes les panoplies. Le problÕme c'est que le mal des empires est considÈrÈ comme mal uniquement par l'ennemi, tandis qu'il est considÈrÈ comme exemplaire par leurs gouverneurs et souvent par la majeure partie de leur peuple. Juste comme l'histoire Ètait Ècrite par les conquÈrants, seuls les yeux des nations tombÈes entre leurs mains savaient combien leur puissance Ètait mauvaise, alors que les gÈnÈrations suivantes se souvenaient d'eux comme les plus grandes sociÈtÈs n'ayant jamais existÈes.
       Nous voudrions souligner que notre tentative de dÈfinir la nature humaine en Ètudiant les catÈgories du bien et du mal n'a aucune intention de justifier des actes mauvais, parce que si le mal ne peut pas Étre assez bien dÈfini, les actions mauvaises seront plus acceptables. Notre intention est d'arguer du fait que ni le bien, ni le mal, ne peuvent Étre employÈs en tant que valeurs absolues et universelles, mais plutÒt qu'ils devraient toujours Étre employÈs au sujet de l'individu ou de la sociÈtÈ qui sont ÈvaluÈs.
      
       Tentons de voir maintenant comment nous comprenons notre sens innÈ du pÈchÈ. Il y a deux sortes de regret que nous pouvons Èprouver envers notre propre injustice. Le premier est le vrai regret, tel que si les mÉmes circonstances se reproduisent, l'individu ne refera jamais la mÉme chose, mÉme si personne ne regarde et il n'y a aucune menace de punition ou de pÈnalisation. Une autre sorte de regret, qui n'est pas vÈritable, est causÈe par la rÈalisation de l'injustice par la punition ; cette sorte de regret ne peut pas Étre considÈrÈe comme la vraie expression d'une croyance morale personnelle. Cela n'inclus pas seulement la crainte de la punition qui pourrait venir de la sociÈtÈ, que Sigmund Freud a classÈ par catÈgories comme le super-ego, mais Ègalement la crainte de la punition au long de la vie matÈrielle, comme la crainte de la puissance divine. MÉme si la plupart de ces cas sont considÈrÈs comme des regrets sincÕres, ils ne le sont pas. Il n'est pas correct d'arguer que la loi morale dÈcrite par Emmanuel Kant est quelque part fondamentale Þ la nature humaine ; pour le moins on ne peut la considÈrer aussi fondamentale et constante que si elle tenait le premier rÒle.
       Nos lois morales personnelles sont flexibles. Par exemple, un manque de nourriture peut facilement justifier le vol ; le danger peut justifier l'agression dÈfensive contre une menace, mÉme l'homicide. Il n'existe pas de loi morale mØre ou pas ; la moralitÈ change constamment avec l'Èvolution des besoins de nos corps et caractÕres. Elle est Ègalement influencÈe par des pressions externes. Les humains possÕdent une faible capacitÈ de mÈmoire pour se souvenir des situations, car notre mÈmoire n'est pas basÈe sur la formation d'images dans leur ensemble comme sur une vidÈocassette, mais sur une impression multidimensionnelle des ÈvÈnements dans le cerveau qui peuvent Étre recherchÈs en utilisant diffÈrentes associations d'idÈes. Ainsi les mÉmes ÈvÈnements peuvent Étre analysÈs et perÃus diffÈremment, a postÈriori, par le mÉme individu dans des contextes diffÈrents. L'absence de mÈmoire stable et des systÕmes assurÈs de l'identification et de la rÈalisation nous permettent de changer notre croyance morale d'une maniÕre trÕs efficace, nous permettant d'ajuster notre comportement moral de maniÕre souple en rÈponse aux pressions internes et externes auxquelles nous faisons face. Comment pouvons-nous donc appeler une loi morale, une loi, si nous changeons d'avis aussi souvent que nous en avons besoin ? La plupart du temps, nous ne rÈalisons pas qu'un changement a ÈtÈ fait, et nous sommes persuadÈs d'Étre en accord constant avec nos sentiments, nos codes Èthiques et notre croyance morale.
       Maintenant, essayons de voir comment Dieu jugera la force de nos pÈchÈs... Y a-t-il une morale vraiment fondamentale qui pourrait Étre attribuÈe Þ la toute puissance ? Nous pourrions discuter de cela en nous disant que Dieu nous a accordÈ des privilÕges et attribuÈ la libertÈ de juger nos actions, et nous pourrions ainsi dÈcider que nos actions sont bonnes ; mais comment pourrait-elles Étre ÈvaluÈes indÈpendamment suivant des codes moraux standards ? Nous ne sommes pas des pÈcheurs aux yeux de Dieu, et si nous nous jugeons nous-mÉmes Dieu confirmera nos punitions contre nous-mÉmes en nous attribuant l'enfer pour l'ÈternitÈ.
       C'est un argument trÕs malicieux. Cette sorte d'argument approuve ces situations criminelles oÛ un meurtrier qui ne regrette rien accÈderait au paradis puisqu'il s'autoproclamerait innocent, tandis qu'une bonne personne qui regretterait une action minime se verrait attribuer l'enfer en toute innocence de cause. Ce n'est pas un systÕme trÕs viable. Nous avons abandonnÈ un systÕme simple de punition et de rÈcompense, simplement parce que la vÈritÈ est beaucoup plus compliquÈe.
       La moralitÈ chrÈtienne est le systÕme le plus dÈveloppÈ de la moralitÈ que l'humanitÈ ait jamais rÈalisÈ, parce qu'elle inclut une liste de recommandations telles que si toutes les personnes vivantes devaient les suivre, notre monde deviendrait “ciel sur terre”. ThÈoriquement, la moralitÈ chrÈtienne devrait fonctionner ainsi, mais cela ne se fait jamais. Le problÕme est que nous essayons d'encourager des personnes Þ adhÈrer Þ un code moral fondamental et invariable, en supposant qu'elles sont moralement mØres. þ la place, nous devrions encourager la recherche et le contrÒle constants de valeurs morales internes qui pourraient amÈliorer les vertus de l'Étre humain, plutÒt qu'une personne avec une croyance morale apparemment inflexible. Nous pouvons amÈliorer la nature humaine en encourageant cette recherche constante, car conscient du fait qu'il n'y a pas de morale fondamentale et constante en notre for intÈrieur, nous vaquons dans nos irresponsabilitÈs chaque jour, chaque heure, chaque minute de nos vies...
      
      
      

    RÈalisation de la paix de l'esprit

      
      
       L
       a lecture de la littÈrature classique me calme toujours en profondeur. C'est particuliÕrement vrai quand je lis journaux intimes d'auteurs cÈlÕbres du dix-neuviÕme siÕcle. Il me semble qu'ils ont conversÈ avec une personne intelligente qui n'a pas besoin de se rendre meilleure qu'elle ne l'est vraiment. Une telle lecture me soulage ÈnormÈment, parce que le mode de vie au dix-neuviÕme siÕcle Ètait beaucoup plus lent qu'il ne l'est aujourd'hui. Les intÈrÉts et les passions Ètaient alors moins concurrentiels, et le lent cours de la vie procurait aux individus plus de temps de penser et d'expression, une pratique que nous avons perdue aujourd'hui. Les journaux intimes et autres ouvrages de cette pÈriode m'Èloignent de la rÈalitÈ et de la vie quotidienne d'aujourd'hui, et la seule chose que je regrette, c'est qu'il est impossible de trouver de nouveaux travaux de romanciers tels que Defoe et Dickens, ou les nouvelles poÈsies de poÕtes comme Byron.
       J'aime ce de travail dÈtaillÈ, et vous seriez probablement ÈtonnÈs Þ la teneur des livres que je poursuis, parce que je tends Þ lire les livres complÕtement inutiles sur des matiÕres telles que : les rapports agricoles de la Rome antique, Ècrits par les auteurs contemporains de leur temps.
       Lire n'est pas pour moi juste une maniÕre d'acquÈrir des informations. C'est avant tout une maniÕre de provoquer une activitÈ pour m'aider Þ canaliser mes propres pensÈs vers des voies uniques et diffÈrentes, permettant Þ mon esprit de ressortir la meilleure faÃon d'apprÈhender mon environnement et le monde dans lequel je vis.
       Lire est pour moi une action routiniÕre, et la routine est trÕs commune dans la nature. La plupart des processus dans la nature commencent par des Ètapes ÈlÈmentaires et progressives, construisant vers l'extrÈmitÈ dÈsirÈe. Malheureusement je souffre du besoin d'Étre engagÈ dans une action routiniÕre, quelle qu'elle soit, du moment qu'elle touche Þ la lecture.
       Nous pouvons rÈaliser seulement l'illusion d'une paix de l'esprit. Cette illusion est reliÈe d'une faÃon ou d'une autre aux endroits, aux pÈriodes, aux gens et aux images. HÈlas, si vous regardez dans le dÈtail, vous voyez que la situation perÃue si sØre et confortable en rÈalitÈ n'est pas un coffre-fort. C'est la vÈritÈ, pas seulement au regard des expÈriences personnelles, mais aussi par rapport aux biographies d'Ècrivains cÈlÕbres, aux philosophes et aux scientifiques. La perception de leurs succÕs se dÈtÈriore au fur et Þ mesure que vous lisez, et vous devez trouver de nombreux dÈtails gÉnants dans leurs biographies qui auraient pu facilement compromettre leur succÕs et empÉcher leur proclamation aux pages de l'histoire.
      
       Il y a de nombreux exemples d'images imprimÈes dans nos esprits comme Ètant des histoires Þ succÕs et dont les investigations dÈtaillÈes prouvent qu'elles ne sont que des illusions offertes par les mÈdias, les livres et les films. Dans de nombreux cas, nous faisons l'opposÈ, nous tirons des conclusions nÈgatives sur certains ÈvÈnements qui actuellement ne sont pas si mauvais ou du moins, n'ont pas des rÈpercussions sÈrieuses ou nÈgatives sur nous-mÉmes ou sur nos vies. Par exemple, nous tendons Þ surestimer le danger d'Étre tuÈ lors d'une attaque terroriste ou avons peur d'Étre victime d'un accident d'avion quand en rÈalitÈ nous avons plus de chances de mourir sous les roues d'une voiture. Lucius Annaeus Seneca a donnÈ des conseils trÕs valables quand il a dit que nous ne devrions pas nous inquiÈtÈ des problÕmes puisqu'ils avaient peu de chances de se produire, et que nous avions tout le temps de nous inquiÈter quand le drame arrivait. Mais, si nous nous inquiÈtons de futurs problÕmes qui ne se produisent jamais, nous empoisonnons nos vies et perdons l'espoir d'une vie heureuse.
       Un Ètat d'esprit stable et nageant dans le bonheur ne constitue pas la base de nos actions dans une vie. Ce qui est le plus important, c'est le systÕme de croyances que nous mettons en place pour contrer les diffÈrentes situations. La seule maniÕre d'accÈder Þ un Ètat d'esprit sein, stable et heureux, c'est d'en apprendre plus sur soi-mÉme, Þ savoir : trouver la vÈritable source de ses malheurs. C'est seulement par l'introspection que nous arrivons Þ purger les images nÈgatives qui peuvent actuellement occuper nos pensÈes.
       Seneca peut Étre un bon guide pour chaque autodidacte. Ses lettres Þ Lucilus incluent les volumes de conseils pratiques et elles sont toujours d'actualitÈ aujourd'hui, mÉme si une grande partie a ÈtÈ longuement oubliÈe. Dans la culture occidentale moderne nous percevons l'action comme Ètant un meilleur choix que l'absence d'action, bien que dans beaucoup de cas, l'absence d'action est un moyen plus rÈussi d'Èquilibrer son Ètat d'esprit.
       èviter l'action est perÃu dans les cultures puritaines comme un pÈchÈ de paresse, et faire tout ce que vous devez faire sans rÈflÈchir sur les raisons et les consÈquences apparait plus comme un Ètat d'inactivitÈ. “Aucune contrainte, aucun gain” c'est le slogan qui peut illustrer une approche moderne. Cela crÈe beaucoup d'effort et d'Èpuisement, de sorte que les personnes s'engagent dans une frÈnÈsie du style de vie moderne : “fais d'abord, pense ensuite. Ou mÉme mieux : ne pense pas du tout.”
       Si vous demandiez Þ la majoritÈ des personnes dans la rue se qu'elles font, la plupart vont rÈflÈchir intensÈment sur cette question avant de rÈpondre. Si vous leur demandez ensuite pourquoi elles le font, elles vont de nouveau rÈflÈchir intensÈment mais seront cette fois incapable de donner une rÈponse, car en rÈalitÈ, elles ne savent pas ce qu'elles font rÈellement. Par exemple, si vous demandez Þ un Ètudiant de l'universitÈ qui est en train de se rendre Þ son campus : oÛ allez-vous ? Il vous rÈpondra : Þ l'universitÈ. Si vous lui demandez : pourquoi allez-vous Þ l'universitÈ ? il rÈpondra immanquablement : parce que je dois y aller ! Et vous ne trouverez pas d'explication plus profonde sur les actions de personnes plus matures. Penser est trÕs rare et un produit trÕs prisÈ dans la sociÈtÈ d'aujourd'hui. “La pensÈe est un art laborieux si elle est peu pratiquÈe, ou qu'en de rares occasions,” comme le premier ministre d'IsraÊl, David Ben-Gurion, l'avait mentionnÈ, et c'est une grande vÈritÈ. Nous n'apprenons pas Þ nos enfants Þ penser ; nous leur apprenons juste Þ agir, peu importe combien cela peut paraitre illogique.
       L'incapacitÈ des gens Þ analyser leurs motivations et leurs actions crÈe un grand stress et cause de la frustration. Penser n'est pas difficile en soi si vous Étes habituÈ Þ le faire ; Il faut juste que cela devienne un mode de vie. GÈnÈralement, les gens n'aiment pas penser, pas parce que cela reprÈsente une Èbauche d'Ènergie (ce qui est probable), mais parce qu'ils s'imaginent bÉtement que penser est une perte de temps trop prÈcieux. Par consÈquent, en raison de cette affirmation, penser n'est pas fortement apprÈciÈ par la majoritÈ des gens de notre sociÈtÈ actuelle.
       Nous avons certainement beaucoup de temps allouÈ pour certaines actions chaque jour. Nous pouvons dÈpenser 10 minutes Þ nous laver, 30 minutes ou plus Þ manger, 2-3 heures Þ regarder la tÈlÈvision, mais nous nÈgligeons de passer un peu de temps Þ de simples contemplations. Aucun temps n'est consacrÈ Þ la rÈflexion ; vous ne le faites que si vous en avez vraiment besoin, pendant que vous vous lavez, ou mangez, ou regardez la tÈlÈvision, Þ savoir que cela n'est pas trÕs pratique car penser profondÈment sous la douche vous fait oublier que vous vous Étes dÈjÞ lavÈ les cheveux et vous Étes quasiment obligÈ de le refaire, augmentant considÈrablement la quantitÈ d'eau et de shampoing utilisÈs. Penser en mangeant augmente la probabilitÈ d'Ètouffement et de mort prÈmaturÈe, et penser en regardant la tÈlÈvision est presque complÕtement impossible car la production intensive de produits tÈlÈvisuels est faite justement pour nous empÉcher de penser sur notre vies et nous oblige Þ suivre le cours d'idÈes qui n'ont rien Þ voir avec la rÈalitÈ de notre quotidien.
       L'absence de temps de pensÈe dans notre culture est une mauvaise chose. Afin de rester cohÈrent, les humains ont besoin d'un certain temps pour passer en revue leurs actions et pour ajuster leurs pensÈes et leur croyance en consÈquence. Le monde moderne ne nous soutient pas tout Þ fait dans cet effort ou ne nous permet pas de nous ajuster en consÈquence, parce que notre culture perpÈtue le problÕme. Quand vous avez octroyÈ un certain temps Þ la pensÈe, vous pouvez parfois arriver Þ la conclusion trÕs Ètonnante que la plupart des actions que vous aviez entreprises dans le passÈ ne vous menaient rÈellement Þ aucun but particulier.
       La culture occidentale idolÁtre la perfection. Cela impose un style de vie Þ la plupart des personnes qui s'attendent Þ parfaire leur vie personnelle, leur carriÕre, et chaque dÈmarche qu'elles entreprennent. L'individu Èvalue alors tous les aspects de sa vie en termes de succÕs ou d'Èchec. Nous pouvons avoir cette approche mÉme dans une terminologie psychologique lÞ oÛ la psychologie moderne dÈcrit une famille Èprouvant des crises dans les rapports entre ses membres, comme une famille Þ problÕme. Cela dÈmontre le noyau des valeurs prÈsentÈ par la psychologie moderne ; lÞ oÛ une famille est censÈe fonctionner comme une machine ou un systÕme informatique. NÈanmoins aujourd'hui la psychologie d'une society ne laisse pas de place Þ l'Èchec, augmentant subsÈquemment la pression sur chaque individu.
       Nous vivons dans l'Õre du perfectionnisme. Vous ne rencontrez pas souvent d'individus ayant rÈussis et qui Èvaluent leurs pensÈes avec calme et sÈrÈnitÈ tout en observant le coucher du soleil, ou des individus qui trouvent le vrai plaisir dans des valeurs immatÈrielles. Je suis un perfectionniste moi-mÉme, mais je souffre d'une forme de frustration du perfectionnisme qui se complique par une intolÈrance pour le travail routinier. Je suis bien plus passionnÈ par de nouvelles idÈes, mais je trouve trop de difficultÈs Þ entreprendre des actions rÈitÈrÈes qui sont habituellement nÈcessaires pour les rÈussir.
       Le perfectionnisme cause beaucoup de souffrance, car il n'y a pas beaucoup de place au bonheur avec une telle approche. Vous ne pouvez pas Étre heureux tant que votre travail n'est pas terminÈ, mais vous ne pouvez pas l'Étre non plus quand vous voyez la fin, car un perfectionniste n'est jamais satisfait du rÈsultat. La culture moderne est une usine Ènorme qui fabrique des Ámes malheureuses. J'essaye de mettre un terme Þ cela en m'entrainant Þ ne pas Étre aussi perfectionniste que j'ai l'habitude de l'Étre, mais mÉme dans de simples actions, je deviens perfectionniste contre mon grÈ compromettant ainsi mes efforts.
       J'ai toujours dÈdaignÈ les non-perfectionnistes, que j'appelle dans mon vocabulaire personnel “Èpisodistes”. Par “Èpisodistes” je veux dire une personne dont les rÈsultats de leurs actions ne sont pas orientÈs, mais plutÒt dont le processus est orientÈ. J'ai toujours pensÈ que ce genre de personne Ètait stupide ou juste du genre un peu hippy, mais maintenant je rÈalise que j'avais probablement tort. Regardez la nature. Nous n'avons pas beaucoup de certitude que le temps lui-mÉme soit vrai et non justement une illusion de nos esprits. Alors, sans le temps, il n'y a pas de signification aux rÈsultats. Sans le temps, la seule action significative est de mettre l'effort dans le processus lui-mÉme. Regardons la nature de nouveau. Quel est le rÈsultat final d'un bon repas ? èvidemment c'est l'Ènergie que nous emmagasinons pour l'exploiter, mais puisque l'Ènergie n'est pas quelque chose de matÈriel, le rÈsultat final d'un bon repas n'est rien d'autre que la production de notre systÕme digestif, qui ne peut Étre considÈrÈ ni comme un agrÈment esthÈtique ni comme un plaisir dÈsirable.
       Le rÈsultat final de n'importe quelle fleur, c'est la dÈcomposition. Le rÈsultat final de chaque vie, c'est la mort. C'est pourquoi prÉter trop d'attention aux rÈsultats n'est pas trÕs souhaitable ; Sans l'anticipation des rÈsultats vous n'avez pas l'anxiÈtÈ de l'Èchec. La nature prend soin de nos rÈsultats finaux car nous sommes en charge du processus et non du rÈsultat.
       Comment pouvons-nous apprendre Þ quelqu'un d'arrÉter de tenir compte du rÈsultat, pour Èvaluer les aspects simples de la vie ? Moi, par exemple, assis dans cette piÕce en train d'Ècrire ce livre. PlutÒt que de canaliser mon attention sur la publication de ce livre ou du produit final de mes efforts, je me concentre uniquement sur le fait que je suis heureux d'Ècrire et partager mes pensÈes. C'est une atmosphÕre trÕs plaisante, et je suis en bonne compagnie avec mon chat endormi, un chien paresseux et les carillons plaisants de l'horloge. Je ne suis pas anxieux ni nerveux sur le comment je vais arriver Þ finir mon travail aux dates limites. Cela fait-il de moi un Étre abject enjolivant ma vie au dÈtriment du rÈsultat et au mÈpris des lecteurs ? Je ne le pense pas.
       Pourtant, dans mon subconscient, je suis toujours anxieux sur la finalitÈ du livre et l'ampleur qu'il va prendre. Je ne peux attendre le moment oÛ je vais le transmettre Þ mon Èditeur. Je suis impatient quant au moment oÛ je vais recevoir la premiÕre copie et voir enfin la couverture. Je suis malheureux du fait que je ne puisse voir d'emblÈe le rÈsultat final. C'est une bonne illustration de mon dilemme : abandonner l'ultime prÈoccupation du rÈsultat et commencer Þ vivre sereinement chaque moment de mon existence, ou, comme tout un chacun, perfectionniste assidu qui ne peut penser Þ autre chose qu'Þ la rÈussite et au succÕs.
       Le choix naturel nous fait pencher ver la perfection, quel que soit le sens que l'on donne Þ l'artificiel. Encore maintenant nous devons manger des animaux pour survive, et les “Èpisodists” ne sont pas de bons chasseurs. Si l'amour n'est pas le but final du dÈveloppement de l'univers, pourquoi devrais-je faire des efforts pour Èchapper Þ mes anxiÈtÈs, ne serait-ce qu'un moment, et me consacrer Þ la pure rÈflexion sur le monde extÈrieur, ou sur mon Áme intÈrieure ?
      
       La maniÕre dont nous devons rÈaliser une pensÈe, c'est d'arriver Þ la concrÈtiser comme nous avons besoin de nous comprendre nous-mÉmes, par nos rÈponses principales. Nous devons comprendre nos rÈactions standards, la faÃon dont nous nous surestimons souvent ou nous sous-estimons et anticipons notre comportement possible dans diffÈrentes situations, au cours desquelles nous devenons plus impatients et plus anxieux pour les jours Þ venir. Notre crainte du futur n'est pas seulement basÈe sur une crainte d'ÈvÈnements malheureux, mais aussi sur la crainte de notre incapacitÈ Þ fournir la bonne rÈponse.
       Notre expÈrience antÈrieure nous fournit habituellement des informations suffisantes sur notre capacitÈ Þ faire face aux diffÈrents ÈvÈnements stressants de nos vies, mais pour quelques raisons cela ne nous fournit pas assez de confiance pour Étre capable d'apprÈhender l'avenir avec le mÉme ou plus de succÕs. L'analyse de nos prÈcÈdentes performances, cependant, nous permet d'acquÈrir une paix de l'esprit pour les challenges Þ venir.
       L'un des problÕmes dans l'estimation de nos capacitÈs, c'est l'obstacle qui peut survenir de l'opinion des autres, et que notre propre Èvaluation est subjective et peut donc Étre inexacte. Ainsi nous avons un besoin profond de l'approbation d'un tiers et de nous fournir un deuxiÕme avis, une autre opinion sur nous-mÉmes et nos capacitÈs. La chose la plus Ètonnante, c'est que parfois cette source peut Étre une personne que nous ne considÈrons pas comme fiable sur d'autres avis et beaucoup d'autres questions. C'est une paraphrase d'un rapport d'Arthur Schopenhauer qui vise Þ persuader le lecteur de ne pas trop s'inquiÈter des autres avis. Il Ètait curieux de savoir combien de personnes dont nous respectons les valeurs actuelles et les opinions sont prÈsentes dans nos vies. TrÕs souvent la rÈponse est zÈro, alors pourquoi devrions-nous Étre inquiets de l'opinions des autres ? Pour Étre objectif, il est important de ne pas nous sur-, ou sous-estimer.
       Nous devons apprendre Þ construire notre confiance en soi sans aboutir sur des phrases types du style : “Je dÈteste faire cela”, “Je n'ai jamais su faire cela”, “Je n'y arriverai jamais”, ou toute autre sorte de dÈcouragement et contre-productivitÈ.
       Nous devons plutÒt arriver Þ des conclusions positives sur nos capacitÈs et nous ajuster Þ de nouvelles situations, Étre flexibles et crÈatifs, et nous procurer les clÈs d'une confiance accrue pour une meilleure performance, ou du moins, une mÉme rÈussite que par le passÈ.
       L'inflexibilitÈ est la cause principale de l'Èchec, de l'inquiÈtude, de la dÈpression, et donc de l'absence de paix de l'esprit. La nature nous autorise Þ Étre aussi flexibles que possible, car nous pouvons nous ajuster dans la vie, particuliÕrement parmi les crÈatures vivant Þ l'Ètat sauvage, ce qui est synonyme de survie. Si vous pouvez vous adapter Þ un hiver rude, vous survivrez. Sinon, c'est la mort ! Jolie perspective, n'est-ce pas ? La flexibilitÈ dans une sociÈtÈ humaine est aussi une commoditÈ valable. Au cours de ma vie, j'ai dØ m'ajuster Þ au moins cinq environnements diffÈrents de langage, et quoique je ne les aie jamais perfectionnÈs j'ai obtenue une assez bonne rÈussite partout. Vous n'avez pas besoin d'Étre parfait pour survive. D'ailleurs, la tentative d'obtenir la perfection peut Èpuiser vos ressources ÈnergÈtiques et par la suite conduire Þ votre chute.
       Le bon sens est une autre clÈ pour rechercher l'apaisement. Mais dans mon vocabulaire, le bon sens n'est pas l'opinion de la majoritÈ ; c'est plutÒt une sobre perspicacitÈ pour intÈgrer le problÕme qui est exempt de prÈ-jugements et de conclusions fallacieuses des autres. J'ai appris Þ remettre en cause chaque chose que je vois mais je ne suis pas pionnier dans cette approche.
       Je suis en parfait accord avec RenÈ Descartes dans son “Discours sur la mÈthode de conduire correctement la raison et de chercher la vÈritÈ en science” oÛ il Ènonce, dans le deuxiÕme chapitre :
       “...mais quant aux avis que jusqu'Þ ce temps j'avais embrassÈs, j'ai pensÈ que je ne pourrais pas faire mieux que les rÈsoudre immÈdiatement pour les balayer complÕtement, que je pourrais ensuite Étre en mesure d'en admettre d'autres plus corrects, ou mÉme peut-Étre les mÉmes aprÕs qu'ils aient subi l'examen minutieux de la raison. J'ai fermement cru que de cette faÃon je devrais bien mieux rÈussir Þ conduire ma vie, que si je construisais seulement sur de vieilles bases, et me suis penchÈ sur les principes que, dans ma jeunesse, j'avais pris sur la confiance.”
       AprÕs ce conseil de Descartes, j'ai rÈexaminÈ les concepts et croyances que j'avais pris comme garantie par le passÈ, les ai comparÈs avec ma propre expÈrience et celle du monde moderne, particuliÕrement quand cela avait une signification diffÈrente par rapport Þ mes attentes d'enfant et d'adolescent. Je dois admettre que cette vieille approche m'a bÈnÈficiÈ Þ diffÈrentes occasions, parce que regrettablement c'est toujours trÕs rare ce qui me donne un avantage par rapport Þ ceux qui n'utilisent pas cette simple approche.
       Nous entendons frÈquemment l'opinion que la plupart des choses de la vie dÈpendent de la chance et de l'opportunitÈ. De nombreuses personnes disent que si ou quand l'opportunitÈ se prÈsente, elles ne la rateront pas. Mais la vÈritÈ, c'est que chaque personne n'est pas vraiment sØre de ce qu'elle dit, en raison des dÈcennies d'attente de la bonne occasion Þ se prÈsenter. Les gens perdent rapidement espoir et se contentent de rÈpÈter les mÉmes mots pour se soulager : “peut-Étre un jour...” Comment peut-on Étre sØr de ne pas rater la bonne opportunitÈ quand on n'a jamais eu l'occasion d'y faire face auparavant ? Comment s'entrainer Þ attraper au vol la bonne occasion quand elle arrive opportunÈment aussi rarement et que l'on n'a pas su l'identifier ?
       J'ai trouvÈ un bon moyen de m'entrainer Þ saisir les opportunitÈs quand elles surgissent. C'est en prenant l'initiative de crÈer mes propres opportunitÈs. C'est pourquoi je suis sØr de ne pas les manquer quand elles passent ; Èvidement, de cette maniÕre, elles passent au bon moment et au bon endroit, puisque de ce fait tout est soigneusement projetÈ Þ l'avance.
       Je me considÕre toujours comme ma source ultime d'opportunitÈs. Cela peut Étre un composent substantiel de ma paix d'esprit, car si vous n'attendez jamais une opportunitÈ vous ne serez pas impatient. Vous saurez juste que lorsque vous en aurez besoin, vous devrez trouver le moyen de la crÈer. Bien sØr, cela coØte un peu d'argent, mais les opportunitÈs ont une maniÕre trÕs spÈciale de vous rapporter bien plus qu'elles ne vous ont coØtÈ. Habituellement, je finis quelque chose Þ la fin de la journÈe, ce qui me permet de passer un peu de temps sur la prochaine opportunitÈ que j'ai crÈÈe et bien sØr avec mon environnement amical dont je vous ai dÈjÞ parlÈ : le chat toujours endormi, le chien bien plus paresseux que de coutume et mon carillon.
       Marco Polo est parti vers l'orient pour essayer de mixer diffÈrentes pages de l'histoire, car l'Europe mÈdiÈvale n'Ètait pas assez bien assortie avec la Chine mÈdiÈvale : elles Ètaient considÈrablement sÈparÈes. Comme je l'ai appris, elles n'Ètaient pas seulement sÈparÈes par la distance ; elles Ètaient Ègalement sÈparÈes dans les esprits des personnes Þ ce moment-lÞ. Les EuropÈens et leur chef spirituel, le pape catholique, a fait plusieurs tentatives de rapprochement avec les Mongols.
      
       Toutes les propositions de coopÈration lors des Croisades se sont produites avec rÈsistance. Les diffÈrentes civilisations Ètaient peu disposÈes Þ abandonner leur isolement et leur culture. Les Mongols Ètaient peu disposÈs Þ coopÈrer avec des Ètrangers, si ces drÒles d'hommes avaient l'audace de leur demander assistance.

       Ce n'est pas simplement que les diffÈrentes personnes n'ont pas ÈtÈ coopÈratives ; ces civilisations entiÕres Ètaient aussi bien inflexibles. þ quoi ressemblerait le monde aujourd'hui si les Mongols avaient interfÈrÈ dans les croisades ? Nous voici devant une question qui risque de faire accepter ou dÈcliner une opportunitÈ. Cela rend les instants de la vie inÈgaux, car certains carrefours sont plus importants que la routine oÛ rien de mouvementÈ ne se produit. Les pensÈes comme : “qu'arriverait-il si...” ajoutent une bonne part d'anxiÈtÈ et d'incohÈrence Þ notre bien-Étre : “Que serais-je si j'avais fait l'Ècore de droit ?” ou “Et si j'avais...” CrÈer ses propres opportunitÈs exclut la nÈcessitÈ d'engendrer de telles possibilitÈs.
       En fait, je ne crois pas aux opportunitÈs. La plupart du temps quand j'en crÈe pour les autres je peux les dÈtourner pour un temps limitÈ. Parfois c'est une question de jours, parfois cela prend des annÈes, mais tÒt ou tard ces personnes reviennent Þ leur Ètat d'origine et continuent leur chemin comme si de rien n'Ètait. Probablement, je pourrais crÈer une opportunitÈ pour dÈriver quelqu'un de son chemin choisi pour une certaine pÈriode qui, par coÎncidence, serait plus longue que sa durÈe de vie. Mais cela ne signifie pas que cet individu n'aurait pas le besoin interne de revenir Þ son Ètat d'esprit original.
       Maintenant, je dois faire une confession. Je suis exactement ce type d'individu ; Je garde toujours mon propre chemin. Si des ennuis ou des opportunitÈs me dÈvient de ce chemin, cela ne veut pas dire que je cesse d'avoir des impulsions internes de mon subconscient pour revenir Þ mon chemin d'origine. Lors d'un changement de chemin, une trÕs importante analyse doit Étre faite pour choisir notre destin, parce que la plupart des personnes ne se rendent pas tout Þ fait compte de la vraie nature et de la direction de leur destin.
       La derniÕre chose que je voudrais mentionner et qui est importante pour maintenir la paix de l'esprit, c'est la gestion d'images multiples des mÉmes choses que nous avons habituellement dans nos esprits et notre imagination. Par exemple, j'ai trois images de Paris dans ma tÉte : La premiÕre, c'est celle que j'avais avant de visiter la ville, la seconde c'est celle que j'ai de la ville actuelle dans ma mÈmoire, la troisiÕme c'est l'image que je recrÈe constamment en lisant des revues franÃaises et des romans rÈcents ou en Ècoutant les informations. Cela reprÈsente trois villes tout Þ fait diffÈrentes. La concrÈtisation naturelle de plusieurs images enfouies dans notre conscience est trÕs importante pour l'Ètablissement d'une santÈ mentale bien ÈquilibrÈe. Admettre l'existence de ces multiples impressions me permet d'Èviter les conflits intÈrieurs et m'aide Þ fonctionner de maniÕre moins stressante.
       Paris avait une aura magique pour moi quand j'Ètais jeune homme. Toutes les fois oÛ j'Ètais en Europe, j'essayais d'y aller, pour l'Èmerveillement et pour rechercher ma plÈnitude d'esprit. Mais quand je l'ai visitÈ derniÕrement, ce n'Ètait pas si plaisant et excitant, ni aussi magique que je le pensais. Je dois admettre que cette visite Ètait quelque part en effet magique Þ un niveau personnel, car debout sur la grande place devant la cathÈdrale de Notre Dame, je pensais fort Þ ma grand-mÕre aimÈe pendant qu'elle s'Ètait tenue lÞ, au mÉme d'endroit, un demi-siÕcle plus tÒt, et cela m'a procurÈ une vive Èmotion et a eu un effet spirituel sur moi. Et bien que certains aspects de la visite aient ÈtÈ dÈcevants, dans l'ensemble il Ètait bon de retrouver les racines de cette ville que j'avais connue. Alors, Þ la fin de ma visite je n'Ètais plus du tout dÈÃu. Maintenant que je suis un homme plus ÁgÈ et que je m'immerge dans la culture franÃaise, je constate que je peux redÈcouvrir Paris par la voix des mÈdias et de quelques personnes avec qui je peux discuter. Au final, bien que j'aie trois idÈes diffÈrentes de ce qu'est Paris pour moi, ces trois images ne sont pas en conflit mutuel dans mon esprit mais plutÒt en soutien constructif et accru.
       Je perÃois le mÉme effet avec les multiples images crÈÈes dans mon esprit par les philosophes, les Ècrivains et autres grands penseurs. Par exemple, je possÕde deux copies des poÕmes de George Gordon Lord Byron, tel que celui qui chuchote Þ mes oreilles :
       Il est l'heure oÛ venant des branches
       La note ÈlevÈe du rossignol se fait entendre ;
       Il est l'heure, quand les amoureux se lovent
       S'imprÕgne la douceur dans chaque mot chuchotÈ ;
       Et les vents et les eaux empreints de douceur,
       Font une musique Þ l'oreille solitaire.
       Et il y a un autre Lord Byron, qui a combattu au nom de la rÈbellion grecque et qui est mort loin de sa maison. Il y a deux Byron diffÈrents pour moi, et j'ai besoin de trouver le moyen de les arranger dans ma tÉte. Certains objets ou ÈvÈnements, certaines personnes ou places, peuvent avoir de multiples connotations pour nous, et nous devons apprendre Þ les gÈrer sans leur permettre de nous triturer l'esprit et notre paix intÈrieure.
       La paix de l'esprit est l'expÈrience la plus valable qui peut et devrait Étre rÈalisÈe dans nos vies terrestres. J'espÕre que les quelques idÈes mentionnÈes plus haut pourront vous servir d'assistance autant qu'elles l'ont fait pour moi, le commun des mortels.
      
      
      

    Sommes-nous responsables
    de l'impact de nos idÈes ?

      
      
       L
       es idÈes sont responsables d'organiser la matiÕre, au moins au niveau de la perception humaine. Nous employons des idÈes afin d'ajuster notre environnement courant selon nos besoins. Nous les utilisons aussi pour nous changer et nous adapter aux idÈaux de notre perception. Nous sommes les objets vivants dans un monde matÈriel, et il est admis par la majoritÈ d'entre-nous qu'en plus de ce monde matÈriel, il y a aussi des concepts non matÈriel : par exemple, la conscience qui nous sert de base Þ nos pensÈes et nos idÈes.
       Afin d'apprÈcier la discussion fructueuse de n'importe quel sujet en question, nous devons d'abord en dÈfinir les limites que nous employons. Dans ce livre, le mot `matÈriel' reprÈsente tout ce qui est liÈ Þ la matiÕre et Þ l'Ènergie en termes physiques.
       Depuis le temps de Platon, les idÈes ont ÈtÈ dÈfinies comme purement immatÈrielles. Elles servent seulement de concept derriÕre les objets matÈriels. Selon Platon, “Le monde Èvident est ce qui nous entoure : ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous Èprouvons ; ce monde Èvident est un monde de changement et d'incertitude. Le monde intelligible se compose des produits invariables de la raison humaine : tout ce qui rÈsulte seulement de la raison, comme les dÈfinitions ou des mathÈmatiques abstraites, compose ce monde intelligible qui est celui de la rÈalitÈ. Le monde intelligible contient les "Formes" Èternelles (en grec, idÈe) des choses ; le monde Èvident est la manifestation imparfaite et instable de ces formes invariables. Par exemple, la "Forme" ou "l'idÈe" d'un cheval est intelligible, abstraite, et s'applique Þ tous les chevaux ; cette forme ne change jamais, mÉme si les chevaux ont des variantes entre eux - la forme d'un cheval ne changera jamais mÉme si tous les chevaux du monde devaient disparaitre. Un cheval individuel est un objet physique, changer cet objet le fera cesser d'Étre un cheval (si, par exemple, il tombait du cinquantiÕme Ètage d'un immeuble) ; la forme d'un cheval, ou sa race ne changera jamais. Comme un objet physique, un cheval ne prend de sens que s'il est assimilÈ Þ une forme ou une idÈe de race.”
       Cela indique clairement qu'une idÈe peut exister indÈpendamment de ses contreparties matÈrielles. Les idÈes ont une tendance Èternelle, l'idÈe du cheval existait bien avant sa crÈation sur Terre et continuera d'exister bien aprÕs sa disparition de la surface du globe. Une question intÈressante est : les idÈes intelligibles sont-elles entiÕrement des produits de notre imagination ou existent-elles indÈpendamment. Nous pouvons facilement imaginer Étre des intellectuels qui pourraient avoir et comprendre les mÉmes idÈes ; d'ailleurs, n'avons-nous pas dÈjÞ crÈÈ une intelligence artificielle qui peut traiter les mÉmes idÈes que nous ?
      
       Emmanuel Kant, dans sa Critique RÈvolutionnaire de la Pure Raison, a fait une tentative rÈussie d'analyser la nature des choses et de leur apparente dÈpendance de la raison humaine. Son livre ressemble Þ un manuel qui est entiÕrement basÈ sur les dÈfinitions de nouvelles limites inventÈes et prÈsentÈes par ce philosophe.
       Je me suis toujours demandÈ ce qu'il aurait senti en Ècrivant un manuel entier rempli de nouvelles limites imaginÈes. Ou, mÉme mieux, comment il se serait senti en Ècrivant un livre entier d'un langage comprÈhensible que par lui-mÉme. MalgrÈ le fait que chaque livre pourrait faire face Þ des obstacles sur sa voie Þ devenir un vrai best-seller, nous ne pouvons Ècarter la possibilitÈ que l'esprit contient encore de vÈritables valeurs.
       Cela nous amÕne Þ une autre question : Combien sommes-nous prÉts Þ dÈpenser dans la sociÈtÈ pour crÈer des mondes imaginaires qui pourraient Étre reflÈtÈs dans un tel livre, des mondes qui serviraient d'exemple Þ l'impression de notre conscience incluse et autosuffisante.
       D'abord j'ai pensÈ qu'un Étre humain est une crÈature indÈpendante qui devrait s'opposer Þ la nature accablante de n'importe quelle sociÈtÈ, mÉme idÈale. Le Contrat Social de Jean Jacques Rousseau a toujours ÈtÈ mon texte prÈfÈrÈ : Son rapport que “un homme nait libre ; et partout, il est enchaÍnÈ” a malheureusement toujours eu pour moi une connotation de vÈritÈ de notre temps comme dans le sien. MÉme la sociÈtÈ la plus dÈmocratique de notre monde moderne restreint toujours la libertÈ de ses membres, et pas seulement en cas oÛ cela est utile au bien commun. Par consÈquent, je me prÈpare toujours Þ garder une vue Ètroite de la sociÈtÈ qui gouverne ma vie privÈe et j'objecte autant que possible les voix lÈgitimes qui ne sont que de brutales interfÈrences.
       Mais rÈcemment, j'ai rÈalisÈ qu'un Étre humain ne peut devenir une trÕs intelligente crÈature sans un impact Èducatif important de la sociÈtÈ. Cela fait dans notre sociÈtÈ la source primaire de notre intelligence, laissant Þ l'humain le loisir de jouer seulement un rÒle secondaire. Mais je me suis aussi rendu compte en y pensant un peu plus qu'en rÈalitÈ, si une fleur ne peut se dÈvelopper sans compost, cela ne veut pas dire que nous devons donner du compost Þ la place des fleurs comme cadeau d'anniversaire Þ ceux que nous aimons. La sociÈtÈ est le socle utile pour nous produire de magnifiques fleurs d'esprits indÈpendants.
       D'ailleurs, si vous utilisez trop de compost cela tuera les fleurs. C'est pareil avec la sociÈtÈ. Ainsi que SÈnÕque l'a observÈ, comme vous faites partie de la foule, cela vous rendra toujours directement sale et mÈtaphorique. Sigmund Freud concourt en dÈclarant que l'individu succombera toujours Þ l'intelligence de la foule.
       Par consÈquent, j'essaye de prendre chaque chose de la sociÈtÈ que je peux utiliser, et tout d'abord en commenÃant par le langage humain. C'est le seul instrument qui nous est donnÈ pour exprimer nos pensÈes. Prenant le langage comme un cadeau de la sociÈtÈ, je l'utilise toujours pour communiquer non seulement avec la sociÈtÈ dans son ensemble, mais avec des individus, ces fleurs que nous souhaitons Étre.
       La sociÈtÈ est comme un mÈnage qui doit nous fournir toutes les conditions nÈcessaires pour prospÈrer. Mais son rÒle ne devrait pas dominer nos vies. La sociÈtÈ est un utilitaire et elle essayera de prendre avantage de tous ses membres pour le prÈtendu bien commun, qui n'est pas nÈcessairement aussi bon qu'il en a l'air quand il est appliquÈ au niveau individuel.
       Les idÈes ne sont jamais des utilitaires ; elles existent indÈpendamment de la sociÈtÈ, au-delÞ de l'univers et mÉme au-delÞ de l'existence elle-mÉme. Le seul endroit oÛ les idÈes ne peuvent exister, c'est chez Dieu, car selon un usage bien Ètabli, Dieu est tout puissant et rien ne peut exister au-delÞ de sa magnificence.
       Comme nous l'avons dit plus haut, l'idÈe du cheval existe avant, aprÕs, simultanÈment, et indÈpendamment du vrai animal physique. C'est un concept, et comme tous les autres concepts, il ne peut Étre dÈmontÈ. Alors la question est plutÒt : une idÈe peut-elle Étre considÈrÈe comme matÈrielle ? Pour rÈpondre Þ cette question, nous devons dÈterminer ce que nous considÈrons comme `matÈriel'.
       La maniÕre la plus facile d'approcher ce problÕme est de regarder la matiÕre qui compose chaque objet, et surtout, l'objet est-il toujours matÈriel dans le passÈ et dans le futur ? L'objet est-il considÈrÈ matÈriellement physiquement ou seulement dans nos mÈmoires ou dans nos rÉves ? Dans les deux cas, il sera perÃu par notre esprit de la mÉme maniÕre et il existera rÈellement seulement au travers de notre perception.
       L'Ènergie est-elle matÈrielle ? La fameuse Èquation d'Albert Einstein (E=mc2) montre que la matiÕre peut se transformer en Ènergie et probablement vice versa si vous insistez lourdement. Donc, dÈfinir l'Ènergie comme Ètant matÈrielle dÈfinira, de la mÉme maniÕre, toutes les sortes d'Ènergie, connues et inconnues.
      
       Les idÈes sont des concepts de l'organisation de l'Ènergie et de la matiÕre qui se sont avÈrÈs matÈrielles, comme nous en avons discutÈ. Car il n'y a pas de diffÈrence dans notre perception de ces concepts et la matiÕre correspondante elle-mÉme ; nous devons considÈrer les idÈes aussi matÈrielles et au mÉme niveau que toute autre chose matÈrielle. Les idÈes sont mÉme supÈrieures Þ la matiÕre qu'elles rÈgissent, parce que les mÉmes idÈes peuvent rÈgir n'importe quel autre genre de matiÕre dans n'importe quelle autre sorte d'univers physique.
      
       Comme la sociÈtÈ est un mÈdium pour le dÈveloppement de l'individu, la matiÕre est un mÈdium pour le dÈveloppement des idÈes, bien qu'une fois qu'elles sont formÈes, elles obtiennent une position supÈrieure Þ la matiÕre. ConsidÈrons l'Ètat d'un univers imaginaire dÈcrit comme un chaos. Cela montre la possibilitÈ de l'existence d'un univers sans autre sorte de preuve que la matiÕre peut exister sans idÈes, mais cela n'est pas vrai car il restera l'idÈe du chaos qui pourrait exister lui-mÉme indÈpendamment.
       MÉme si nous avons dÈfini les termes `matÈriel' et `immatÈriel' au dÈbut de ce chapitre, le problÕme c'est que la nature elle-mÉme n'aime pas opÈrer dans de telles limites prÈdÈfinies.
       Je m'oppose fortement Þ toutes les tentatives d'implantation de principes physiques dans les sciences sociales, comme les comparaisons entre l'influence gravitationnelle de la masse et la richesse Èconomique, par exemple, celles faites par le docteur. Joel Primack et Nancy Abrams dans leur nouveau livre, La vue du centre de l'univers. C'est-Þ-dire, Þ moins que les tentatives soient accompagnÈes par la prÈcaution qu'elles ont ÈtÈ faites uniquement pour une meilleure explication des concepts et ne sont pas basÈes sur la croyance rÈelle que de telles comparaisons peuvent Étre justifiÈes. En prenant de telles prÈcautions, j'essaye d'Étre sØr que toutes les comparaisons ne seront pas considÈrÈes n'importe comment, mais pour un but d'illustration.
       Quand ces prÈcautions ne sont pas prises, les consÈquences peuvent Étre graves, comme dans le cas de Nietzsche avec l'application du principe de Darwin et la sÈlection naturelle de la sociÈtÈ humaine. Cela Þ menÈ au dÈveloppement de ses propres idÈes au regard de l'homme arien qui a par la suite inspirÈ la tragÈdie du nettoyage ethnique nazi du vingtiÕme siÕcle.
       Comme une illustration de mon rapport que la nature n'aime pas les frontiÕre prÈdÈfinies j'aimerais rappeler au lecteur le principe d'incertitude d'Heisenberg, qui dÈclare que plus la position d'une particule peut Étre prÈcisÈment dÈterminÈe, moins prÈcis sera le moment oÛ il le sera et vice-versa.
       D'ailleurs, en physique la dualitÈ onde-particule veut dire que les deux ondes ÈlectromagnÈtiques et la matiÕre prÈsentent des propriÈtÈs des deux vagues et des particules. Comme concept central de la mÈcanique quantique, une telle dualitÈ reprÈsente une maniÕre de montrer l'incapacitÈ de concepts conventionnels comme les `particules' et les `ondes' de dÈcrire en justes proportions le comportement des objets. Nous ne percevons gÈnÈralement pas les propriÈtÈs onduleuses des objets de notre quotidien, pas parce qu'ils ne les possÕdent pas mais parce que les longueurs d'onde sont trop petites et indÈtectables par rapport Þ notre environnement homme-objet. La longueur d'onde est proportionnellement inverse Þ la taille d'un objet, avec un facteur constant donnÈ par le h de Planck, qui est un nombre extrÉmement petit.
       Si nous mesurons nous-mÉmes par notre capacitÈ Þ introduire certains changements dans notre environnement directement ou indirectement, nous pouvons voir qu'ils peuvent Étre dÈcrits comme des ondes avec des creux et des sommets. Par exemple, en appelant quelqu'un Þ l'autre bout du monde, je peux initialiser lÞ-bas des actions, loin de ma prÈsence physique. D'ailleurs, cette influence ne sera pas seulement induite par ma prÈsence en termes d'espace, mais aussi en termes de temps, de la mÉme maniÕre que ce texte peut dÈclencher des rÈactions dans les esprits des lecteurs bien au-delÞ du temps oÛ il a ÈtÈ Ècrit. Par consÈquent, cet exemple pose la question s'il y a une vraie frontiÕre entre le matÈriel et l'immatÈriel. Cette sÈparation indique simplement les limites de l'esprit humain, qui a besoin de telles limites rudement dÈfinies pour fonctionner avec un certain degrÈ de succÕs.
       Il y a bien longtemps, Socrate nous a prouvÈ qu'il pourrait y avoir des difficultÈs substantielles Þ dÈfinir pratiquement n'importe quoi en raison des limitations inhÈrentes Þ la langue humaine, qui rÈsultent elles-mÉmes des limites de l'esprit humain. NÈanmoins, essayons de dÈfinir le terme `matÈriel' de maniÕre inÈdite en arguant que la matiÕre est une part intÈgrale de l'univers qui se dÈcouvre aux Étres humains grÁce aux sens affermis par des instruments scientifiques. Par consÈquent, rien ne peut Étre considÈrÈ comme Ètant rÈellement de la matiÕre tant que nous ne pouvons dÈterminer sa prÈsence en utilisant une technologie appropriÈe. Mais alors une galaxie lointaine composÈe de quelques deux-cent mille billion d'Ètoiles et tenant un premier rÒle sera considÈrÈe comme immatÈrielle et inexistante seulement parce que nous n'avons pas su la dÈtecter. En outre, nous ne pouvons pas ajuster notre dÈfinition du `matÈriel' en disant qu'elle est quand mÉme quelque chose qui pourra un jour Étre dÈtectÈe car nous ne savons pas quel seront les futurs instruments que nous pourrons utiliser. Par exemple, il y a deux-cent ans, personne ne pouvait imaginer qu'il serait possible de transmettre et recevoir les ondes radio dont les caractÈristiques sont actuellement bien dÈfinies dans notre monde matÈriel rempli d'ondes ÈlectromagnÈtiques qui Ètaient inconnues dans le passÈ. Ainsi, ce qui est considÈrÈ comme immatÈriel de nos jours peut Étre reconsidÈrÈ comme matÈriel dans le futur.
       Les idÈes comme concept de l'organisation de la matiÕre peuvent Étre considÈrÈes comme matÈrielles si nous tenons compte de notre incapacitÈ Þ dÈfinir le terme `matÈriel'. Mais en faisant cela nous devons repenser notre approche des idÈes, car habituellement les gens traitent sÈrieusement seulement des objets du monde matÈriel, plutÒt que les questions immatÈrielles. Par exemple, les idÈes peuvent tuer et causer autant mal que n'importe quel objet matÈriel Þ partir du moment oÛ elles influencent les esprits d'un public inattentif. Ainsi, l'entendement que les idÈes sont matÈrielles nous rendent prudents quant Þ leur production. Les humains sont producteurs d'idÈes et nous avons une responsabilitÈ morale pour celles que nous osons apporter Þ notre monde. Nous devons rÈflÈchir Þ la consÈquence de chaque idÈe.
       En mÉme temps, je pense que quand un philosophe, ou n'importe quelle personne ordinaire, devient le crÈateur d'une certaine idÈe, il ne peut pas Étre responsable des dÈrives qui interviennent aprÕs qu'elle soit abandonnÈe dans le monde. PromÈthÈe, qui a allÈgrement donnÈ le feu aux humains pour qu'ils puissent cuisiner leurs repas et se tenir au chaud lors d'un hiver sibÈrien, peut-il Étre jugÈ responsable des fours utilisÈs dans les camps de concentration nazis ? JÈsus est-il responsable des agissements des inquisiteurs ? Einstein est-il coupable d'avoir produit la bombe atomique ? J'admets qu'une personne puisse donner matiÕre Þ la base d'une idÈe, mÉme la plus innocente, et qu'elle soit introduite nÈgativement dans l'esprit de l'humanitÈ ; puis Èventuellement compromise, corrompue et utilisÈe de la plus mauvaise maniÕre mÉme si son crÈateur fait tout ce qui est en son pouvoir pour l'en empÉcher.
       Mais nÈanmoins les gens ont la responsabilitÈ des idÈes qu'ils vÈhiculent au moment oÛ ils les font naÍtre. Einstein ne savait-il pas que l'esprit de ses camarades Ètait assez mal tournÈ pour donner une tournure diffÈrente Þ la rÈalisation de ses idÈes ? Je ne veux pas parler de sa signature sur la lettre cÈlÕbre au PrÈsident Roosevelt l'invitant Þ lancer la construction de la bombe atomique pour contrebalancer les plans d'Hitler. Il Ètait dÈjÞ trop tard pour penser aux consÈquences des travaux d'Einstein. Naturellement, nous pouvons supposer que le dÈveloppement des armes nuclÈaires aurait ÈtÈ accompli mÉme sans la contribution personnelle d'Einstein. Si ce n'Ètait pas lui, quelqu'un autre aurait fourni les indispensables Èquations meurtriÕres. La ThÈorie de la RelativitÈ GÈnÈrale n'est pas exactement un ensemble complet d'instructions sur la faÃon de produire une bombe. Bien qu'enseigner aux gens les choses au-delÞ de ce qu'elles Ètaient et devaient le rester a ÈtÈ son libre choix, pourquoi ne s'est-il pas contentÈ de garder son brevet pour le pacifique gouvernement suisse ?
       Gardez vos idÈes pour vous-mÉmes ! La renommÈe et le succÕs sont des devises trÕs bon marchÈ. Chaque nouveau pas dans le progrÕs n'est pas toujours bon Þ prendre. C'est probablement la raison pour laquelle nous sommes si conservateurs de nos habitudes. Asseyons-nous autour d'une bonne table pour dÍner, allumons les bougies pour une ambiance romantique, et Ècoutons la musique de la pluie.
       Une idÈe, comme un concept naissant, est sÈparÈe de son incarnation matÈrielle seulement par deux sujets minuscules : le temps et la probabilitÈ. Le temps et la probabilitÈ sont les facteurs qui dÈterminent quand et comment une idÈe sera implÈmentÈe.
       Puisque le terme `temps' est plus applicable aux choses vivantes, et parce que les physiciens arguent que les concepts basiques des lois physiques ne requirent jamais le temps, dans l'implÈmentation d'une idÈe le facteur temps peut Étre ÈcartÈ. Puisque nous ne savons pas combien d'univers parallÕles existent, nous ne savons pas combien de scÈnarii diffÈrents peuvent se produire pour le mÉme ÈvÈnement, ainsi le facteur de la probabilitÈ peut Ègalement Étre rejetÈ.
       Regardons un simple jeu vidÈo qui a les mÉmes paramÕtres chaque fois que vous commencez Þ jouer. Une fois que vous l'avez dÈmarrÈ, vous avez un nombre impressionnant de combinaisons possible de scÈnarii, voire de fins. Les jeux vidÈo changent ainsi notre perception du temps comme facteur irrÈversible. Nous pouvons rejouer le jeu un nombre infini de fois, chaque fois Þ partir des mÉmes arrangements, cela ne se dÈroulera jamais pareil. Est-il vraiment important de jouer un scÈnario en particulier ? Nous savons que les statuts des diffÈrents scÈnarii implÈmentÈs ou non sont exactement les mÉmes. Pour nous, il est suffisant de savoir qu'ils sont tous possibles et nous n'avons pas vraiment besoin de les jouer tous pour le prouver.
       Le monde rÈel ressemble Þ un tel jeu vidÈo, mais il est bien plus compliquÈ car les joueurs dans la vraie vie ont actuellement la capacitÈ d'altÈrer les paramÕtres et de rendre de ce fait le nombre de scÈnarii infini.
       La chose la plus intÈressante c'est que la base physique d'un jeu vidÈo est un CD qui peut Étre lu par un ordinateur. Aucun des deux n'en a rien Þ faire du contenu de ce monde virtuel particulier aux combinaisons multiples implÈmentÈes ou non. Cela veut dire que tous les scÈnarii coexistent simultanÈment sur le CD qui restera toujours le mÉme, et que cela n'a aucune importance quel scÈnario sera utilisÈ. Il est possible que la base physique de notre univers soit liÈe Þ un paramÈtrage bien au-delÞ de notre monde et peut Étre ÈtudiÈ. Mais nous en reparlerons plus en dÈtail plus tard dans ce livre.
      
       Si nous donnons une certaine considÈration Þ l'argument prÈcÈdent, nous dÈcouvrons que la diffÈrence entre une idÈe mise ou non en application est une illusion. Les idÈes sont habituellement neutres par leur nature mÉme, mais leur matÈrialisation l'est tout autant. Tout cela dÈpend de la valeur que l'on donne Þ cette neutralitÈ des idÈes et Þ leurs implÈmentations. L'histoire biblique oÛ Dieu mandate Adam de donner des noms aux plantes et aux animaux illustre la relation Ètablie entre l'univers et nous-mÉmes comme des crÈatures pensantes. Vous pouvez objecter tout ce que vous voulez, exceptÈ le fait que nous sommes vraiment des Étres pensants. Comme indiquÈ avec tellement de concision par Descartes, “Je pense, donc je suis”, la plupart d'entre nous n'objectera pas l'idÈe que nous sommes impliquÈs dans une certaine sorte d'existence. Il est intÈressant et ironique que Descartes utilise la chose la plus immatÈrielle, la pensÈe, pour prouver son existence matÈrielle. Cela veut uniquement dÈmontrer que les idÈes sont vraiment matÈrielles, car les idÈes sont l'ultime produit de la pensÈe qui est utilisÈ comme une preuve de l'existence matÈrielle du monde.
       L'univers est neutre et il existe probablement indÈpendamment de notre esprit, quoique cette idÈe ait ÈtÈ ÈlaborÈe dans un conflit entre Platon et Aristote. Cette dispute cÈlÕbre tournait autour du fait : un arbre fait-il du bruit quand il tombe si personne n'est lÞ pour l'entendre. Les humains dÈchiffrent les idÈes qui rÈgissent l'univers puis dÈveloppent les leurs, de nouvelles idÈes. Par consÈquent nous sommes une partie intÈgrale de cet univers, quoique quelques Ètranges Ètrangers (s'il en existe) pourraient nous concurrencer Þ cet Ègard.
       Nous sommes attirÈs dans un guet-apens par notre propre conscience. Nous pensons uniquement le long des voies de la logique humaine qui peuvent Étre aussi lointaines de l'univers rÈel que le sont les paramÈtrages d'un jeu vidÈo sur le disque d'un ordinateur qui les encode.
      
       Dans sa majeure partie, l'univers n'a ni de haut ni de bas, mais les humains mesurent chaque chose selon des Èchelles humaines. L'univers vit sa propre vie sans s'affranchir du temps, mais les humains le mesurent en heures et en annÈes-lumiÕre. C'Ètait comme si une fourmi venait mesurer l'amour humain en termes de ses minuscules jambes : “Elles ont senti l'amour fort d'un million jambes-fourmis et se sont embrassÈes.” C'est Þ Ãa que nos tentatives peuvent Étre comparÈes quand nous essayons de mesurer l'univers en valeurs humaines. Nous ne pouvons avoir aucune pensÈe qui ne pourrait nous Étre dictÈe par nos conditions de vie humaines. Nous sommes prisonniers des valeurs que nous connaissons, qui nous entourent, et de notre monde. Mais nous sommes les seuls Étres vivants que nous connaissons, animÈs d'idÈes sur l'univers.
       D'ailleurs, y a-t-il des animaux qui prÉtent attention aux Ètoiles ? En fait, les animaux nocturnes peuvent accumuler beaucoup plus de photons de lumiÕre sur leurs rÈtines, et c'est pourquoi ils ne peuvent voir que par la lumiÕre des Ètoiles. S'ils sont capables de cela, quelques-uns peuvent probablement voir la lumiÕre des lointaines galaxies exactement comme nos tÈlescopes. Mais avoir cette capacitÈ ne signifie pas que ces animaux sont particuliÕrement intÈressÈs par de telles recherches. Je suis tentÈ de croire que les Ètoiles n'interfÕrent pas beaucoup dans leur processus de digestion. Si nous avions leur vue, nous aurions dÈcouvert l'immensitÈ de l'univers longtemps avant nos instruments sophistiquÈs qui nous ont aidÈ Þ le faire.
       Le problÕme c'est que l'Èvolution biologique n'a jamais eu un tel but dans la production de crÈatures capables d'observer l'univers. Cette idÈe nous est apparue tel un effet secondaire quand nous avons eu besoin de chasser nos proies ou de trouver des baies dans les buissons. L'Èvolution s'est inquiÈtÈe seulement de notre survie et notre progÈniture. Les humains, Èvidemment, n'ont pas ÈtÈ conÃus pour rÈsoudre les Ènigmes de l'univers. L'Èvolution a dØ amÕrement punir ceux qui essayaient de regarder fixement les Ètoiles alors qu'il Ètait relativement plus pratique de rester Þ l'abri et en sÈcuritÈ dans des cavernes. Mais je crois que c'est le vrai but de l'Èvolution : introduire dans l'existence des espÕces la capacitÈ d'observer l'univers dans toute son immensitÈ inobservable.
       Nous, en tant qu'humains, avons la libre volontÈ d'assigner nos interprÈtations aux idÈes qui sont neutres par nature. Les idÈes ne sont ni mauvaises et diaboliques, ni bonnes et agrÈables. Elles ne sont ni charmantes ni folles. Elles ont juste le pouvoir d'exister, indÈpendamment de l'espace et du temps, et seulement quand elles sont animÈes par des humains qui les pourvoient de telles caractÈristiques.
       TrÕs souvent, nous faisons face au dilemme dont des interprÈtations devraient Étre donnÈes Þ certaines idÈes. Par consÈquent nous pouvons distinguer trois approches principales que je voudrais appeler : le nÈgativisme, le positivisme et la neutralitÈ, bien qu'elles ne soient pas nÈcessairement employÈes ici dans leur sens habituel. La neutralitÈ est contreproductive, parce qu'une fois qu'une idÈe obtient son incarnation matÈrielle elle doit d'une certaine maniÕre Étre ÈvaluÈe. Le positivisme est trÕs productif, parce que nous essayons toujours de trouver les moyens d'employer de telles idÈes de sorte qu'elles puissent nous Étre bÈnÈfiques. Le nÈgativisme comme maniÕre de penser est encore plus contreproductif que l'approche la plus neutre.
       Vous pourriez demander, cependant, qui est en mesure de dÈcider ce qui est nÈgatif ou positif afin d'Èvaluer les idÈes. Beaucoup argueraient du fait qu'il n'y a aucun cadre commun de rÈfÈrence dans la capacitÈ Þ dÈfinir ce qui est bon ou mauvais, et donc positif ou nÈgatif. Je propose d'utiliser un cadre de rÈfÈrence pour le bon et le mauvais : La HiÈrarchie de Maslow des Besoins. Selon Maslow, tout ce qui pourrait aider Þ satisfaire nos besoins est bon et tout ce qui nous empÉche de satisfaire ces besoins est Èvidemment mauvais. Naturellement cela fonctionne seulement quand, Þ la satisfaction de nos besoins, nous n'empÉchons pas des autres d'avoir les leurs.
       Les besoins basics selon Maslow sont biologiques et physiologiques : l'air, la nourriture, la boisson, les abris, la chaleur, le sexe, le sommeil, etc. Viennent ensuite les besoins de suretÈ : La sÈcuritÈ, l'ordre, les lois, la stabilitÈ, la protection contre le temps, etc. Puis, vienne les besoins du bien Étre et qui incluent l'amour et les relations humaines au travail et dans tout autre groupe social comme la famille et les amis.
      
       Les besoins d'estime incluent la nÈcessitÈ globale d'Étre acceptÈ par la sociÈtÈ, y compris l'amour-propre, l'accomplissement, l'indÈpendance, le statut, le prestige, la responsabilitÈ, les besoins de connaissance etc. Les besoins de connaissance incluent l'acquisition et la maitrise d'informations nouvelles qui sont considÈrÈes par l'individu aussi utiles qu'intÈressantes. Les besoins d'esthÈtique incluent les tentatives d'une personne de s'entourer elle-mÉme ou les autres avec des valeurs de beautÈ selon un goØt individuel. Les besoins d'individualisation incluent le potentiel de rÈalisation personnelle, la rÈalisation effective, la croissance et l'expÈrience.
       Et maintenant nous venons-en aux besoins les plus ÈlevÈs, ceux rencontrÈs par trÕs peu d'individus ayant assez rÈussis pour atteindre ce niveau. Ils incluent l'assistance aux autres dans l'avÕnement de leurs rÈalisations. N'importe quelle idÈe que nous souhaitons animer en l'introduisant dans le monde matÈriel devrait Étre ÈvaluÈe de maniÕre positive, ainsi elle pourrait nous aider Þ satisfaire les besoins mentionnÈs ci-dessus.
       Je voudrais conclure ce chapitre avec cette histoire suivante qui montre comment les diffÈrentes maniÕres d'interprÈter une idÈe nouvellement ÈmergÈe peuvent influer sur le destin d'une petite nation basÈe sur une Íle. Il Ètait une fois, une nouvelle Ètoile s'Èclaira dans le ciel. Il y avait deux petites tribus qui habitaient deux Íles sÈparÈes l'une de l'autre dans l'ocÈan. La premiÕre tribu dÈcida que cette Ètoile Ètait un astÈroÎde qui allait frapper leur Íle. Ils ont construit des radeaux et ont quittÈ leur Íle, se laissant emporter au grÈ des flots. La seconde tribu dÈcida que c'Ètait un signe que Dieu Ètait satisfait de leurs priÕres et ils dÈcidÕrent de monter sur la colline pour continuer leurs rituels.
       En rÈalitÈ, la premiÕre tribu avait raison ; c'Ètait un astÈroÎde, mais il s'Ècrasa dans les eaux loin de leur Íle. Avoir raison ne les a pas ÈpargnÈs puisque le raz-de-marÈe qui s'en est suivi les a engloutis. Et quoique l'Ètoile n'ait rien Þ voir avec leur Dieu, la seconde tribu a ÈtÈ ÈpargnÈe car en grimpant sur la colline, ils ont ÈchappÈ aux inondations, en prenant une bonne dÈcision basÈe sur de fausses hypothÕses.
       Ainsi nous pouvons voir qu'une interprÈtation de la mÉme idÈe peut signifier la vie ou la mort selon la faÃon dont nous l'interprÈtons. Bien sØr, la seconde tribu aurait subi des consÈquences diffÈrentes si l'astÈroÎde avait frappÈ leur colline. Nous ne pouvons pas assurer que donner une signification positive Þ des idÈes neutres nous aidera toujours Þ survivre, bien que si nous devons mourir de toute faÃon il est bien plus heureux de faire face Þ l'adversitÈ du haut de la colline que de partir chercher secours Þ la merci d'autres incidents aux creux des ocÈans incertains, voire impitoyables.
      
      
      

    Destruction comme moyen de crÈation

      
      
       C
       haque destruction n'est pas obligatoirement mauvaise ; la destruction du mal est bonne. Chaque crÈation n'est pas toujours bonne ; la crÈation du mal est mauvaise. En faisant Ècho Þ cette approche enfantine j'essaye de souligner que l'idÈe de la destruction est aussi neutre que n'importe quelle autre idÈe, bien que dans notre rÈflexion elle ne soit pas tout Þ fait Èvidente. Nous essayons toujours de rÈsister Þ n'importe quel genre de destruction et d'approuver n'importe quelle sorte de crÈation. Le mot `destruction' a toujours eu une connotation nÈgative dans nos esprits. Il est associÈ au `danger', `mort', `dÈgÁts' et `guerre'. L'aspect positif d'une destruction, nous l'appelons : `changement'. Nous dÈnions que ce changement puisse inclure la destruction d'un ordre prÈcÈdent. Nous souffrons moins d'une destruction des choses inanimÈes que de nos vies, car au premier abord, nous pensons que cette destruction est rÈversible.
       Nous ne devons pas oublier que l'instinct de la destruction est encrÈ dans notre nature. Pourtant, la plupart du temps nous maintenons notre comportement en mode neutre plutÒt qu'en mode destructif.
       Le processus normal de la destruction est neutre, ce qui signifie que ce n'est en soi ni bon ni mauvais au niveau personnel ou global. La rÈsistance Þ la destruction apporte une partie de l'Ènergie sur la rÈsistance individuelle. C'est comme si pour la postÈritÈ on rÈsistait contre l'effondrement d'un vieux bÁtiment instable tombant en ruine sur lui-mÉme. Une telle tentative peut coØter la vie. Ce genre de rÈsistance est injustifiÈ et dangereux.
       Essayez de lisser les vagues d'une mer orageuse. Un tel essai est beaucoup plus ÈmÈrite qu'essayer de boire la mer, comme nous l'a appris Aesop. Le rÈsultat est tout Þ fait prÈvisible. Au pire, vous vous noierez, et dans le meilleur des cas vous aurez les pieds humides. Il est Ègalement injustifiÈ d'essayer de rÈsister Þ la destruction ou Þ la crÈation. Vous pouvez ralentir le processus d'avancer, mais vous aurez rarement la possibilitÈ de l'arrÉter ou de le renverser. En acceptant cette philosophie, vous pourrez identifier la direction du changement et suivre son modÕle plutÒt qu'essayer d'arrÉter sa route.
       Le changement de saison est un bon exemple de l'irrÈsistible et intraitable cycle de la destruction et de la crÈation. Hier, tout a ÈtÈ recouvert de neige, mais aujourd'hui la vie prospÕre Þ nouveau, jusqu'Þ ce qu'elle soit stoppÈe encore l'hiver prochain. Toutes les crÈatures vivantes se sont adaptÈes Þ ces cycles Èternels. Elles ne les combattent pas ; elles les acceptent telles qu'elles sont. Les ours qui sont prÉts Þ l'hibernation n'essayent pas de construire des centrales Èlectriques et d'extraire des combustibles fossiles afin de se maintenir au chaud. Il semblerait que par notre nature-mÉme, nous essayons souvent de combattre les processus normaux du changement. Mais ce n'est pas vrai ; nous essayons juste de nous adapter Þ ces changements de la meilleure faÃon.
      
       C'est un vrai challenge que de comprendre la vraie direction que prend chaque processus Þ son dÈmarrage. Il arrive souvent que des processus de destruction et de crÈation prennent place simultanÈment, et il n'est pas toujours facile de voir le vrai paradigme et oÛ il conduit. C'est encore un plus grand challenge que de rÈsoudre un changement s'il est minime et insignifiant, ou signe d'un grand dÈcalage plus gÈnÈral. Est-il le commencement du processus de destruction massif ou juste celui des affaires courantes habituelles ?
       C'est seulement en dÈchiffrant la direction d'un processus le plus tÒt possible que nous pouvons rÈussir Þ choisir la bonne stratÈgie. Si nous devons ignorer certains signes de destruction ou nous opposer Þ eux, ou les voir comme le dÈbut d'un processus irrÈversible de destruction (comme la vieillesse, par exemple) et les acceptons comme inÈvitables et nous ajustons Þ leurs consÈquences, c'est un pas important de discernement. Un seul jour de chaleur aux derniÕres giboulÈes ne doit pas signifier que nous devons dÈjÞ planter des fleurs.
       Une fois que nous avons pris notre dÈcision quant Þ la direction du processus, nous devons nous concentrer sur le traitement des consÈquences plutÒt qu'essayer de le renverser. Car la destruction et la crÈation peuvent rouler de concert et nous risquons de choisir la mauvaise voie par une dÈcision alÈatoire et dÈtÈriorer une situation qui Ètait peut-Étre en faveur d'une nouvelle crÈation.
       NapolÈon Ètait un grand dÈcideur qui travaillait avec cette philosophie. Par exemple, quand il s'est trouvÈ isolÈ en ègypte avec sa marine dÈtruite, son armÈe lutant en pure perte contre la peste et au milieu d'une population hostile, sans possibilitÈ aucune de retrait pour rentrer au bercail, NapolÈon devait prendre une dÈcision. Il aurait pu s'accrocher Þ cette situation dÈsespÈrÈe et mourir avec son armÈe, ou il aurait pu abandonner et se rendre se qui aurait causÈ sa perte de toute faÃon. En entendant qu'il y avait une crise en France, NapolÈon opta pour une situation nouvelle, rassembla ses meilleurs gÈnÈraux et retourna en France oÛ il fut couronnÈ empereur peu de temps aprÕs. Il a pris la dÈcision d'abandonner une situation destructive pour en crÈer une autre qui pouvait lui apporter le succÕs. (Quant au cÒtÈ Èthique des actions de NapolÈon et l'abandon de ses troupes, nous ne nous Ètendrons pas sur cette considÈration.)
      
      
       Le neveu de NapolÈon, l'empereur Louis-NapolÈon III, avait l'habitude de dire que si vous Étes Þ l'avant-garde d'un nouveau changement, vous pouvez le mener ; si vous vous dÈplacez avec les changements, ils vous guideront. Mais si vous essayez de barrer la route aux changements, ils vous jetteront dehors. Si vous voulez vraiment commencer un nouveau processus crÈatif, il vaut mieux le commencer dans un nouveau secteur, plutÒt qu'essayer d'arrÉter un processus destructif dÈjÞ en cours. Il est aussi important de ne pas laisser un processus vous aspirer dans son sillage.
       étre en dehors d'un processus que vous voudriez influencer est trÕs salutaire pour vous et pour le processus. Il est trÕs difficile de rester objectif tandis que vous Étes impliquÈ dans quelque chose que vous essayez de remodeler. C'est pourquoi il est toujours bon d'agir par les tiers ou les agents du changement plutÒt que devenir un agent soi-mÉme. Nous ne pouvons pas diminuer le poids de la pression psychologique que l'environnement peut nous imposer une fois que nous sommes Þ l'intÈrieur du systÕme que nous souhaitons influencer.
       La mÉme logique de destruction/crÈation gouverne bien d'autres processus : les affaires et les cycles biologiques, les relations personnelles et les formations d'Ètoiles. La seule diffÈrence c'est que nous pouvons influencer certains de ces processus, alors que nous n'avons qu'une toute petite influence sur les autres.
       C'est une erreur, cependant, de supposer que nous pouvons avoir une influence rÈelle sur des rapports humains. C'est habituellement juste une illusion. Dans la plupart des cas nous ne pouvons changer la vie de nos amis ou celle de nos ennemis. MÉme si nous arrivons parfois Þ changer leur comportement, cela ne dure qu'une courte pÈriode et trÕs vite, ils reprennent leurs vieilles habitudes, vers le chemin de leur vie qu'ils Ètaient prÈdestinÈs Þ suivre.
       Si une personne est dans une phase destructive il y a vraiment peu de chances de l'arrÉter Þ se faire du mal ou aux autres. Les crÈateurs sont aussi bornÈs que les destructeurs.
      
       Si quelqu'un a une impulsion crÈative, il y a vraiment peu de choses qui peuvent stopper son dÈsir plein d'Ènergie. Mais la plupart d'entre nous ne sont ni crÈateurs ni destructeurs. La grande majoritÈ du peuple ne fait rien de bon et ces mÉmes personnes sont tout aussi tÉtues dans leur dÈtermination Þ ne rien faire et Þ rester seul.
       `Faire le nÈant' est un droit supÈrieur de n'importe quel Étre humain et cela peut Étre Ècrit dans la pierre ou dans la constitution de n'importe quel pays. Les gens aiment dÈfendre leurs droits fondamentaux. Bien sØr vous allez arguer qu'il n'y a pas de tels droits, mais c'est la vÈritÈ de la vie ; nombreuses personnes essayent d'Èviter les actions qu'elles pourraient faire hors de leur routine quotidienne.
       De toutes ces actions, le plus dur semble Étre de penser. Les gens Èvitent cette activitÈ dans leurs efforts qu'ils font tout au long de leur vie comme une routine et ils deviennent endurci et intraitable au possible, mÉme parfois en payant de leur vie pour n'avoir pas assez rÈflÈchi. Le Premier Ministre d'IsraÊl, David Ben-Gurion, avait l'habitude de dire que la pensÈe est un art laborieux ; peu pratiquÈ ou trÕs rarement.
       Nietzsche avait l'habitude de demander s'il est vraiment possible que la seule chose qui nous est accordÈe soit la rÈflexion et la mÈditation au sujet du monde, qui, Þ un niveau personnel, n'est rien d'autre que le dÈsespoir et qui, Þ un niveau thÈorique, donne naissance Þ la philosophie de la destruction.
       Je ne vois pas pourquoi ce dilemme Ètait si tragique aux yeux de Nietzsche. Les racines de notre dÈsespoir se situent dans le fait que nous nous considÈrons comme Ètant des entitÈs sÈparÈes du reste du monde, et dÕs que nous pensons Þ nous-mÉmes de cette faÃon, naturellement, nous ne pouvons pas Èviter de sentir l'inutilitÈ de notre courte existence. Mais qui nous assure que nous sommes ainsi sÈparÈs du monde que nous observons ? Qu'elle est exactement cette connexion entre nous et le monde physique ? Qu'est-ce qui relie notre Áme, ou comme vous voulez l'appeler, Þ notre corps ? La rÈponse est : peu de choses, en effet, si vous regardez cette situation avec des yeux impartiaux. L'entitÈ que nous dÈcrivons comme `notre Áme' ou `notre intÈrieur' n'est pas meilleure que notre carcasse mortelle. Cela se compose de vagues souvenirs, de sentiments ambivalents, de la connaissance incertaine du passÈ, d'une vision bien plus incertaine du futur et de quelques sensations attribuÈes au moment prÈsent qui nous habitent tous la plupart du temps. C'est ce que nous sommes ; C'est ce que nous appelons notre Áme.
       AprÕs tout, nous ne sommes pas sÈparÈs du monde extÈrieur. En rÈalitÈ, il semblerait que nous en sommes une part intÈgrale, comme les vagues font partie de l'ocÈan. Une fois observÈ ce point de vue, le monde n'est pas aussi insignifiant et lait qu'il n'y parait dans les limites de notre carcasse mortelle. Au contraire, il semble bien et complÕtement logique. Tout ce que nous avons besoin de faire c'est de laisser tomber la notion de nous-mÉmes en tant qu'entitÈs sÈparÈes.
       L'absence de nous-mÉmes c'est la libertÈ finale que nous devons chercher. Pourquoi ne devrions-nous pas abandonner la mauvaise habitude de regarder tout comme notre avantage ou dÈsavantage, pour nous, notre corps mortel et notre Áme trÕs mal dÈfinie ? DÕs que vous aurez fini d'agir ainsi, vous ne serez plus inquiets des menaces ou des choses qui pourraient se produire. Se libÈrer est la meilleure maniÕre de voir une image plus prÈcise de notre monde. Ce monde a existÈ des billions d'annÈes sans nous, et il continuera son existence pour d'autres billions d'annÈes Þ venir, sans s'ennuyer de nous du tout.
       La crÈation ne doit pas nÈcessairement se trouver dans le royaume des choses matÈrielles. Par exemple, selon Kant, l'acquisition de nouvelles connaissances est un acte de crÈation qui fait Ècho Þ notre Ètat par rapport Þ la nature matÈrielle des idÈes. C'est vraiment un excellent exemple de crÈation et c'est Ègalement indissociable de l'acte de destruction. C'est parce que nous pouvons nous renseigner sur un objet seulement par interactivitÈ avec lui et, dans la plupart des cas, afin de d'assimiler sa connaissance complÕte, que nous avons besoin de le dÈtruire. Le rÈsultat de cette destruction c'est la crÈation de la connaissance de l'objet qui n'existait pas avant qu'il soit dÈtruit. Ici nous pourrions mentionner une idÈe du Dr. George Ellis, qui dÈclare que la limite finale de la science de la cosmologie est basÈe sur l'unicitÈ de l'univers, de fait, il ne peut Étre ÈtudiÈ de la maniÕre dont nous Ètudions d'autres objets.
       Comme nous l'avons mentionnÈ plus tÒt, l'instinct de la destruction est encodÈ dans tous les Étres vivants par la nature elle-mÉme. La nature est conÃue pour opÈrer une auto-organisation, oÛ les parts individuelles du systÕme agissent l'une sur l'autre de maniÕre Þ assurer la stabilitÈ gÈnÈrale dans l'ensemble par des processus constants de crÈations et de destructions. Elles donnent alors naissance aux nouvelles gÈnÈrations qui se combattent pour le gain de la nourriture et de l'espace vital, puis elles meurent, en accord total avec les lois de la nature.
       Sigmund Freud a distinguÈ deux instincts de base : l'instinct de la vie (eros) et l'instinct de la mort (Thanatos). Il admit qu'une telle distinction Ètait dÈjÞ connue au moins depuis la GrÕce antique (le philosophe grec EmpÈdocle). L'idÈe de Freud sur l'instinct de la mort fait Ècho de l'inclination Þ la destruction ou, en cas d'autodestruction, cela est imprimÈ dans nos gÕnes par la nature elle-mÉme. En prÈsentant ce concept, Freud essayait d'expliquer le phÈnomÕne de l'agressivitÈ qui peut parfois Étre dirigÈ intÈrieurement, causant le suicide.
       Vers quoi l'instinct du suicide est-il dirigÈ ? èvidemment la nature s'inquiÕte que nos corps mortels soient dÈtruits, car il faut permettre Þ de nouvelles gÈnÈrations, avec de nouvelles combinaisons de gÕnes, d'employer les mÉmes ressources. Si les gÈnÈrations prÈcÈdentes ne continuaient pas Þ vivre sous une forme ou sous une autre pendant un temps indÈfini, tout ne fonctionnerait pas.
       Ainsi cela procure simplement Þ la mort un bon procÈdÈ de gestion que la nature utilise pour se dÈbarrasser du vieux matÈriel gÈnÈtique afin d'assurer le processus continu de l'Èvolution.
      
       En fait nous devons accuser le sexe d'Étre Þ l'origine de notre mort, car les microorganismes emploient toujours les voies sexuelles pour dupliquer virtuellement la vie dans leur descendance Þ moins qu'ils ne s'Èteignent naturellement.
      
       La nature ne s'inquiÕte pas d'autre chose que de la sauvegarde de son patrimoine. Elle ne traite pas notre Áme ou notre conscience. Donc, si l'Áme peut exister indÈpendamment du corps, alors elle pourrait Étre Èternelle, car il n'y a aucune raison de la dÈtruire. Leibnitz a approuvÈ Platon en disant qu'une Áme est simple et comme toute chose simple elle est indestructible. St. Augustine a basÈ ses preuves de l'immortalitÈ de l'Áme sur de vagues principes mÈtaphysiques qui ont peu de chose Þ voir avec la science objective.
       De toute faÃon, peu importe si nous croyons en existence de l'Áme ou pas. Ce qui importe c'est que la plupart d'entre nous pense qu'il y a quelque chose de plus que notre corps, et de notre conscience qui n'est rien d'autre qu'un mauvais groupe de souvenirs et un misÈrable calculateur du moment prÈsent. Sigmund Freud nous a parlÈs au sujet du sentiment gigantesque d'appartenir Þ quelque chose de beaucoup plus grand que nous et que beaucoup de gens ont expÈrimentÈ, mÉme s'il a ÈtÈ incapable de partager cela avec eux. Mais tout ce que nous sentons n'est pas divisÈ en parties bien distinctes entre ce qui est vrai et ne l'est pas. La dÈfinition de la rÈalitÈ est vague de par sa nature car elle est basÈe sur nos perceptions sensorielles qui sont incontestablement trompeuses.
       DÈnier la rÈalitÈ peut Étre un appui objectivement dÈfinissable de notre conclusion que les processus de crÈation et destruction qui rÈgissent la prÈtendue rÈalitÈ sont juste les deux cÒtÈs de la mÉme piÕce de monnaie, une piÕce que nous devons apprendre Þ renverser de la maniÕre la plus avantageuse.
      
      

    Le monstre aveugle

      
      
       L
       e mot `conscience' n'est pas beaucoup utilisÈ de nos jours. Quoique nous comprenions la conscience comme `un avertissement' d'un aspect moral ou Èthique pour conduire les gens ensemble afin de prÈfÈrer le bien du mal, comme pour dire : “Laissez votre conscience Étre votre guide.” Mais comment pouvons-nous Étre guidÈs par quelque chose que nous n'utilisons pas beaucoup ? Pouvons-nous assumer que l'utilisation de ce monde signifie la dÈtÈrioration de notre capacitÈ Þ utiliser cette source de morale et de jugement Èthique ? Si nous passons en revue l'hÈritage Ècrit des siÕcles prÈcÈdents nous serons ÈtonnÈs de constater que ce mot Ètait alors largement et plaisamment utilisÈ.
       Puisqu'il est raisonnable de croire que le langage reflÕte les tendances courantes dans une sociÈtÈ, nous pouvons identifier le problÕme comme une cause des temps modernes ne nous encourageant pas Þ employer notre conscience, en conformitÈ avec notre propre bon sens de bonne conduite et d'injustice.
       Selon la thÈorie freudienne notre comportement est basÈ sur les concepts de l'identification, du moi, et du super-ego. Tandis que l'identification vient de notre subconscient et soutient notre moi, le super-ego est imposÈ chez nous par l'influence de la sociÈtÈ. La conscience est dÈfinie dans la psychanalyse comme une partie du super-ego qui juge la nature morale des pensÈes et des actions, puis transmet cette dÈtermination Þ l'Ègo pour considÈration.
       Il semble que l'un des dÈveloppements de la sociÈtÈ moderne est que le comportement de ses membres est plus rÈglÈ que cela ne l'Ètait auparavant. Nous semblons obtenir de plus en plus de libertÈ et c'est vrai ; cependant avec de nouvelles libertÈs viennent de nouvelles responsabilitÈs, et donc, les fonctions rÈgulatrices de la sociÈtÈ deviennent primordialement omniprÈsentes. Par exemple, il y a un siÕcle, les lois d'honneur Ètaient aussi valables que les lois publiÈes par la lÈgislature, et si une personne avait le sentiment qu'elle avait ÈtÈ insultÈe, les lois d'honneur dictÈes l'autorisaient de provoquer un duel pour rÈsoudre le problÕme, ce qui rejetait en fait n'importe quelle procÈdure de cour. Je n'essaye pas ici de dÈfendre les rÕglements de compte par des conflits ; mon point de vue, c'est que le systÕme de traditions et de lois qui rÈgulent la vie en sociÈtÈ Ètaient par le passÈ bien plus compliquÈes et parfois contradictoires.
      
       De nos jours le super-ego est principalement manipulÈ par des rÕgles de la sociÈtÈ et ne laisse pas beaucoup de pouvoir de dÈcision Þ l'individu lui-mÉme. Les choses sont aujourd'hui moins compliquÈes.
       Le dÈveloppement d'une sociÈtÈ de bien-Étre qui garantit un minimum Þ chacun, nous libÕre de la responsabilitÈ de participation dans l'aide directe au pauvre et rÈtrÈcit nos responsabilitÈs au paiement opportun d'impÒts.
       Avec les progrÕs Ènormes qui ont ÈtÈ faits dans des mÈdias et les communications, les individus ne font plus partie d'un Ètat national particulier et deviennent les tÈmoins de nombreuses tragÈdies artificielles et naturelles presque en temps rÈel. Nos capacitÈs Þ fournir l'aide nÈcessaire est aussi virtuellement illimitÈ. C'est un fait bien connu que pour le prix d'un dollar par jour le citoyen de n'importe quel pays occidental peut soutenir un individu indigent dans beaucoup de pays du tiers-monde qui feraient autrement face au risque de mort presque inÈvitable de la faim et de la maladie.
       Bien que le rÉve d'un monde “meilleur” ait ÈtÈ plÈbiscitÈ pendant longtemps, jusque lÞ nous n'avons pas rÈussi Þ rÈsoudre cette question pressante. La plupart d'entre nous pensent que ce n'est pas de notre responsabilitÈ de s'inquiÈter de ce qui se passe dans quelques villages au Soudan. Si nous Ètions responsables de cela, notre gouvernement aurait introduit une sorte de taxe spÈciale Þ cette fin et si c'Ètait couronnÈ de succÕs, en termes de “vente” de cette idÈe au grand public, alors nous nous y soumettrions en permanence. Nous n'utilisons pas notre conscience pour dÈcider si Þ un niveau personnel nous avons vraiment besoin d'avoir quelques plaisirs supplÈmentaires Þ utiliser ces dollars pour sauver quelqu'un quelque part dans le monde.
       La plupart d'entre nous nous pensent Étre l'individu parfaitement moral. Selon quelques statistiques passablement provocantes, plus de 10% de Nord-AmÈricains croient qu'ils finiront en enfer. La question qui monte aussitÒt Þ l'esprit, c'est pourquoi nous suivons heure par heure les reportages terrifiants de part le monde sans rien faire pour fournir une aide efficace.
      
       Pourquoi les mÈdias nous accablent avec des images de cadavres, d'enfants mourants et autres scÕnes vraiment affreuses ? Apparemment, ces images sont utilisÈes pour attirer notre attention, principalement Þ l'heure de grande Ècoute, pour maximiser les profits publicitaires des rÈseaux de diffusion.
       Nous dÍnons paisiblement en regardant la tÈlÈvision. Entre le plat principal et le dessert, nous observons des cadavres flottant le long des rues aprÕs un tsunami, ou une bande de cadavres dÈmembrÈs aprÕs une attaque terroriste. Et toutes ces images nous agressent jour aprÕs jour, semaine aprÕs semaine, mois aprÕs mois, annÈe aprÕs annÈe. Voici les premiÕres images que nous avons vues Þ la tÈlÈvision dans nos tendres annÈes, et voici les derniÕres images dont nous serons tÈmoins en maison de repos. Pourquoi ? Pourquoi la mort est-elle devenue un divertissement, une sorte de terrifiant hors-d'œuvre ?
       Comme nous l'avons mentionnÈ plus tÒt, la plupart d'entre nous ne comprennent pas pourquoi nous sommes fortement influencÈs par les images que nous voyons Þ la tÈlÈvision. Parfois nous ne pouvons pas distinguer entre les images de violence rÈelle, la mort que nous voyons Þ la tÈlÈvision et celles que nous rencontrons dans la fiction qui peuvent Étre aussi sanglantes. Nous employons toutes sortes de mÈcanismes protecteurs pour faire face Þ l'exposition de ces images affligeantes. Et de la mÉme maniÕre que nous avons appris Þ considÈrer ce que nous voyons dans les films comme tout simplement irrÈel, nous extrapolons facilement notre sentiment de non-rÈalitÈ aux scÕnes rÈelles de violence. Il doit Étre admis que les films ont rÈussi Þ exÈcuter certains meurtres avec un rÈel degrÈ de rÈalisme pour que les nouvelles rÈelles semblent fades en contraste. Ainsi dans une situation oÛ la rÈalitÈ est moins dramatique et spectaculaire que la fiction, nous pouvons facilement employer nos mÈcanismes de copiage.
       Beaucoup de personnes prÈtendent que les mÈdias jouent un trÕs petit rÒle dans leurs vies et que mÉme s'ils passent vraiment de longues heures devant la tÈlÈvision cela n'affecte ni leur comportement, ni leur Ètat d'esprit. Si c'Ètait vraiment vrai, nous aurions ÈtÈ tÈmoin d'une chute spectaculaire des nouvelles industries du spectacle, parce que les gens arrÉteraient simplement de regarder la tÈlÈvision et interrompraient donc leurs contributions aux campagnes publicitaires qui fournissent l'appui financier Þ ce secteur controversÈ de la vie moderne.
       Nous rÈagissons Þ ces scÕnes de violence et d'agression Þ un niveau physiologique. Notre frÈquence cardiaque s'accÈlÕre et notre tension artÈrielle monte lÈgÕrement, ce qui veut dire que nous Èprouvons un stress permanent, que nous le rÈalisions ou non. Il est difficile de dire Þ quel point un tel effort contribue au dÈveloppement de diffÈrentes pathologies dans nos systÕmes psychologiques et physiologiques. Quand nous nous sentons menacÈ par de telles situations, comme des actes de violence ou des meurtres, nous avons inconsciemment besoin de rÈpondre par la fuite ou le combat, et c'est la cause de notre stress. L'adrÈnaline est une hormone qui nous aide Þ dÈcider ce que nous devons faire dans une situation stressante, et regarder les programmes de la tÈlÈvision contemporaine nous cause certainement une lÈgÕre mais rÈguliÕre surproduction d'adrÈnaline. Ce serait pareil si nous absorbions une certaine dose de poison pharmacologique adÈquate, mais dans le cas de la tÈlÈvision nous absorbons une influence psychologique destructive.
      
       Nous possÈdons des systÕmes psychologiques complexes qui nous permettent de faire face Þ diffÈrentes sortes de stress. Nous les utilisons dans le cas oÛ nous devenons sujet Þ sentir une tension et un stress ; par exemple, la honte cognitive de dissonance est le potentiel de faire ou de ne pas faire quelque chose en dehors de nos valeurs. Pour manipuler ce malaise nous utilisons diffÈrents mÈcanismes rÈactifs. Regarder les informations crÈe presque toujours de tels sentiments, car un Étre moral normal ne peut pas tranquillement et joyeusement bouffer un hamburger tout en regardant quelqu'un mourir de faim. Nous pouvons traiter cela seulement en utilisant les dÈfenses psychologiques suivantes :
       L'un des plus simples mÈcanismes qui peut nous aider Þ rÈgler le problÕme est l'esquive. Nous pouvons mentalement ou physiquement Èviter quelque chose qui provoque la dÈtresse. Changer de canal ou essayer de ne pas regarder pendant quelques secondes le sujet qui nous stress, ou mÉme mieux, ne plus regarder les nouvelles du tout. Mais, comme avec d'autres mÈcanismes de dÈfense tout aussi inefficaces, cela ne peut pas rÈgler le problÕme, car un retrait complet de la rÈalitÈ moderne peut difficilement Étre considÈrÈ comme le comportement d'un individu normal.
       Une autre maniÕre de traiter le problÕme est le cloisonnement. Nous pouvons sÈparer des pensÈes conflictuelles dans des compartiments mentaux sÈparÈs ; par exemple, nous pouvons considÈrer que manger un hamburger n'a absolument rien Þ voir avec des enfants morts parce qu'ils font partie de sujets diffÈrents et totalement sÈparÈs. C'est probablement la solution la plus frÈquente que nous employons. En agissant ainsi, nous Èvitons un possible conflit interne avec notre conscience qui pourrait naturellement se produire si nous ne sÈparions pas les ÈvÈnements en les traitant sÈparÈment.
      
       Mais en raison d'un tel cloisonnement nous pouvons Èprouver la conversion : La conversion subconsciente du stress en symptÒmes physiques. Les maux de tÉte inexpliquÈs, le vertige, la fatigue, et autres prÈtendus symptÒmes mineurs peuvent trouver leur origine dans le mÈcanisme de dÈfense de la conversion.
       Un autre choix populaire, c'est le dÈmenti. En refusant de reconnaitre qu'un ÈvÈnement s'est produit nous essayons de balayer le problÕme. Cela peut Étre difficile, principalement si vous avez une tÈlÈvision Þ large Ècran et que les enfants morts de faim apparaissaient presque aussi vrais que s'ils Ètaient dans votre propre salon Þ vouloir manger la moitiÈ de votre hamburger.
       Si tous ces mÈcanismes de dÈfense ne fonctionnent pas, en dernier recours, nous pouvons utiliser le dÈplacement, ce qui signifie le dÈcalage d'une action prÈvue vers une cible plus sØre. Par exemple en ne mangeant pas le hamburger au moment oÛ passent les titres sur le Soudan, mais au moment oÛ nous dÈcidons de sponsoriser un enfant via les instituts de charitÈ, qui font en rÈalitÈ un grand travail ; bien qu'ils ne soient pas assez efficaces puisque nous continuons de voir en permanence des enfants morts de faim Þ la tÈlÈvision. Si de tels mÈcanismes de dÈfense fonctionnaient parfaitement pour nous tous, nous aurions rÈsolu le problÕme et le jour suivant aurions plaisir Þ regarder les marguerites Þ la tÈlÈvision plutÒt que des images d'horreur.
      
       Une autre maniÕre de traiter des nouvelles angoissantes est la dissociation, qui nous permet de nous sÈparer de la prÈsente partie de notre vie. Nous essayons de nous convaincre que cet ÈvÈnement n'a rien Þ voir avec nous, c'est pourquoi nous devons laisser de cÒtÈ toutes ces horreurs et persister Þ imaginer que tout cela est si lointain qu'il n'existe pratiquement pas. Nous pourrions aussi employer l'idÈalisation en essayant de jouer sur les points positifs et ignorer les limitations des choses dÈsirÈes. Par exemple, nous pouvons nous dire que si telles scÕnes deviennent Èparses, cela veut dire qu'une attention publique s'est rÈalisÈe, que l'issue de cet ÈvÈnement est proche et que tout sera fait dans les meilleures conditions en donnant toute l'aide nÈcessaire et en Èvitant que de telles horreurs se produisent Þ nouveau.
       Une autre faÃon de tricher avec notre conscience, c'est l'intellectualisation. Cela est le plus souvent attribuÈ Þ la capacitÈ de l'esprit de penser scientifiquement ou philosophiquement. Utiliser l'intellectualisation comme mÈcanisme de dÈfense implique d'Èviter les Èmotions incommodantes en se concentrant sur les faits et la logique. Nous pourrions arguer du fait que dans la nature certains mÈcanismes sont normaux, qu'ils fonctionnent toujours, mÉme dans la sociÈtÈ humaine, et qu'il y a toujours eu des peuples morts de faim Þ diffÈrentes pÈriodes et dans diffÈrentes places, et qu'en se sentant mal sur le sujet ou en se privant de manger un modeste souper comme cet hamburger chÈtif, cela n'aidera personne. Nous pouvons vÈrifier des statistiques du monde et voir que des enfants sont toujours morts de la faim et de maladie, et qu'en fait les taux de mortalitÈ en Europe mÈdiÈvale Ètaient probablement plus ÈlevÈs qu'en nos temps modernes au Soudan. Chaque nation doit surmonter certaines pÈriodes de hauts et de bas ; et qui peut savoir ce qui va nous arriver avec tout l'arsenal de catastrophes que la nature et les humains mettent Þ notre disposition, et qui nous attendent Þ l'avenir ! Puisqu'il est raisonnable de s'attendre Þ un certain degrÈ de rÈciprocitÈ, cela veut-il dire que le Soudanais fera quelque chose pour nous aider en temps utile, ou est-il plus probable que nous seront livrÈs Þ nous-mÉmes pour mourir ?
      
       En prenant cette voie, nous sommes proches d'un autre mÈcanisme de dÈfense psychologique, la rationalisation, par laquelle nous crÈons des raisons logiques Þ des situations problÈmatiques. Nous pourrions dire que ces Soudanais devraient prendre un blÁme pour ce qui leur arrive, parce qu'ils sont paresseux et arrogants. Si nous arrÉtions de travailler, nous commencerions aussi Þ mourir de faim, il n'y a donc rien que nous pouvons faire pour les aider car peu importe combien nous travaillerons dur pour les aider, ils trouveront toujours le moyen de s'engouffrer dans la voie de la dÈchÈance vitale, considÈrant que cette perspective est pour eux parfaitement normale. Ce serait pareil que si nous essayions d'amÈliorer les conditions de vie des gorilles dans la jungle africaine. Nous pourrions dire que quelques nations sauvages ont justement rÈussi Þ restreindre leur cannibalisme ; et qui sait si elles sont dÈterminÈes Þ garder ces restrictions ? Pouviez-vous imaginer que cette rÈflexion sur notre hamburger Þ moitiÈ mangÈ pouvait nous amener Þ discuter sur le cannibalisme ? Pour faire simple, ils sont morts de faim parce qu'ils ont cessÈ de se manger entre eux ! Naturellement nous n'exprimerons pas de telles pensÈes en public, mais nous devons admettre que certains d'entre nous sont susceptibles de penser de cette faÃon.
       Le plus faible d'entre nous utiliserait la rÈpression en gardant cachÈes ces pensÈes fÁcheuses qui tÒt ou tard trouvent une voie inattendue dans nos vies, impactant notre santÈ psychologique et physique.
       Mais le pire de tous les mÈcanismes possibles de dÈfense est la banalisation, oÛ nous essayons de minimiser ce qui est en rÈalitÈ grand. Par exemple, quand nous pensons Þ la mort d'enfants comme quelque chose de banal et fatal.
       Seuls quelques rares individus comme Bill et Melinda Gates, qui apportent un support financier aux nations africaines dans des proportions comparables Þ celles de l'Organisation Mondiale de la SantÈ, peuvent avoir la conscience tranquille sans avoir recours Þ des mÈcanismes de dÈfense inefficaces. Mais de telles personnes auront toujours les mÉmes problÕmes Þ consommer notre hamburger en regardant des enfants morts, quelle que soit leur degrÈ d'implication dans la lutte contre la famine et la maladie dans les parties les plus infortunÈes du monde.
       Nous venons de voir en dÈtail les mÈcanismes de dÈfense qui nous aident Þ Èviter de faire les choses que notre conscience nous pousse Þ faire. Maintenant il est temps d'examiner la situation opposÈe : celle oÛ certains d'entre nous font des choses auxquelles normalement notre conscience s'opposerait.
       Si nous considÈrons la cinÈmatographie moderne comme un moyen de connaitre les maniÕres d'agir et de penser des membres de notre sociÈtÈ, nous pouvons en tirer les conclusions suivantes :
       Les gens au caractÕre positif cambrioleront une banque s'ils pensent qu'ils ont une grande chance d'en rÈchapper. Ils peuvent aussi tuer, mais naturellement de tels meurtres devront Étre justifiÈs par une action agressive de la part de la victime. Souvent ces meurtres se produisent Þ contrecœur et par dÈfaut, c'est la victime elle-mÉme qui devrait Étre Þ blÁmer, bien que gÈnÈralement nous n'apercevions aucune trace Èvidente de regret pour les caractÈriels nÈgatifs assassinÈs.
       Les fins oÛ les mauvais caractÕres vivent `heureux pour l'ÈternitÈ' sur une Íle paradisiaque perdue dans le pacifique, loin du pays oÛ le crime bÈnin a eu lieu, sont la norme dans la plupart des films.
       Dans d'autres films nous sommes les tÈmoins de moins d'offenses Èmises par les gens au caractÕre positif comme tricher, tromper, voler, et maltraiter les autres physiquement ou verbalement. Et tout cela avec d'autres crimes plus sÈrieux sont considÈrÈ comme un comportement `normal'. On suppose que le spectateur comprend que de telles exagÈrations sont faites pour rehausser l'idÈe principale du film comme crÈation d'art. En fait, le comportement humain est presque entiÕrement basÈ sur le suivi du modÕles comportemental des autres personnes et, que nous l'aimions ou pas, nous sommes forcÈs d'accepter presque inconsciemment les stigmates imposÈs de ce comportement et dont nous sommes tÈmoins dans ce que nous appelons le septiÕme art. Un autre problÕme, c'est le fait que de nombreux spectateurs n'ont pas la capacitÈ d'avoir un regard critique ; et de tels comportements asociaux, comme ceux qui sont impunÈment montrÈs, sont dÈsormais imprimÈs dans la conscience mais tout aussi dans le subconscient.
       Cette situation crÈe une autre sorte de stress, car nous sommes en conflit agressif entre les normes standards du comportement social et les impulsions Þ agir anarchiquement qui sont enracinÈes dans le septiÕme art. Comment un employÈ de banque peut dÈcemment arriver Þ son poste de travail un jour aprÕs avoir vu un film oÛ d'autres employÈs de banque dÈrobaient la caisse et reportaient cela sur leur directeur dÈtestÈ, quand le seul motif pour celui-ci d'Étre dÈtestÈ Ètait qu'il imposait Þ ses employÈs de suivre les procÈdures Þ la lettre. Et ces anciens employÈs vivent ensuite une vie heureuse ! profitant de leur fortune volÈe de cette “mauvaise” banque, considÈrÈe comme telle uniquement parce qu'elle payait de bas salaires !
       Il y a tant d'autres films qui prÈsentent fiÕrement des comportements criminels comme exemple Þ suivre. L'explication officielle la plus commune, c'est que ces films prÈsentent des idÈes oÛ la vie d'un individu moyen n'est pas assez bonne ou laisse Þ dÈsirer. Dans les films, les caractÈriels prennent des mesures outrageuses pour changer leurs circonstances. Les spectateurs qui regardent ces films sont transportÈs par cette notion de changement et ils fantasment sur leur propre vie...
      
       Au lieu d'enseigner au spectateur comment rÈussir sa propre vie ou de lui faire passer un message morale pseudo-positif, ces films crÈent dans le public un sentiment constant d'insatisfaction. Avec l'influence destructive des nouvelles tÈlÈvisÈes mentionnÈes ici, l'impact global des medias en gÈnÈral peut Étre dÈvastateur en termes de support fertile Þ la dÈpression et Þ l'anxiÈtÈ. Il alimente l'industrie pharmaceutique et encourage la production d'antidÈpresseurs.
       Selon “DÈpression, Faits et Statistiques” de Bob Murray et Alicia Fortinberry du 15 janvier 2005, “La dÈpression est l'un des plus grands flÈaux meurtrier de nos jours.” La dÈpression affecte environ 18.8 million d'American adultes par an, soit environ 9.5% de la population des USA ÁgÈe de18 ans et plus.
       Chacun de nous sera Þ un moment ou Þ un autre de sa vie affectÈ par la dÈpression, pour eux-mÉmes, leurs proches ou leur entourage. Les ÈlÕves du cours prÈparatoire sont porteurs du plus grand besoin en antidÈpresseurs. Au moins 4% des ÈlÕves du cours prÈparatoire aux USA, soit plus d'un million d'enfants, sont cliniquement dÈpressif. Le taux d'augmentation de la dÈpression infantile avoisine Ètonnamment les 23%. 15% de la population des pays les plus dÈveloppÈs souffrent de sÈvÕre dÈpression ; 30% des femmes sont dÈpressives, mais 41% des femmes dÈpressives sont trop occupÈes pour demander de l'aide.
       Veuillez noter que pour cette mÉme source, 15% des dÈpressifs sont assujettis au suicide ! En 2020, la dÈpression sera la seconde plus grande cause de mortalitÈ aprÕs les maladies cardiaques, et les Ètudes montrent que la dÈpression est aussi contributrice aux facteurs des maladies coronaire.
       Les causes principales de la dÈpression Þ court terme sont considÈrÈes comme due Þ une perte ou d'un trauma important quand peu ou plus rien ne peut Étre fait pour prÈvenir de tels ÈvÈnements d'infortune, et qui sont susceptibles d'Étre une part de la vie d'un individu pour une assez longue pÈriode. Nous parlons du succÕs des pays occidentaux oÛ les actes de guerre et la rÈpression humaine sont rares, bien que mÉme lÞ, les choses ne soient pas aussi simples qu'elles semblent l'Étre.
       En fait, selon des scrutins ÈditÈs dans le Le Figaro du 24 septembre 2005, dans l'article “Le bonheur en Èquation” de Gilles Denis, Þ la question : “Étes-vous satisfait de votre vie ?” les rÈponses du peuple franÃais Ètaient moins enthousiastes que cette du peuple ghanÈen ! Cela prouve combien le dÈveloppement Èconomique ne va pas obligatoirement de pair avec le facteur du bonheur.
      
       Chronique ou au cours d'une vie, la dÈpression peut Étre causÈ par un traumatisme lors de l'enfance, en incluant : l'Èmotion ; les abus physiques ou sexuels ; les menaces et les hurlements abusifs ; la nÈgligence (mÉme due au fait que les deux parent travaillent) ; les critiques ; l'espÈrance inappropriÈe ou peu claire ; la sÈparation maternelle ; les conflits familiaux ; le divorce ; penchants ou violence en famille, avec les voisins ou Þ la tÈlÈvision ; le racisme ; et la pauvretÈ.
       Si nous analysons la liste ci-dessus des causes de dÈpression Þ long terme, nous pouvons Étre tentÈs de les rÈordonner selon leur relation de cause Þ effet.
       Les mÈdias confus, irritants et stressants qui sont principalement livrÈs par la tÈlÈvision peuvent augmenter le cÒtÈ Èmotionnel, comme les occasions d'abus physiques et sexuel. C'est la dure preuve que la violence Þ l'Ècran augmente la violence dans la communautÈ et nous prÈsenterons des statistiques appropriÈes sur le sujet un peu plus loin dans ce livre.
       Ce qui n'est pas directement provoquÈ par le comportement abusif de la tÈlÈvision est souvent provoquÈ par un mixage d'informations venant des films qui prÈsentent une morale fourbe comme standard, et crÈent en fin de compte les espÈrances inopportunes ou peu claires qui, Þ leur tour, complÕtent la liste des causes de dÈpression.
       Ainsi, comme indiquÈ dans nos fameuses statistiques, en plus de tous ces aspects nÈgatifs les mÈdias assassinent actuellement une partie de leur public en causant des dÈpressions et en accroissant considÈrablement le taux de suicide.
       Pourquoi en est-il ainsi ? Y a-t-il une sorte de conspiration derriÕre tout ce qui vu Þ la tÈlÈvision ? C'est un fait bien connu, les enfants passent prÕs de vingt heures par semaine Þ regarder la tÈlÈvision. Beaucoup d'adultes sont engagÈs dans la mÉme activitÈ avec un nombre d'heures comparable. Durant la guerre froide, nous aurions pu soupÃonner le KGB d'essayer de dÈstabiliser la sociÈtÈ occidentale en subornant les mÈdias au profit des Communistes. Qui allons-nous blÁmer aujourd'hui ? Les Islamistes radicaux nous incitent-ils Þ la nuditÈ ? Ou les Nord-CorÈens essayent-ils de corrompre notre jeunesse ?
       Apparemment nous n'avons personne d'autre que nous-mÉmes Þ blÁmer. Tout commence par la dÈtÈrioration morale des individus qui n'emploieraient pas leur conscience comme un guide pour leurs actes. Notre sociÈtÈ bien dÈveloppÈe avec ses Ècoles et ses prisons Èduque la populace de maniÕre Þ employer pÈniblement notre conscience ; et nous terminerons donc ce chapitre sur les monstres aveugles, comme nos mÈdias modernes corrompent nos enfants et nous poussent sur la voie du suicide.
      
      
      

    L'ÈternitÈ finit aujourd'hui

      
      
       D
       ans une province il n'y avait aucun rÈsidant. Cette terre avait ÈtÈ intentionnellement laissÈ vide et sanctifiÈe par des prÉtres afin de prouver, pour des raisons scientifiques, le principe sÈculaire qu'un endroit saint n'est jamais un endroit vide. Toute personne qui s'installait lÞ, par erreur ou volontairement, Ètait expulsÈe ; les logements Ètaient dÈmolis et, une fois les dÈcombres dissipÈs, l'herbe Ètait replantÈe pour flotter librement au vent.
       Dans mon pays, les habitants ont commencÈ Þ lutter avec la sagesse antique depuis longtemps. Mon pays Ètait un nouveau type d'Ètat, oÛ tout Ètait libÈral, oÛ tout Ètait propre, nettoyÈ jusqu'aux ordures, les piÕces de monnaies ou mÉme les semelles de chaussures, chacun accomplissant ses propres tÁches pour ne pas dÈranger les autres. La justice de mon pays Ètait ÈlevÈe au niveau de la vÈnÈration, et les gens y croyaient comme les Catholiques avec la vierge Marie. Dans mon pays ce sont de simples cancrelats qui en ont profitÈ le plus, car leur acte d'oblitÈration Ètait appelÈ `insecte contrÒle' plutÒt que `destruction'. “Laissez-moi vous contrÒler,” a dit le destructeur Þ celui qui Ètait sur le point d'Étre dÈtruit, et avant que quelqu'un ne tombe Þ la trappe de l'illusion, il s'est mÉme senti d'une maniÕre ou d'une autre plus Þ l'aise. Mais alors, une fois pulvÈrisÈ et en observant la lumiÕre du monde sortant avant lui, il a supposÈ que les choses Ètaient comme elles Ètaient toujours : la destruction Ètait toujours la destruction. Le reste du temps, le destructeur utilisait le mot contrÒle et ceux qui Ètaient sur le point d'Étre dÈtruits se sont calmÈs d'eux-mÉmes : “Ce n'est donc pas un meurtre ;” alors, “peut-Étre passera-t-il,” et “peut-Étre c'est autre chose ; peut-Étre ce contrÒle est mÉme une bonne chose.” Ne dites pas que sur cette derniÕre ÈternitÈ, qui arrive maintenant Þ son terme, les gens ne sont plus intelligents.
      
       þ propos, je peux facilement prouver que l'ÈternitÈ touche Þ sa fin aujourd'hui. Vous ne me croyez pas ? Bon ! L'esprit curieux n'accepte plus rien sur la foi. Et votre esprit est curieux, n'est-ce pas ? C'est une bonne chose d'Étre curieux, je dis ! Ainsi, l'ÈternitÈ finit aujourd'hui parce que tout qui Ètait jusqu'Þ aujourd'hui finit et tout qui sera est aussi fini, c'est la seule voie possible tout autour. Vous ne l'aimez pas ? Bien, cela veut certainement dire que vous Étes un rÈsidant de mon pays. Les rÈsidants de mon pays ont une approche trÕs modÈrÈe et ne jouent jamais avec le temps. Ils n'ont tout simplement pas de temps pour cela.
       Il y avait beaucoup d'occupants dans la province oÛ personne n'a vÈcu, mais on ne les a pas vus comme rÈsidants. Ils y ont passÈ beaucoup de temps, fondant des refuges provisoires, mais malgrÈ leur sÈjour dans ce secteur pendant des centaines d'annÈes on ne les a jamais vus comme des rÈsidants permanents. Ils avaient une carcasse jetable, des pensÈes jetables, et mÉme des Ámes jetables, et chaque soir ils rejetteraient ces choses quotidiennes aux ordures et au matin ils en prenaient de nouvelles du paquet. Comme ces choses Ètaient importantes, elles ne pouvaient pas Étre chÕres ou faites de faÃon complexe. Donc tout a ÈtÈ fait pour Étre agrÈable et bon marchÈ, mais de qualitÈ acceptable. Vous vous levez le matin, recevez une nouvelle Áme en paquet, l'ouvrez en dÈchirant l'emballage, et la mettez sur vous, agrÈable et bien en place, propre et tout Þ fait pratique. Comment n'y avaient-ils pas pensÈ plus tÒt ? Les Ámes jetables sont bien plus propres, plus Èconomiques, et certainement plus seines que ces vieilles, usÈes, multi-utilisÈes. La dÈcouverte a ÈtÈ faite avant la derniÕre guerre mondiale, quand l'armÈe a monopolisÈ cinquante millions d'Ámes disponibles. L'effet Ètait surprenant, pas d'Èclaboussure et aucune agitation ; tout Ètait beau et propre, comme dans une morgue exemplaire.
       Les pensÈes jetables se sont avÈrÈes Étre un produit pas moins populaire et elles ont amÈliorÈ la santÈ d'une grande proportion de la population malade, tandis que la population saine est devenue si saine que chacun pouvait en faire un peu plus qu'appliquer un `contrÒle'. Ils avaient vraiment surpassÈ leur accueil : sÈance dans les cafÈtÈrias, tour dans leur Mercedes Benz, vie plus longue que celle de la population de votre pays moyen. C'Ètait bien, ils avaient toujours des souvenirs jetables, sinon, les choses auraient ÈtÈ bien plus compliquÈes.
       Chacun a donc trouvÈ ces pensÈes jetables trÕs sympathiques. D'abord elles ont ÈtÈ vendues dans des boÍtes dÈmodÈes appelÈes "la Presse". Mais avec l'apparition de la technologie universelle bien connue comme la tÈlÈvision, les pensÈes ont commodÈment ÈtÈ empaquetÈes par dix, vingt-cinq ou cinquante et cela est devenu rapide et facile de penser Þ elles. Le peuple a aimÈ cela, et le pays tout entier encore plus. Internet a prÈsentÈ encore plus d'emballages pratiques, par centaines, avec en plus, un Þ dix paquets de sexes jetables et gratuits.
       L'homme nanti d'une Áme et de pensÈes jetables n'a plus eu besoin d'Ètablir des racines avec sa terre, principalement parce que ses logements Ètaient pour toujours dÈmolis, puisque les autoritÈs avaient dÈcidÈ de garder les provinces inhabitÈes, et les rÈsidants Ètaient contents d'avoir une maison jetable qu'ils ne regretteraient jamais grÁce Þ leurs souvenirs jetables, comme toutes les autres choses, d'ailleurs !
       Une rÈvÈlation majeure de ce progrÕs fut la vie jetable. Il fut un temps oÛ d'anciens sauvages, au goØt de Galileo et Bruno, se prÈparaient Þ partir au pieu pour le travail de leur vie. C'est devenu complÕtement superflu une fois que la conscience jetable a ÈtÈ inventÈe. Cela ne pouvait pas Étre honteux pour son mauvais comportement du jour d'avant et donc c'Ètait toujours propre et frais, et il a absorbÈ trois fois plus qu'une conscience n'aurait pu digÈrer auparavant.
       La vie jetable Ètait changÈe frÈquemment. Il Ètait considÈrÈ comme impropre de se voir avec une vie qui avait dÈjÞ donnÈ du service. Les vies Ètaient vendues dans de grandes boÍtes avec des Ètiquettes colorÈes, dÈpeignant des guÈrisseurs, des sculpteurs, des politiciens et des auteurs. C'Ètait irrationnel. Les vies sont maintenant vendues dans de simples paquets, comme des savonnettes, ÈtiquetÈes avec des lettres comme : BA, MA, et Ph.D. Vous pouvez Ègalement obtenir une vie avec un numÈro dessus ou mÉme sans nom, dans l'emballage bon marchÈ et avec l'inscription : “Ce Que Vous Faites Comme MÈtier.” avec un point final Þ la fin de la phrase, car chaque jour cette matiÕre est complÕtement rÈinventÈ.
       Surtout, les rÈsidants de la province inhabitÈe se sont mis Þ la foi jetable. Un jour vous achetez une foi verte et le lendemain vous passez le jour entier en mode vert. Alors vous achetez une foi rouge et passez le jour suivant en mode rouge ; le jour d'aprÕs c'est le bleu. C'est vrai, le marron est banni, bien qu'il soit vendu partout de mÉme qu'auparavant, seulement avec une Ètiquette implicite : "ce n'est pas marron, mÉme si vous pensez que c'est marron." Vous pouviez aussi obtenir le marron en achetant chaque foi de diffÈrentes couleurs. Vous pouviez dire que ce n'est pas une foi, mais une conviction. Non ! Dans mon pays de telles idÈes n'ont plus ÈtÈ de mise une fois que le Dieu jetable eut ÈtÈ inventÈ. Cette sorte de Dieu s'est avÈrÈ Étre trÕs conviviale.
       Tout d'abord vous pourriez en acheter un juste quelquefois pour une durÈe de vie : si vous tombiez malade ou finissiez aux obsÕques... disons que vous pouviez partir sans plus jamais rien acheter du tout. Le Dieu jetable fut ensuite vendu par paquets de trois ; il oubliait tout le jour suivant, pardonnait Þ chacun et souriait silencieusement Þ tout bout de champ. Et quand le Pape a dit qu'il n'Ètait plus humain d'envoyer les gens au diable, le peuple s'est vraiment calmÈ et s'est mis Þ garder ce Dieu jetable dans la table de nuit, Þ cÒtÈ des prÈservatifs. Et vous dites que les gens n'ont pas progressÈ au cours de l'ÈternitÈ qui est passÈe ? Et vous dites que l'ÈternitÈ ne finit pas aujourd'hui ? ècoutez bien maintenant...
       Le plus grand progrÕs a ÈtÈ fait dans la province inhabitÈe quand le chimiste d'un laboratoire inhabitÈ a dÈcouvert l'amour jetable. Ils ont commencÈ Þ fabriquer cet amour dans les paquets de cinq avec le nom : "le Seul Amour". Il devait Étre utilisÈ les plus jeunes et les plus tendres annÈes ; l'industrie a commencÈ la production d'amour jetable pour des adolescents et mÉme pour les enfants les plus jeunes. Bien sØr, le mariage jetable est apparu puis fut mis en vente presque immÈdiatement. Beaucoup de personnes en rÈalitÈ vivent sans cet article inutile et ils vont mÉme acheter l'amour jetable sur l'Internet, car c'est beaucoup plus contemporain, plus propre et plus commode.
       La vie jetable a ÈtÈ vendue dans la province inhabitÈe sous forme de rÈincarnation, par paquets de quinze Þ vingt et les rÈsidants de la province inhabitÈe l'ont utilisÈ indÈpendamment de leur choix de religion jetable. Voyez-vous comment tout cela est commode ? Une soirÈe vous Étes un disciple de Bouddha, le matin suivant, vous suivez le Christ et le jour aprÕs vous faÍtes la circoncision avant de devenir le disciple d'une secte veule.
       Quand on a dÈcouvert l'ÈternitÈ jetable, la province inhabitÈe a d'abord ÈtÈ Ètendue aux dimensions de mon pays puis la terre entiÕre est devenue mon pays. Quand l'univers jetable fut mis en vente, la province inhabitÈe s'est Ètendue Þ la taille de l'univers et encore plus loin, dans d'autres univers qui sont maintenant en vente par paquets de dix.
       L'ÈternitÈ jetable finit chaque jour quand nous la jetons Þ la poubelle Þ la fin de la journÈe avec nos Ámes jetables, nos souvenirs, nos vies, nos carriÕres et la foi. L'ÈternitÈ recommence le lendemain, droite et fraiche, dans son emballage cellophane.
      
      
      

    OÛ Karl Marx avait raison ou tort

      
      
       N
       'importe quelle question concernant la sociÈtÈ humaine peut Étre analysÈe de deux maniÕres : du point de vue individuel et du point de vue de la sociÈtÈ elle-mÉme. D'habitude, quand nous traitons avec des systÕmes organisateurs diffÈrents, nous ne prenons pas en compte les intÈrÉts des unitÈs individuelles qui ont crÈÈ ces systÕmes. Il est dÈgradant d'essayer de respecter ou mÉme d'identifier les besoins individuels des fichiers informatiques sur votre bureau. Nous les crÈons, les sauvons, les modifions et les supprimons en fonction de besoins basics. Il est gÈnÈralement admis que les fichiers informatiques n'ont pas d'individualitÈ et donc ils ne doivent pas Étre autre chose que des fichiers informatiques utiles. Mais qu'en est-il du bÈtail ? Nous ne respectons pas le droit naturel des vaches Þ la vie et nous les abattons, de nouveau sur la base du besoin, bien que, tandis qu'elles sont toujours vivantes, nous faisons de notre mieux pour leur crÈer des conditions de vie les plus avantageuses pour leur croissance et leur bien-Étre en leur fournissant une grange sÕche et en les approvisionnant de nourriture et autres besoins. Dans les deux cas notre approche est entiÕrement utilitariste et basÈe sur un dÈsir de faire ce qui nous est bÈnÈfique.
       Ce n'est pas trÕs diffÈrent de l'auto-organisation des systÕmes comme les fourmiliÕres ou les ruches. Il n'y a aucun bÈnÈficiaire individuel identifiable qui semble tirer avantage des efforts Ènormes des fourmis individuelles et des abeilles pour garantir le fonctionnement optimal de leurs communautÈs. (Les spÈcialistes appellent ce bÈnÈficiaire inexistant : "l'esprit de la ruche".) L'abeille reine n'est pas un monarque dans le sens humain ; elle est juste une usine de vie qui produit la gÈnÈration suivante d'abeilles jusqu'Þ ce qu'elle ne puisse plus le faire, et quand elle devient vieille, les autres abeilles arrÉtent de l'alimenter jusqu'Þ ce qu'elle meurt. C'est encore plus dur dans la sociÈtÈ des termites oÛ, quand l'Èquivalent de la reine des abeilles devient moins productif, ils en choisissent un autre et le vieux est mangÈ ; ce qui n'est pas exactement la faÃon humaine de traiter la redevance.
       Quelques personnes essayent de traiter la sociÈtÈ humaine de la mÉme maniÕre qu'ils cultivent un jardin potager, en essayant de dÈraciner ce qu'ils considÕrent comme de mauvaises herbe et ne cultivent que des carottes, jusqu'Þ la moisson finale qui les amÕne au repas. Cette approche est bonne pour un jardinier mais cela ne peut probablement pas Étre bon pour un homme car, en tant qu'individu, on peut toujours le considÈrer comme une carotte ou mÉme une mauvaise herbe.
       Ignorer le besoin d'analyse d'un point de vue individuel mÕne Þ une situation oÛ nous assumons qu'il y a une sorte niveau de super-carotte, avec lequel nous pouvons gouverner la sociÈtÈ.
       Dans de nombreux cas, nous pouvons avoir des discussions sur 'la super-carotte' ou juste sur des niveaux 'de carotte rÈguliÕre'. Deux adversaires de niveaux diffÈrents ne conviendront jamais de questions sociales parce que l'approche de 'super-carotte' essaye de traiter des gens comme des carottes dans un jardin potager, prenant en compte l'unique avantage de la sociÈtÈ dans son ensemble, et l'approche de la `carotte rÈguliÕre' semble Étre un problÕme uniquement basÈ sur les perspectives de la carotte individuelle. Les deux approches sont incomplÕtes Þ cause des prÈjugÈs.
       La solution pourrait Étre trouvÈe dans un compromis entre ces deux niveaux de considÈration. Le Contrat Social par Jean Jacques Rousseau Èmet des directives pour la crÈation d'un tel compromis entre le gÈnÈral et des intÈrÉts individuels. Malheureusement, dans le monde rÈel 'le gÈnÈral' a beaucoup plus de puissance que n'importe quel individu particulier ou mÉme que la totalitÈ de tous les individus dans la sociÈtÈ. Il est trÕs commun dans des sociÈtÈs dÈmocratiques bien dÈveloppÈes d'avoir seulement deux partis politiques principaux Þ dÈpartager au moment des Èlections nationales. Par exemple, il y a les RÈpublicains et les DÈmocrates aux ètats-Unis ou les LibÈraux et les Conservateurs au Canada. Leurs plates-formes politiques deviennent trÕs semblables au moment des Èlections et la plupart du temps, l'Èlecteur dÈcouvre une situation oÛ il n'a personne pour qui voter parce qu'aucun des partis politiques principaux ne reprÈsente tout Þ fait ses intÈrÉts individuels. Un tel dÈboire, Þ fournir aux Èlecteurs une reprÈsentation juste dans des assemblÈes Èlectives, constitue l'Èchec de la dÈmocratie elle-mÉme.
      
       Quand la sociÈtÈ essaye de rencontrer ses objectifs, elle suit un chemin vers une sociÈtÈ idÈale, telle qu'elle a ÈtÈ prÈsentÈe par les diffÈrents philosophes comme Platon, Campanella, Hegel, Kropotkine, ou mÉme Marx. Dans tous les cas mentionnÈs, de tels philosophes ont une approche des problÕmes organisationnels de la sociÈtÈ conduisant Þ une perspective 'de super-carotte'.
       DÕs que la rÈpublique de Platon fut prÈsentÈe, sont arrivÈs ceux qui ont cru que certaines personnes seraient plus Þ mÉme de conduire les diffÈrents rÒles de la sociÈtÈ. Platon a proposÈ d'Èlire les humains aux caractÈristiques dÈsirables. Le modÕle HÈgÈlien de la sociÈtÈ est basÈ sur ce concept et il ne laisse aucune place aux privilÕges individuels ou aux droits de propriÈtÈs privÈes. Le nazisme et le Communisme Marxiste se sont Þ leur tour basÈs sur de telles idÈes.
       Bien que le Nazisme ait presque disparu depuis longtemps et que le monde ne semble plus bouger dans la direction des Ètats dictatoriaux, les idÈes communistes sont toujours profondÈment implantÈes dans l'esprit du peuple de par le monde. L'idÈe principale est basÈe sur la juste distribution des actifs matÈriels dans la sociÈtÈ. Mais qu'est-ce que c'est au juste ?
       Qu'implique l'idÈe du socialisme/communisme ? Essentiellement, la juste distribution d'avantages matÈriels. Mais que veut dire la “juste” distribution ? C'est un principe qui est basÈ sur une idÈe d'ÈgalitÈ pour tous et c'est profondÈment enracinÈ dans la conscience de tous les Étres humains, ceux-lÞ-mÉmes que nous voyons dans le miroir de la salle de bain, faits de chaire fraÍche et dont, Ètonnamment, nous ne pensons pas Étre faits le reste du temps. Ce qui va mal avec ce fait, c'est la fiertÈ thÈoriquement gÈnÈralisÈe de ce que nous appelons `humain'. C'est le mÉme corps qui a soif pour une juste cause, et c'est lÞ que l'essence du socialisme/communisme peut Étre trouvÈe. C'est bien sØr en contraste avec nos tendances Þ accumuler diffÈrentes choses, quelquefois observÈes chez les Ècureuils, certaines espÕces de singes et bon nombre d'autres animaux.
       L'innovation de l'idÈe que celui qui travaille plus devrait toucher plus, comme dans un modÕle classique de socialisme, n'est vraiment pas nouvelle, puisque dans la nature, le plus fort obtient dÈjÞ la part du lion. Et quelle est la diffÈrence si ce plus fort utilise sa force pour verrouiller un adversaire ou pour extraire le charbon de la terre ? Les deux nÈcessitent de l'Ènergie, et peu importe vers oÛ l'Ènergie est dirigÈe. C'est-Þ-dire que celui qui dÈpense plus d'Ènergie devrait recevoir une plus grande compensation.
       Aujourd'hui, bon nombre des idÈes de Marx semblent dÈbiles, infondÈes et pas naturelles, en particulier ses idÈes sur la sociÈtÈ. Regardons la sociÈtÈ humaine comme l'entitÈ bien organisÈe qu'elle est. Une partie est responsable du control, une partie de la protection. Une partie est responsable de l'alimentation et une autre de l'Èlimination des dÈchets. Toutes ces parts ont une stimulation basÈe sur les rÈactions. Si toutes les parties fonctionnent efficacement, elles sont plus alimentÈes et se dÈveloppent, tandis que si les parties sont inactives, elles sÕchent et s'Èteignent. Marx propose que nous coupions et renoncions Þ une partie de nos organes essentiels, dÈclarant que d'autres organes peuvent facilement accomplir la fonction de telle ou telle partie. Avez-vous essayÈ de penser avec le muscle du ventre au lieu de votre tÉte ? Comment pourriez-vous digÈrer avec les muscles du dos ? Essayez ! Ce que vous obtiendrez, c'est un systÕme vraiment Marxiste pour l'organisation de la sociÈtÈ. Quel organe est le cuisinier de LÈnine et lequel devrait diriger le pays dans notre comparaison au systÕme des organes ? Il y a quelque chose de bon Þ faire pendant votre temps libre...
       J'Èprouve des sentiments contradictoires sur ce sujet bien dÈbattu. Pour moi, cela semble absurde, invÈtÈrÈ, et dÈpassÈ. Et pourtant, je veux aller jusqu'au fond des mensonges de cet homme qui essaye toujours de rÈaliser des parts Ègales partout oÛ cela est possible, cette attitude envieuse envers tout, y compris l'unitÈ. J'estime que je n'ai toujours pas compris cette position et j'y repense encore en lisant la biographie de Marx et autres essais, comme : “Le Manifeste du parti Communiste”. Il est difficile de prendre en compte ces scripts alors que nous sommes si loin de leur contexte historique et qu'ils ont ÈtÈ dÈvaluÈs par les disciples et leurs nombreuses interprÈtations ou perceptions des significations. Bien sØr le fond du problÕme ne se situe pas en Marx, ni dans cette derniÕre tentative de transformer l'heureuse humanitÈ en une terrible machine par laquelle nous pouvons dÈpeindre le vingtiÕme siÕcle qui a inÈvitablement suivi. Si nous dÈpendons autant des gÕnes qui nous imprÕgnent par la sÈlection naturelle et si nous sommes autant similaires aux animaux dans pratiquement tous les aspects, pourquoi les animaux savent quand il y aura un tremblement de terre et pas nous ? Pourquoi avons-nous hÈritÈ uniquement des qualitÈs animales des animaux et non de leur intuition ? Il n'est pas facile d'Étre captif de sa propre espÕce, d'une substance biologique, ou mÉme de cette quatriÕme dimension de l'Univers. Cependant, d'une maniÕre ou d'une autre, nous sommes capables de comprendre le monde dans sa finalitÈ et sa globalitÈ. Quelque part nous avons surpassÈ nos chers animaux.
       Ainsi, agir Èquitablement en ayant la foi dans l'ÈgalitÈ humaine est un fait vraiment antique. Cette derniÕre s'est toujours construite sur les Èpaules des esclaves, mÉme dans heures les plus noires de l'humanitÈ. Cependant, je dirais que les gens se comportent davantage selon les doctrines admises dans la sociÈtÈ d'aujourd'hui. Si l'on accepte dans une sociÈtÈ qu'une de ses parties plÈbÈienne soit la caste la plus faible, l'intouchable, alors de tels Étres, placÈ au mÉme niveau que des esclaves, se sentent comme tels, peu en dÈtresse Þ cet Ègard, et n'Èprouvent pas le besoin de faire des proclamations pour la libertÈ et l'ÈgalitÈ. Bon nombre d'entre eux connaissent leur statu et restent confinÈs dans leur classe. La question de l'intolÈrance au travail ou Þ d'autres endroits est vraiment relative. TrÕs souvent les gens tolÕrent leurs placements et positions tant qu'ils gagnent assez et ont la chance de se reproduire ; cette tolÈrance peut durer plusieurs gÈnÈrations. Au regard du communisme, c'est une infection, infection d'esprit, comme n'importe quelle autre idÈe utopique et destructive. NÈanmoins, toute idÈe est destructive si elle est prise Þ l'extrÉme. Il est peu probable que le Christ et le seigneur Dieu aient appliquÈ un mandat obligatoire du style inquisition dans leur campagne “Tu aimeras ton voisin”.
       Par exemple, l'idÈe moderne de tourner les choses en vain, qui a ÈtÈ utilisÈ pour protÈger les minoritÈs de couleur aux USA, est un excellent exemple de la perversion d'une idÈe prenant des proportions absurdes. C'est confirmÈ par le cÈlÕbre Ècrivain franÃais Michel Houellebecq, appelÈ par Paris Match : “Zarathoustra des classes moyennes”. Il appelle ce phÈnomÕne “l'antiracisme ou plus exactement le racisme anti-blanc”. GÈnÈralement, toute idÈe qui entre de force dans une sociÈtÈ a tendance Þ Étre pervertie. Le problÕme se situe dans le fait que nous regardons chaque phÈnomÕne de maniÕre biaisÈe, au sommet de son dÈveloppement et sophistication.
       Il fut un temps oÛ je voyais le communisme comme artificiel. Lors du premier cours d'un institut soviÈtique rÈsiduel, j'ai Ècrit un travail sur le communisme dans un kibboutz comme un exemple du succÕs du communisme en gÈnÈral. J'ai expliquÈ ce succÕs avec rien d'autre que les principes communistes soient inhÈrent pour seulement 3% de la population rÈguliÕre (En IsraÊl, c'est le pourcentage de la population qui vit dans un kibboutz). L'intrusion de ce mode de fonctionnement dans la vie du reste de la population (les 97% restant) est vraiment artificiel, et c'est ce qui mÕne au cauchemar que nous avons observÈ en notre mÕre patrie socialiste. J'ai peur d'avoir tort. Comme mon expÈrience me l'a rÈvÈlÈ, les gens sont tous communistes au plus profond de leur Áme, soit ils ont ÈtÈ mal ÈduquÈs, soit leur type d'intelligence est trop similaire.
       Il y a une contradiction trÕs profonde dans le fait que tous les gens soient Ègaux. Quelle que soit la sociÈtÈ que vous puissiez prendre, mÉme la plus humaine, il y a toujours une Èvaluation des membres, que ce soit du bon ou du mauvais cÒtÈ, en diffÈrents groupes, avec diffÈrents salaires et rÈcompenses, diffÈrents niveaux d'Èvaluation, avec l'Èloge ou la punition variant en consÈquences. Quand les gens sont considÈrÈs Ègaux, il n'y a plus aucune hiÈrarchie et aucun systÕme ne fonctionne. Ce n'est pas important si les gens sont diffÈrents en termes de naissance ou par dÈfinition sociale ; l'inÈgalitÈ est obligatoire pour le bon fonctionnement de n'importe quel systÕme. Il doit y avoir les deux partie ; le directeur et l'employÈ, le donneur et le preneur, le punisseur et le puni, ceux qui rÈcompensent et ceux qui subissent.
       Le dispositif fondamental d'une sociÈtÈ se construit sur l'inÈgalitÈ tandis que sous des proclamations officielles d'ÈgalitÈ, la plus grande partie de la population se fait totalement abuser. La majoritÈ du peuple ne connait pas sa place. Je ne veux pas dire que je suis quelque part meilleur que les autres, et je ne rÈclame aucunement un systÕme fasciste-platonisme dispensÈ sous forme de castes. Mais analysez votre situation. Personne ne connait sa place. Le potentiel illimitÈ et les contes sur une pseudo-ÈgalitÈ crÈent des espÈrances irrÈalistes dans la majoritÈ du peuple. En attendant, si les statistiques rigoureuses indiquent clairement que les chances de l'individu `A' sont au niveau le plus ÈlevÈ, celles de `B' sont presque Ègales Þ zÈro. Pourtant la propagande sociale, l'Èducation, et la culture de masse forcent l'individu `B' Þ essayer d'obtenir un statu similaire Þ celui de l'individu `A', malgrÈ le fait que ce soit pratiquement impossible Þ rÈaliser. Et quel est le rÈsultat final ? Un formidable dysfonctionnement gÈnÈral dans la vie et les accomplissements des individus. Ne pas connaitre sa place dans la sociÈtÈ mÕne Þ l'insatisfaction constante avec soi-mÉme, son travail, sa maison et son potentiel financier. Cette situation est trÕs exemplifiÈe dans la sociÈtÈ contemporaine dÈveloppÈe.
       De lÞ vient le mÈcontentement gÈnÈral concernant les occupations de chacun. Partout le peuple a l'impression que son mÈtier est une punition. Sauf peut-Étre pour ceux qui n'ont pas un travail stressant, de nombreuses personnes souffrent d'ennui et de mÈcontentement dans leur position. Le travail est considÈrÈ comme un aspect nÈgatif de la vie. Et donc, la vÈritable question ne se situe pas dans les conditions de travail, ni dans la taille du chÕque ou dans la durÈe de la semaine, mais plutÒt comment, en termes psychologiques, une personne perÃoit son travail. Dans son livre Candide, Voltaire conclut qu'un travail pÈnible est la seule maniÕre de survivre Þ la mÈlancolie et l'ennui dans la vie et il ajoute avec cette phrase merveilleuse : “il faut cultiver notre jardin”. Dans La TroisiÕme Vague, Alvin Toffler note que de plus en plus, les gens prÈfÕrent travailler pour leur domicile plutÒt qu'appeler un spÈcialiste. Et il y a maintenant de plus en plus les ouvriers habiles au bricolage. Toffler explique cela par des raisons Èconomiques : c'est une tentative de sauvegarde du patrimoine financier. Il est aussi possible que cette tendance rÈsulte du mÈcontentement des gens dans leur travail, et c'est donc une maniÕre de combler un manque de bonheur en travaillant pour soi, dans son jardin, ou dans les combles pour ajouter une piÕce supplÈmentaire.
       La sociÈtÈ contemporaine, ayant dÈclarÈ l'ÈgalitÈ des personnes, ce qui est une monstrueuse utopie, a formÈ une sociÈtÈ d'individus qui ont perdu leur vraie orientation. Ils ne connaissent pas leur place et leur but et ne savent plus dans quel jardin il vaut mieux cultiver.
       Obtenir l'ÈgalitÈ, est-il un phÈnomÕne naturel dans la population ?
       Je dirais qu'il y en a peu chez l'homme placÈ lÞ par la nature. Les humains diffÕrent des animaux en cela, en rÕgle gÈnÈrale, ils agissent contre les rÕgles. La plupart des animaux sont facilement prÈvisibles car ils agissent en fonction de leurs besoins naturels. Les humains sont naturellement encore plus prÈvisibles, agissent la plupart du temps contre leurs besoins naturels.
       Un humain est une ardoise propre sur laquelle la sociÈtÈ peut imprimer de nombreuses caractÈristiques, dictant sa position et la place d'oÛ son comportement jaillira, en conformitÈ avec les intentions de la sociÈtÈ ou comme une protestation contre elles. Mais cela se produit toujours sur un mÉme plan. Ce sont ces impÈratifs, dictÈs par la sociÈtÈ, qui font les actions humaines d'une maniÕre ou d'une autre. Ainsi, les impÈratifs des sociÈtÈs oÛ la dÈtermination Ètait ÈlevÈe, comme les systÕmes de caste en Inde ou l'ancienne ègypte, incitent la psychologie humaine Þ se dÈvelopper en accord avec une telle sÈgrÈgation. Le fait que nous pensions qu'un systÕme de caste soit archaÎque ne signifie en aucun cas qu'il soit vraiment archaÎque. Cela veut simplement dire que notre psychologie, imposÈe par la sociÈtÈ contemporaine, fait campagne pour une ÈgalitÈ imaginaire et contre la sÈgrÈgation, bien qu'elle ait presque la mÉme sÈgrÈgation que la sociÈtÈ la plus isolÈe de l'utopie d'Orwell. Une sociÈtÈ qui se construit sur des mensonges concernant les capacitÈs illimitÈes de chaque individu sera inÈvitablement en conflit avec une sÈgrÈgation rÈelle et le manque pratique de ce potentiel. Une telle sociÈtÈ n'est nullement la meilleure solution pour le bonheur des humains, bien qu'il soit tout Þ fait possible d'augmenter les besoins et de soulever l'espÈrance de la population, comme augmenter le marchÈ capitaliste. Et il n'est nul besoin d'affirmer cela si les peuples de la sociÈtÈ occidentale font bien vÉtus et ne meurent pas de faim, ce qui est la preuve dÈfinitive que c'est la meilleure forme possible de coexistence humaine.
       Comment l'AmÈrique a-t-elle rÈsolu le problÕme du bonheur de ses sujets ? TrÕs simplement en utilisant la formule standard : “Tout va bien !” Tout le monde est souriant et “ Tout va bien !” Et le peuple s'exclame en retour : Je dis que tout va bien, cela veut dire que tout va vraiment bien ! C'est pourquoi, selon les donnÈes publiÈes en 2005 dans Time magazine, dans l'article consacrÈ au bonheur, 80% des AmÈricains dÈclarent qu'ils sont heureux.
       Retournons Þ Karl Marx. Marx n'a jamais du tout pris en considÈration les rÕgles des entrepreneurs capitalistes. En lisant le neuviÕme chapitre du premier volume de Das Capital, il est stupÈfiant de voir qu'il refuse d'admettre qu'un entrepreneur est aussi un Étre humain, avec ses propres motivations et actions. OK, il ne sera pas le premier Þ se coltiner dix heures dans un moulin, mais ses actions doivent Étre Ègalement motivÈes et compensÈes. Une telle Ètroitesse de vue est sidÈrante. La comparaison d'une valeur de travail au surplus de salaire Ètant pour lui nÈgligeable, sa conclusion est que 100% des exploitations sont pitoyable et infondÈes. En outre, toutes les choses vont ensemble, les difficultÈs d'emploi de nos jeunes ouvriers conditionnent s'ils sont prÉts Þ travailler une heure de plus.
       Tout cela tombe Þ l'eau !
       þ l'origine, l'intÈrÉt basique du capitalisme est la distribution Ègalitaire du capital Þ toute la population, qui crÈe une sorte de fiable et colossal marchÈ commun. Maintenant si un seul petit groupe de gens obtient la richesse, laissant le reste de la population dans la pauvretÈ, le capitalisme ne peut pas continuer d'exister car les pauvres ne seront pas capables de consommer et il n'y aura plus assez de gens riches. Je prends en exemple la rÈvolution franÃaise, avec la libertÈ, l'ÈgalitÈ et la fraternitÈ, qui a semÈ les bases d'une jeune forme de capitalisme en crÈant des conditions Ègalitaires pour le peuple en augmentant les marchÈs porteurs.
       Marx a dÈfini le travail en termes absolus et proclamÈ qu'il Ètait une “substance sociale”, ajoutant que tout travail est productif. Je n'ai jamais trouvÈ cette maniÕre de penser parmi les simples ouvriers dans diffÈrents continents. Toutes les fois que j'ai tentÈ de mesurer la productivitÈ du travail d'un employÈ particulier et mÉme les dommages qu'il pouvait causer Þ son travail, que ce soit en IsraÊl ou au Canada, j'ai toujours obtenu la mÉme rÈponse : “Mais j'Ètais au travail !” Cette rÈponse Ètait entendue dans diffÈrents langages et parfois en termes brutaux, comme : “Mais j'ai travaillÈ 8 p... d'heures !” Aucune de mes tentatives pour expliquer qu'il aurait mieux valu que l'employÈ reste Þ la maison plutÒt qu'effectuer ce travail, n'a eu le moindre effet. Pas que je refuserais de payer un tel ouvrier ; ce n'Ètait pas le but. La lÈgislation de tous les pays dÈveloppÈs impose une rÈmunÈration pour le travail sans Ègard aux rÈsultats. Non, le but Ètait simplement de faire une critique du travail, pour lequel j'ai invariablement reÃu la rÈponse : “Mais j'Ètais au travail !” Et c'Ètait au Canada, un pays qui ne semble pourtant pas profondÈment touchÈ par la mentalitÈ socialiste.
       Voir de travail en termes absolus Ètait la principale erreur de Marx, quoique pas seulement la sienne. Monter le travail en termes absolus et crÈer dessus les bases thÈoriques des valeurs du surplus signifiait tout simplement se “trifouiller la figure”, comme ajouter des tasses aux briques. En outre, en utilisant la division d'Adam Smith, Marx a crÈÈ les thÈories des classes Èconomiques, l'expropriation de la bourgeoisie et la dictature du prolÈtariat. Ces thÈories Ètaient gÈnÈralement violentes et menaient Þ la rÈvolution prolÈtaire.
       Une autre conclusion, qui est assez logique du point de vue de la thÈorie Marxiste du Travail en termes absolus, mais absurde du point de vue du bon sens, c'est : “La terre ne vaut rien parce qu'elle n'a pas ÈtÈ crÈÈe par le travail !”
      
       Il est difficile de dire si Marx comptait sur les applications de ses thÈories, comme Þ la fin de sa vie oÛ il les a rÈellement dÈsavouÈes. C'Ètait Èvident dans les derniÕres lignes du quatriÕme volume de Das Capital :
       “La base de la valeur absolue du surplus, est la condition rÈelle de son existence, c'est la fertilitÈ naturelle de la terre et de la nature, tandis que la valeur relative du surplus est basÈe sur le dÈveloppement des forces de productions sociales.”
       NÈanmoins, les Bolcheviks russes, qui apparemment n'ont pas encore fini de lire Marx, ont eu le temps de couler avant de commencer la moindre rÈvolution. Tout ce qui a ÈtÈ crÈÈ en Russie (et la fin de l'URSS) depuis 1917, exceptÈ la NEP, Ètait la base de thÈories Marxistes. Staline, le “Chef du Peuple”, s'avÈrait Étre un disciple extrÉmement ardent de Marx. Les armÈes industrielles qui Ètaient prÈdites par Marx ont ÈtÈ apportÈes Þ la vie par Staline dans les fermes collectives et les camps de concentration oÛ “la valeur du surplus” Ètait claustrÈe par des muscle humains. Une des plus importantes manifestations de la dictature du prolÈtariat Ètait la collectivisation de l'agriculture. La violence a ÈtÈ mise en application par les organes rÈgressifs et punitifs de l'ètat, dÈformÈ et gonflÈ, qui ne projetait nullement de mourir comme Marx l'avait supposÈ. DerriÕre le rideau de fer, se couvrant hypocritement derriÕre " le futur lumineux du communisme, " la conduite soviÈtique a isolÈ le peuple dans " la valeur du surplus ". Le vingtiÕme siÕcle s'est avÈrÈ Étre aussi empÉtrÈ dans ses barbelÈs que Marx l'Ètait dans ses propres pensÈes. Cette terrible expÈrience aurait pu continuer bien longtemps si la MÕre Nature n'Ètait pas montÈe au crÈneau.
       J'ai trouvÈ de nombreuses rÈfÈrences Þ Adam Smith dans les travaux de Marx. Marx, aprÕs tout, est vu comme quelqu'un ayant basÈ ses thÈories sur des Èconomistes classiques. Il est important de comprendre les circonstances du temps oÛ certaines idÈes et concepts montent. Plus le nombre de faits pris en considÈration est grand, plus probable est l'Èmergence de nouvelles idÈes. Les idÈes dÈtachÈes de leur contexte historique sont invariablement faussement interprÈtÈes. Adam Smith avait une vue sur le fÈodalisme que toute personne de son temps aurait pu avoir, quand l'esprit du fÈodalisme planait au-dessus de l'Europe et n'Ètait pas aussi dur Þ imaginer que comme il le fut du temps de Karl Marx, et il en est de mÉme en notre temps.
       Dans son chapitre sur la monnaie, Adam Smith dÈclare, par ailleurs, que quoi qu'il arrive nous sommes tous des marchands : “Chaque homme vit sa vie par l'Èchange, ou devient dans une certaine mesure un nÈgociant, et la sociÈtÈ elle-mÉme grandit pour devenir ce qui est correctement appelÈ une sociÈtÈ commerciale.” Toute personne aujourd'hui vit en Èchangeant des biens, et du temps d'Adam Smith, chacun vivait aussi en Èchangeant, ce qui veut donc dire que tout le monde est un marchand en puissance. Si cette comprÈhension du bÈnÈfice, du gain, et de la magie de l'ÈgalitÈ des Èchanges avait pris de bonnes racines dans la population, il est possible que nous n'aurions pas connu les horreurs qui ont secouÈ le monde au cours de ces trois derniÕres centaines d'annÈes. L'Èchange est la plus grande proclamation de la libertÈ humaine. Ce n'est pas juste une thÈorie vide de sens ou un tour de passe-passe bon marchÈ, mais quelque chose de dÈfini, prouvÈ et juste. Quand quelqu'un vient vers vous pour faire un Èchange, il ne vient par vous tuer, vous voler ou faire de vous un esclave. Je ne sais pas si les animaux possÕdent un concept de l'Èchange ; en tout cas, je n'y ai jamais prÉtÈ attention. Les animaux peuvent partager ou nous en donner un morceau. Oui, vous pouvez trouver des avantages mutuels parmi les singes : vous me gratter le dos ; je gratterai le vÒtre. En gÈnÈral, ceux-ci ont donc Ègalement des penchants pour une culture d'Èchange.
       Le communisme rejette l'Èchange. Il viole ce fil mince de libertÈ, de chacun selon sa capacitÈ, Þ chacun selon ses besoins. Et assurer les besoins ne vient jamais gonfler le train de la modestie. Il viole aussi la division du travail : allant pÉcher le matin, dirigeant le pays le soir. L'Èchange est la seule garantie de la libertÈ humaine. Tandis que les gens Èchangent avec vous, librement et sans pression, vous Étes acceptÈ comme un Ègal, un associÈ aux nÈgociations. C'est un Èchange digne et pas une question vous imposer de force, ou par quelqu'un vous ignorant. Si le sentiment d'Étre un marchand nous Ètait incrustÈ par le lait maternel et avec l'Èducation, plutÒt que des gens essayant, par de mauvaises idÈes, de manier la carotte et le bÁton, il n'y aurait plus de place dans notre vie pour des idÈes communistes idiotes. Le communisme n'est rien de plus qu'une lutte pour obtenir un dÈjeuner gratuit, un sacrilÕge, une surconsommation gratuite, sous laquelle il n'y a et ne peut pas y avoir d'Èchange. La partie fondamentale de la thÈorie de Marx, qui justifie la nature de valeur du surplus, "la pierre angulaire" de cette thÈorie Èconomique comme LÈnine l'a expliquÈe, est fausse. Le fait est que les seuls remerciements pour la qualitÈ de vie vont Þ l'Ènergie solaire. Comme la connaissance de la photosynthÕse n'existait pas encore, Marx ne pouvait pas comprendre cela, par consÈquent, il n'y avait aucun concept sur le rÒle de l'Ènergie solaire dans les vies de l'humanitÈ Þ ce moment-lÞ. Nous comprenons maintenant que le flux de l'Ènergie solaire sur la terre, et son assimilation par la photosynthÕse dans les plantes, est en effet le principe fondamental de la vie. AssimilÈe par les plantes, cette Ènergie devient nourriture, elle est consommÈe par les gens et dans l'essence, c'est une valeur vÈritable. En consÈquence, nous ne devrions pas commencer par le travail, mais par l'Ènergie qui rend ce travail possible ! La loi de l'Èconomie d'Ènergie et la conversion d'Ènergie est ce qui nous amÕne Þ cette considÈration. Avant d'aller travailler, un homme doit prendre son petit dÈjeuner, puis, un peu plus tard son dÈjeuner. Comme un homme s'alimente, il prend la quantitÈ appropriÈe d'Ènergie solaire qui est ensuite dÈpensÈe dans le travail. En un mot, comme de voir le travail en termes absolus, nous avons besoin de voir l'Ènergie cosmique comme une valeur qui nourrit le travail des humains en termes absolus. Nous pouvons considÈrer que l'homme est l'Ègal d'une machine (et il n'y a lÞ aucun pÈchÈ), puisque dans notre vie nous sommes les transformateurs de l'Ènergie solaire. Ainsi, un Étre humain ne peut pas vivre sans consommer une partie de l'Ènergie solaire de temps en temps. C'est par lÞ que la valeur nait. Et comment cela arrive-t-il ? Voyons comment les choses se passent : au printemps nous plantons un grain de maÎs. þ l'automne une tige apparait sur laquelle il n'y a pas un grain, mais cent ! Adam Smith, et Marx aprÕs lui, cultivent la mÉme faÃon de travailler. Mais ont-ils raison d'agir ainsi ? En partie seulement. Naturellement, un certain volume de la moisson vient du travail, mais en aucun cas l'ensemble. Cela va sans dire que mieux nous irons jusqu'au champ, plus de soin nous prendrons des plantes, plus nous rÈussirons. Supposons que la contribution du travail est de 40%. Qu'en est-il des 60% restants, ne viennent-ils pas du travail ? Non, les 60% ne viennent pas du travail ; c'est un cadeau de la nature. Et finalement, ce n'est pas l'homme qui a crÈÈ la tige de maÎs ! En consÈquence, c'est comme la montÈe des valeurs du surplus. La valeur du surplus absolu, c'est cette partie de la moisson que le paysan prend pour la commercialiser. Les villes peuvent remercier la valeur du surplus absolu puisque c'est grÁce Þ cela que la civilisation se dÈveloppe dans son ensemble.
       Laissez-nous imaginer maintenant que le paysan a consommÈ entiÕrement la moisson cultivÈe. Il a travaillÈ puis a consommÈ le fruit de son travail, laissant juste assez pour l'ensemencement et pour sa nourriture annuelle jusqu'Þ la moisson suivante. Il ne lui reste rien pour la vente. Comment, dans ce cas, l'industrie fonctionnera-t-elle, comment la ville prospÈrera-t-elle ainsi que la fonction gouvernementale ? Maintenant il est clair que tout commence par une graine et un champ ; mais voici oÛ la valeur du surplus est nÈe. Alors il acquerra d'autres formes de commerce : des bien industriels, l'argent, etc... mais nous devrions chercher les origines du problÕme ici, dans le champ.
       Alors oÛ Karl Marx avait-il tort ? C'Ètait dans son approche trop simplifiÈe de l'Èconomie, son analyse peu profonde, superficielle, basÈe sur de mauvaises relations de travail, c'est-Þ-dire les moyens de production et les motivations des entrepreneurs. Selon Marx, le capital existe comme s'il Ètait tombÈ du ciel quelque part pour l'entrepreneur, avec ses intÈrÉts, ses risques et ses motivations, qui sont ignorÈes comme s'il Ètait prÉt Þ faire face devant un peloton d'exÈcution. Tout est entassÈ dans une pile et exprimÈ dans un style poÈtique, comme c'Ètait parfois le cas avec Nietzsche.
       Alors, oÛ Marx avait-il raison ? Bien sØr, vous ne pouvez pas maintenir le peuple dans des conditions inhumaines, l'alimenter pauvrement, le faire travailler 16 heures par jour et le payer presque rien. C'est mauvais pour tout le monde. NÈanmoins, pour les 150 derniÕres annÈes les sociÈtÈs capitalistes ont dÈveloppÈ des systÕmes sociaux oÛ chacun peut en faire un peu plus avant de parler de saturation ou du fait qu'ils produisent des parasites et dÈtruisent la sociÈtÈ.
       Lors qui Ètait ce Karl Marx ? Depuis longtemps il a ÈtÈ considÈrÈ comme une figure en grande partie symbolique, c'est comme s'il Ètait dÈtachÈ de la rÈalitÈ en termes physiques et temporels tandis que ses idÈes explosives, tant fatales pour des millions de gens, Ètaient crÈÈes.
       Qu'aimaient donc les gens dans les idÈes conduites par Marx ? La passion ! Et la passion est rarement capable de voir directement. Karl Marx est Þ peine un Èconomiste en essence, et un philosophe trÕs fortement suspect. En empilant tout dans un gros tas, la philosophie et l'Èconomie, la littÈrature et la politique, Marx n'accorde pas de classification standard.
      
      
      

    RÈflexion et RÈalisation :
    Le ProgrÕs de notre èvolution

      
      
       L
       'univers ne maintient pas de frontiÕres rigides entre la vie et la matiÕre inanimÈe. Nous pouvons tracer le destin de chaque atome dans notre organisme du moment de sa crÈation jusqu'Þ la crÈation d'Ètoiles, comme un rÈsultat de l'Èvolution de l'univers au travers d'accumulations graduelles d'ÈlÈments encore plus lourds et par consÈquent plus complexes. Ces ÈlÈments sont crÈÈs par la formation de conglomÈrations de plus en plus complexes de la matiÕre, chacun avec ses propres propriÈtÈs. Ces accumulations n'existent pas indÈpendamment les unes des autres, mais coexistent comme une part de la mÉme entitÈ. Essentiellement, la complexitÈ conduit le mouvement de cette Èvolution des systÕmes et des organisations de la matiÕre que nous sommes capables d'Ètudier. Si nous les humains Ètions comparÈs aux autres renÈgats de notre galaxie, comme les Ètoiles ou les planÕtes, nous en viendrions Þ la conclusion que nous sommes diminuÈs et insignifiants dans le grand schÈma de l'univers. Il serait similaire de comparer un four Þ charbon de bois avec le microcircuit d'un ordinateur.
       La divergence dans l'utilisation des ressources ÈnergÈtiques et la satisfaction des besoins repose uniquement sur le fait basique que la complexitÈ d'un systÕme est l'inabordable standard de l'Èvolution hiÈrarchique. La vie, comme nous le savons, a dÈcouvert les faÃons uniques de faire face Þ l'entropie inÈvitable de l'univers (la dispersion de l'Ènergie dans l'espace). Les formes de vie de la matiÕre ne rÈsistent pas Þ l'entropie. Ce sont des systÕmes ouverts qui sont des facettes importantes dans leur organisation, qui constituent leurs ÈlÈments composants, et qui peuvent Étre constamment substituÈs. NÈanmoins, notre comprÈhension de l'univers a ÈtÈ en progression graduelle et elle est inÈvitablement liÈe Þ notre Èvolution.
       Nous sommes amenÈs Þ comprendre le processus de l'Èvolution qui est constituÈ de trois phases distinctes. Tout d'abord, il y a tout simplement la matiÕre, qui est l'aspect physique non-vivant de l'univers, constituÈ d'atomes, de molÈcules et autres particules, sous forme d'Ètoiles, de galaxies et tous les objets que nous voyons autour de nous. Les systÕmes vivants constituent la seconde phase de l'Èvolution ; ils sont structurÈs comme des systÕmes ouverts qui interagissent constamment avec leur environnement et les lois physiques de notre monde. Simplement exposÈes, toutes les entitÈs vivantes acceptent et reÃoivent l'Ènergie dans ce type de systÕme. Cette seconde phase se distingue de la matiÕre inanimÈe car il n'y a pas de collaboration ou d'interaction avec l'environnement dans lequel elles rÈsident. Comme tel, un systÕme ouvert n'est pas liÈ par les limitations de prÈsence physique, parce que le concept d'un systÕme ouvert est une idÈe qui ne compte pas sur la matiÕre. Donc, dans notre comprÈhension, il serait possible de recrÈer ailleurs dans la galaxie un animal qui existe sur notre planÕte, car l'animal est constituÈ des mÉmes atomes que son environnement et il profite des flux rÈciproques d'Ènergie par des interactions constantes. Cela diffÕre de la premiÕre phase de l'Èvolution, car recrÈer un objet inanimÈ dans une autre partie de la galaxie exigerait un dÈplacement physique Þ cet endroit, puisqu'il existe comme un system fermÈ dont dÈpend la matiÕre physique.
      
       La troisiÕme phase de l'Èvolution occupe une place plus thÈorique dans nos pensÈes. L'existence humaine tient compte de la contemplation et de la rÈalisation des idÈes et des concepts. Cependant, c'est notre intelligence qui nous permet de comprendre que les idÈes ont existÈ longtemps avant notre capacitÈ pour reconnaÍtre et comprendre leur existence. Comme tel, les idÈes sont indÈpendantes de la matiÕre physique et existent simplement comme des concepts dans nos esprits, comme l'amour. L'amour paraÍt Étre d'un intÈrÉt sincÕre dans n'importe quel objet ou phÈnomÕne. Il constitue aussi la rÈflexion d'un objet ou d'un phÈnomÕne. Il est possible de dÈfinir l'amour comme Ètant la reconnaissance de la valeur la plus haute de l'objet reflÈtÈ, en apprÈciation de son unicitÈ. On connaÍt la simple rÈflexion dans la nature inanimÈe. Cependant, on ne peut pas dire que la douceur de la surface d'un lac, qui reflÕte la lumiÕre d'une Ètoile, aime cette lumiÕre ou tombe amoureuse de cette Ètoile. C'est probablement appropriÈ pour la poÈsie, mais pas dans notre considÈration prÈsente. Ainsi, l'amour est en soi liÈ par le processus de la rÈalisation consciente.
      
       La rÈalisation est une sÈrie complexe d'ÈvÈnements par lesquels l'absorption de l'objet ou du phÈnomÕne passe Þ l'Ètat inconscient selon un acte de mÈditation et l'introspection. Le concept de l'amour n'implique pas nÈcessairement un contact tangible avec un objet donnÈ. Comme tel, il faudrait que l'objet n'ait pas besoin d'exister en termes physiques, car l'amour n'est pas liÈ selon le concept de la matiÕre physique. Cela lui suffit. L'amour c'est un moyen, un souvenir, un pressentiment ou simplement une idÈe. L'amour que l'on peut Èprouver en ce qui concerne les objets de la vie quotidienne est seulement un aspect partiel de ce phÈnomÕne auquel nous accordons le nom d'amour. L'amour est une dÈsignation unique que nous, en tant qu'humain, pouvons accorder sur des idÈes parce que nous reflÈtons l'univers par la rÈalisation et l'amour. Cette capacitÈ ÈlÕve notre unicitÈ dans l'univers, parce que nous sommes les seules crÈatures vivantes connues capables d'exÈcuter de telles tÁches. C'est seulement par la rÈflexion que nous sommes capables de comprendre leur existence et c'est pourquoi les gens ont atteint le pinacle du processus Èvolutionnaire. Le genre humain a la capacitÈ de manipuler et transfÈrer ces idÈes et ces images, mais pas dans le mode d'un systÕme de vie, parce qu'une idÈe ne compte pas sur son environnement ou les limitations physiques qu'elle impose.
      
       L'Èvolution comme nous la comprenons, c'est une progression vers le dÈveloppement de systÕmes plus complexes et plus ÈlaborÈs qui peuvent Étre compris par la rÈflexion, mais elle n'est pas limitÈe Þ la progression humaine. De mÉme que nous occupons le pinacle de l'Èvolution des espÕces, nous sommes naturellement inclinÈs Þ crÈer l'Èvolution de nos propres systÕmes. Donc, la quatriÕme phase de l'Èvolution c'est le systÕme fermÈ ou virtuel. Un systÕme virtuel fermÈ peut Étre compris comme une intelligence artificielle ou un monde qui n'est pas liÈ par nos Èvolutions limitÈes. NÈanmoins, le monde virtuel peut Étre basÈ sur nos lois physiques et nos principes. Ainsi, un systÕme virtuel a la capacitÈ d'Étre Èchangeable avec une autre forme de matiÕre s'il admet ces principes. Par exemple Étre capable de fermer un fichier informatique. DÕs que le fichier est fermÈ, il semble obÈir aux lois de la gravitÈ et il tombe. Dans ce cas nous pouvons voir les humains imposer leurs propres limitations dans un systÕme qui n'a pas besoin d'observer les mÉmes rÕgles. D'ailleurs, nous devons prendre en considÈration le fait que cette rÈalitÈ virtuelle englobe une plus large bande que prÈcÈdemment entrevu. Car plus les gens progressent, plus la bande et la complexitÈ du monde virtuel est importante. AprÕs avoir crÈÈ l'homme, l'univers lui-mÉme s'est dÈveloppÈ et c'est seulement maintenant que l'on peut dire qu'il est vraiment conÃu.
       La crÈation humaine, comme un ordinateur, reprÈsente une autre forme d'organisation du matÈriel dans notre univers. Chaque chose, autant vivante qu'inerte, est conÃue d'atomes et de molÈcules qui ont ÈtÈ formÈs depuis la crÈation de l'univers. Et cette crÈation commence Þ former le nouvel univers que nous comprenons, dans lequel la matiÕre premiÕre et l'Ènergie sont symboliques, comme le code binaire que nous avons nous-mÉmes crÈÈ. Cet univers nouvellement dÈveloppÈ n'est pas subordonnÈ Þ nos lois de physique, thermodynamiques, ou mÉme logiques. Dedans il n'y a ni problÕme, ni limitation aux taux et au flux de temps, comme c'est le cas avec la rÈalitÈ virtuelle oÛ nous sommes capables de modeler et crÈer n'importe quel monde que nous dÈsirons. Bien que les rÈalitÈs que nous crÈons peuvent ressembler aux nÒtres, leurs existence est simplement un sous-produit de notre propre Èvolution. Par exemple, nos besoins d'ordinateurs. GÈnÈralement, je prÈfÕre ne pas utiliser le terme "autre univers". Si nous, par rapport au mot "univers", indiquons que tous les objets possibles existent dans un univers mais pas dans un autre, alors cette dÈfinition peut facilement Étre rejetÈe par ceux qui approuvent les idÈaux de la divinitÈ, car comment et pourquoi un univers pourrait-il Étre une suite logique plus qu'un autre ?
      
       En matiÕre de dÈfinition, l'univers incarne toutes les choses, car il n'est pas confinÈ dans des frontiÕres comme nous l'imaginons. S'arrÉtant Þ cela, il est prudent de reconnaÍtre que les systÕmes de croyance fondÈs sur la religion et l'idÈe de Dieu nÈcessitent toutes ces choses, y compris l'univers lui-mÉme, et sont une part de Dieu, car Dieu englobe tout, et de lÞ, rien n'est hors de portÈe de Dieu.
      
       Si Dieu englobe tout, il ne peut pas y avoir des parties de l'univers qui excÕdent la portÈe de Dieu. En combinant ces deux concepts, Dieu et l'univers, nous pouvons dire que l'Èvolution de leur comprÈhension et intelligence a menÈ Þ l'apparition d'une nouvelle forme d'existence. C'est une existence indÈpendante d'eux-mÉmes, mais aussi de la matiÕre et de l'espace ; et puisque cela contredit nos dÈfinitions prÈcÈdemment Ètablies, il faut ajouter qu'aussitÒt la comprÈhension d'une nouvelle crÈation voit le jour, cela devient immÈdiatement une partie de l'univers qui est en fin de compte tirÈ de Dieu. En outre, notre dÈfinition de l'univers reprÈsente un idÈal absolu, Þ savoir que : tout ce qui peut ou ne peut pas exister, tout ce qui est fait ou pas et tout qui a existÈ, existe vraiment ou existera, est en soi une partie de l'univers.
      
       Laissez-nous maintenant Ètudier le concept connu comme `l'Èvolution', et comment d'autres idÈes et thÈories impactent notre comprÈhension de leur place dans l'univers. Est-il possible de concevoir que l'Èvolution est sÈparÈe du concept du temps ? Il va sans dire que pour un Étre humain ces concepts ne peuvent exister isolÈs les uns des autres et sont en rÈalitÈ liÈs ensemble depuis l'aube de la crÈation. Laissez-nous accepter le temps comme un cas spÈcial de notre perception ou, si vous voulez, un Ètat spÈcial de l'existence qui ne semble pas possÈder n'importe quelle substance et se dÈroule inÈvitablement devant nos yeux. Comment pouvons-nous dÈterminer le temps en respectant notre conception de l'univers ou mÉme de Dieu Þ cet Ègard ?
      
       Qui peut percevoir le temps en respectant notre conception du passÈ, du prÈsent et du futur ? Tout ce qui existe, les formes assez puissantes pour exister en harmonie avec les forces de l'univers, et celles qui ne possÕdent pas encore la capacitÈ de leur rÈsister, est affectÈ par ces idÈes. Bien qu'il puisse Étre dÈbattu que les formes qui ne possÕdent pas la puissance d'exister sont une partie du passÈ, et qu'elles peupleront probablement l'avenir au fil du temps. Ainsi, dans la structure de la dÈfinition de l'univers et de Dieu, se cache le concept de l'Èvolution comme conduit par la canalisation infinie du temps dans une direction que nous ne pouvons pas contrÒler. Puisque nous pouvons seulement penser aux catÈgories de matiÕre qui nous sont accessibles, nous ne pouvons mÉme pas oser dÈclarer que l'univers se dÈveloppe devant nos yeux...
       Lucius Annaeus Seneca, connu simplement sous le nom de Seneca ou Seneca le jeune (ca. 4 BC-AD 65) Ètait un philosophe romain, un homme d'Ètat, dramaturge, et (dans l'un de ses travaux) un humoriste de la littÈrature latine.
       En dÈpit d'Étre un poÕte, Byron Ètait venu pour estimer que l'action Ètait plus importante que la poÈsie. Il a embarquÈ dans un navire, le Hercule, et a naviguÈ en GrÕce pour aider les Grecs qui s'Ètaient levÈs contre l'oppression Ottoman. Byron est mort loin de sa maison, Missolonghi, le 19 avril 1824.
       No1996, Richard Hooker http://www.wsu.edu:8001/~dee/GREECE/PLATO.HTM, 1er septembre 2006.
       http://www.constitution.org/jjr/socon_01.htm#001, 1 septembre 2006.
       Joel R. Primack, Nancy Ellen Abrams., La vue du centre de l'univers : DÈcouvrir notre extraordinaire place incertaine dans le Cosmos, Riverhead Books, New York, 2006.
       Heisenberg, papier d'incertitude, 1927
       Aesop, un esclave, fut interrogÈ par son maÍtre pour trouver une solution Þ un pari qu'il avait fait alors qu'il Ètait soul. Il avait pariÈ qu'il pouvait boire la mer. Aesop trouva la solution en affirmant que son maÍtre pouvait effectivement boire toute l'eau de la mer, mais qu'il fallait d'abord assÈcher les riviÕres, les fleuves et les cascades. Comme cela s'avÈra impossible, son maÍtre ne perdit pas son pari.
       La rÈalitÈ c'est “toute notre expÈriences qui dÈtermine comment les choses vous apparaissent.” http://wordnet.princeton.edu/perl/webwn?s=reality
       http://www.upliftprogram.com/depression_stats.html, 5 octobre 2006.
       http://www.upliftprogram.com/depression_stats.html, 5 octobre 2006.
       “Scripts” au sens biblique.
       Paris Match, No. 2935, p.7.
       E. Toffler, La TroisiÕme Vague. PubliÈ by ÀÑÒ, Ì., 1999, pp. 6-261.
       Karl Marx. Capital : Une analyse critique de production capitaliste, ed. Frederick Engels, trans. Samuel Moore et Edward Aveling (New York : International Publishers, 1939).
       Je m'abstiendrai ici de tracasser le lecteur avec l'arithmÈtique d'Ècolier et une analyse des sommes de Marx dans le modÕle : " Un ouvrier peut produire tant de kilogrammes etc... "
       Adam Smith, La SantÈ des Nations, Modern Library Edition, 1994. Chapitre IV, L'Origine et l'Utilisation des monnaies, p. 24. PremiÕre publication : 1776.
      
      
      
      
      
      
      
      
      

    Bernard Kriger

      

    Les joies du bon sens

      

    146

      

    147

      
      
      
      
      
      
      

  • Îñòàâèòü êîììåíòàðèé
  • © Copyright Êðèãåð Áîðèñ Þðüåâè÷ (krigerbruce@gmail.com)
  • Îáíîâëåíî: 17/02/2009. 199k. Ñòàòèñòèêà.
  • Î÷åðê: Ïðîçà
  •  Âàøà îöåíêà:

    Ñâÿçàòüñÿ ñ ïðîãðàììèñòîì ñàéòà.